Crash d'Egyptair : non, l'Airbus A320 n'était pas en état de voler

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Guillaume Biet et AFP, édité par Grégoire Duhourcau
Selon un rapport d'expertise, l'Airbus A320 d'Egyptair qui s'est écrasé en mai 2016 présentait de nombreux signaux d'alerte dont les pilotes n'ont pas tenu compte, plusieurs jours avant le drame.

Trois ans après la catastrophe aérienne d'Egyptair, le 18 mai 2016, qui avait fait 66 morts, un rapport d'expertise accablant pour la compagnie égyptienne vient d'être versé dans l'enquête française. Commandé par les juges français, ce rapport porte sur la maintenance de l'appareil qui s'était abîmé en mer entre Le Caire et Paris.

De multiples signaux d'alerte ignorés. Selon les conclusions, l'appareil avait émis des messages d'anomalies électriques au cours de ses rotations précédentes. Plusieurs jours avant le drame, cet Airbus A320 d’Egyptair multipliait les signaux d’alerte : des voyants qui s’allument, des alarmes qui retentissent… D'après ce rapport d'experts, les différents pilotes n’en ont pas tenu compte, a révélé Le Parisien mardi. 

Pourtant, cet avion n’aurait pas dû décoller, estime Me Sébastien Busy, qui défend les familles de victimes de ce crash. "Il ne devait pas partir, il ne devait pas quitter Le Caire sans que la maintenance d'Egyptair intervienne pour résoudre les différentes pannes ou dysfonctionnements constatés sur cet avion", explique-t-il sur Europe 1.

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Des doutes "sur le respect même des procédures Airbus pour réparer cet appareil". "Certaines alertes ont été reportées par les pilotes" mais "la plupart" ne l'ont pas été "et celles qui ont fait l'objet d'un signalement ont été traitées de manière incomplète ou partielle", ajoute-t-il. "On doute sur le respect même des procédures Airbus pour réparer cet appareil. Les personnels n'étaient pas informés des dysfonctionnements qu'ils rencontraient et la compagnie a continué de faire effectuer des vols à cet appareil en toute tranquillité, sans se soucier, d'une manière ou d'une autre de la sécurité."

Néanmoins, ce rapport d’enquête se limite à la maintenance de l’appareil et ne porte pas sur les causes du crash. Pour l’Egypte, c’est entendu, la catastrophe est due à un attentat. Une conclusion officielle et définitive à l’opposé du travail des enquêteurs français.

Le BEA perquisitionné. Dans le cadre de cette enquête, le bureau d'enquêtes et analyse (BEA) a été visé par une perquisition, a indiqué mardi l'autorité française chargée de la sécurité de l'aviation civile. Le BEA, dont le siège est situé au Bourget en Seine-Saint-Denis, a confirmé à l'AFP cette perquisition réalisée en septembre et révélée mardi par Le Parisien, sans faire d'autre commentaire.

Selon une source proche du dossier, cette perquisition a été menée par les gendarmes, à la demande des trois juges d'instruction du pôle accidents collectifs du tribunal de Paris. Elle visait à récupérer les données des boîtes noires de l'appareil.