Les professionnels de la culture veulent un calendrier clair de réouverture de leurs établissements.
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Manon Bernard
Une vingtaine de professionnels de la culture ont signé une lettre ouverte pour interpeller le président de la République. Leur but : la mise en place d'un calendrier des possibles réouvertures, à défaut de pouvoir lever le rideau de leurs établissements dès maintenant. L'un des signataires, le directeur général de la Sacem Jean-Noël Tronc, était l'invité d'Europe Midi lundi.
INTERVIEW

"La culture sacrifiée". Ce sont les mots d'une vingtaine de professionnels de la culture dans une lettre ouverte. Un an pile après les premières fermetures des lieux culturels en raison du coronavirus, ils ont interpellé le chef de l'État sur leur situation. Le directeur général de la Sacem (Société des Auteurs, Compositeurs et Éditeurs de Musique), Jean-Noël Tronc, est l'un des signataires. Invité de Patrick Cohen sur Europe 1 ce midi, il explique que les professionnels de la culture souhaitent "un calendrier clair" pour anticiper leurs réouvertures. 

"Un calendrier de visibilité, c'est indispensable pour eux"

C'est une sortie de ce "stop and go répétitif et imprévisible" que ces acteurs de la culture demandent avec cette lettre. "Le défi aujourd'hui est de donner un calendrier qui soit crédible, qui va donc être variable", lance Jean-Noël Tronc, au micro d'Europe 1. "Ce ne sera pas le même type de calendrier selon les établissements, voire selon les parties du territoire", précise-t-il. L'idée serait d'aider "les professionnels qui ont besoin parfois de plusieurs mois pour préparer des réouvertures, ou des lancements comme pour un film. Un calendrier de visibilité, c'est indispensable pour eux", poursuit le directeur général de la Sacem. 

Ce calendrier n'est pas tout à fait à l'ordre du jour selon la ministre de la Culture. Roselyne Bachelot a expliqué dimanche dans une interview au Parisien que son ministère ne prépare pas "un calendrier mais un cadre". Puis elle a ajouté que ce cadre est travaillé "avec les acteurs eux-mêmes, ceux-là mêmes qui nous interpellent aujourd'hui d'ailleurs !" De son côté, Jean-Noël Tronc explique que la lettre est surtout "une initiative d'appui de Roselyne Bachelot". 

Des réouvertures aux États-Unis

Mais ce besoin de dates claires part surtout d'un constat : à l'étranger, notamment au Royaume-Uni ou aux États-Unis, il existe un calendrier de réouverture. À New York, les salles de cinémas vont rouvrir mais avec une jauge limitée à 25% de la salle. Un argument balayé par la ministre de la Culture dans le Parisien. Elle explique que si les cinémas doivent rouvrir à New York, c'est parce qu'ils ne sont pas soutenus par les pouvoirs publics et "ça n'est pas imaginable chez nous !", lance-t-elle. Mais ce que veulent les acteurs de la culture, à défaut d'une réouverture, c'est "un calendrier complet, même si c'est en juin comme les Britanniques. On doit pouvoir faire de même en France", souffle le directeur général de la Sacem. 

Il y a aussi une certaine incompréhension chez les acteurs de la culture qui se nomment parfois les "oubliés" de la crise. Jean-Noël Tronc rappelle qu'aucun cluster n'a été repéré dans ces lieux : "quand on est assis dans une salle avec un masque et une distanciation, les risques d'être contaminé sont bien moindre que dans une bonne partie des lieux qui sont ouverts au public, aujourd'hui en France". Pour lui, les professionnels du secteur sont largement prêts à faire respecter les gestes barrières dans leurs établissements. Ils "ont fait des pas de géant dans la connaissance et la compréhension de ces enjeux", explique-t-il. Avant d'ajouter : "Il faut leur faire confiance".