Costa-Gavras : "En France, on peut faire des films jusqu'au bout"

Ce dimanche, le réalisateur Costa-Gavras est parti en balade dasn els rues de Paris avec Nikos Aliagas.
Ce dimanche, le réalisateur Costa-Gavras est parti en balade dasn els rues de Paris avec Nikos Aliagas.
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Pauline Darvey
Costa-Gavras publie Va où il est impossible d'aller aux éditions du Seuil. Un ouvrage dans lequel le cinéaste retrace son incroyable parcours. Ce dimanche, il est parti en balade dans les rues de Paris avec Nikos Aliagas. 
INTERVIEW

C'était un 5 octobre 1955, à 9h30, gare de Lyon. Un jeune Grec de 22 ans débarquait à Paris, sans le sou, pour fuir la misère économique et sociale de son pays. A 85 ans, Costa-Gavras est devenu le grand cinéaste que l'on connaît.

"Tout peut arriver". Une trajectoire incroyable qu'il raconte dans un livre-mémoires, Va où il est impossible d'aller, publié aux éditions du Seuil. "Ce titre est une réflexion de Níkos Kazantzákis, un grand écrivain grec, qui été banni, excommunié par l’église", explique Costa-Gavras, En balade avec...  Nikos Aliagas dans les rues de Paris, ce dimanche. "C’est l'idée de l’utopie", poursuit le cinéaste. "En Mai 68, on disait 'l’utopie, ce ne sont pas les choses qui ne peuvent pas arriver, ce sont les choses qui ne sont pas encore arrivées'. Je pense que tout peut arriver". 

Il suffit de regarder son parcours pour s'en persuader. Ce dimanche, la balade commence d'ailleurs dans un lieu hautement symbolique pour Costa-Gavras : la cinémathèque française, la "grande maison du cinéma", dont il est le président depuis plusieurs années. 

"Qu'est-ce qu'on fait ?" Parmi les archives conservées dans ce lieu, Crésus, de Jean Giono, avec Fernandel. Le tout premier film sur lequel Costa-Gavras a travaillé. "J'avais 23-24 ans, j'étais deuxième assistant-réalisateur", se souvient-il. De nombreux films suivront, dont dix-neuf en tant que réalisateur.

Un jour, en 1969, Costa Gavras reçoit un coup de fil de son ami écrivain Jorge Semprun. "C'était dimanche matin très tôt", se remémore Costa-Gavras. "Il m'a dit : 'tu as vu ce qui se passe en Grève ? Les militaires ont pris le pouvoir. Qu’est-ce qu'on fait ? Il y avait de pétitions à signer, des sit-in devant ambassade grecque'".

Costa-Gravras a pourtant une autre idée en tête. "Je venais de lire Z de Vasílis Vasilikós", détaille le cinéaste. "J'ai dit à Jorge, 'j'ai ce livre, on peut en faire un film, un peu comme on signe une pétition ou comme on écrit sur le mur : à bas le colonel'". "Il fallait quelque chose contre les militaires", insiste-t-il.

Après la cinémathèque, la balade se poursuit au jardin du Luxembourg. Un lieu familier pour Costa-Gavras. "Je n'habite pas très loin", confie-t-il.Depuis ce jour d'octobre 1955, le réalisateur n'a jamais quitté Paris et la France. Il aurait pu pourtant traverser l'Atlantique et céder aux sirènes d'Hollywood. "J’avais émigré une première fois et je n’avais pas du tout envie d’émigrer une deuxième fois", assure-t-il.

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"On est toujours quelqu'un". Mais Costa-Gavras a aussi su percevoir les pièges du succès fulgurant à l'américaine. "Hollywood, c’est le rêve de tous les metteurs en scène mais c’est aussi peut-être l’enfer", estime-t-il. "Si vous faites des films qui marchent très fort, vous êtes le roi, s’ils ne marchent pas, vous n’êtes plus personne". "En France, vous êtes toujours quelqu’un jusqu’à la fin", se réjouit-il. "Il y en beaucoup qui, peu importe l’âge, peuvent faire des films jusqu’au bout ". A quand le prochain film de Costa-Gavras ?