Depuis 1985, Jean-Marie Gourio publie ses "Brèves de comptoir". 2:41
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Romain David
Jean-Marie Gourio publie le tome 4 de ses "Brèves de Comptoir". Au micro de Philippe Vandel, dans "Culture Médias" sur Europe 1 vendredi, il a estimé que la littérature restait l'un des derniers espaces d'évasion pour les Français confinés.
INTERVIEW

Écrivain et ancien rédacteur en chef adjoint de Charlie Hebdo, Jean-Marie Gourio s’est fait depuis plusieurs années passeur d’une poésie des rues. Il publie le tome 4 de ses Brèves de Comptoir chez Robert Laffont, série entamée en 1985, et avec laquelle il recense les fulgurances et autres pépites que se racontent les gens, accoudés aux comptoirs des bistrots. 

"Ce sont les gens qui vivent dehors, ce sont les gens de l’extérieur, des marchés, d’EDF, des chantiers, les flics, les ambulanciers, tous les gens qui courent un peu partout pour nous sauver en ce moment, des gens qui ont chaud l’été, froid l’hiver, qui ont les doigts courbes", détaille Jean-Marie Gourio au micro de Philippe Vandel, dans Culture Médias sur Europe 1.

Une forme d’hommage donc, "aux gens qui bossent, les travailleurs, le champ des ouvriers, de la classe populaire, c’est Doisneau, Prévert", résume-t-il encore.

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Les Français à l'isolement

La période de confinement que traverse actuellement la France, face à l’épidémie de Covid-19, lui rappelle également combien l’homme reste un animal sociable et a besoin de se retrouver dans les lieux de convivialité que sont les bars et les restaurants. "Là, on se rend compte à quel point les autres sont importants", pointe-t-il. "On voit aussi l’importance des bistrots pour que les gens se retrouvent, et parlent", relève encore Jean-Marie Gourio pour qui, en cette période de cloisonnement, la littérature reste le meilleur moyen de s’évader. "Dans tout ce pays où il n’y a plus de bistrot, il reste un bistrot d’ouvert : le livre !"

Et pourtant, Jean-Marie Gourio a bien failli abandonner la littérature et ses Brèves de comptoir. Profondément marqué par la perte de ses amis après l’attentat de Charlie Hebdo, il estime alors qu’il n’a plus "le droit d’être heureux". "J’ai eu la sensation que cette minute de silence que j’avais faite pour mes amis devait durer éternellement", raconte-t-il. "Je ne pouvais plus aller dans les cafés, car il y avait des écrans télé et pendant une semaine on n’y voyait plus que des brancards. Que des morts, des morts, des morts !", se souvient l’écrivain.