Cinéma : "Personal shopper", "Manchester by the sea" et Star Wars "Rogue one", trois films à l'épreuve des critiques

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A.D.
Chaque dimanche, Mathieu Charrier et Bruno Cras critiquent trois films récents, accompagnés de confrères journalistes. Verdict !

Quel film aller voir cette semaine ? Les deux spécialistes cinéma d'Europe 1, Mathieu Charrier et Bruno Cras, accompagnés cette semaine de Stéphanie Belpeche du Journal du dimanche et de Baptiste Liger de L'Express, livrent leurs impressions sur trois sorties cinéma dans l'émission Un dimanche de cinéma. Sur le gril : Personal shopper d'Olivier Assayas, Manchester by the sea de Kenneth Lonergan et Star Wars : Rogue One de Gareth Edwards.

  • Rogue One : A Star Wars story de Gareth Edwards, en salles depuis le 14 décembre

Le pitch : "Il y a 39 ans sortait Star Wars : Un nouvel espoir. Dans ce film de la saga (l'épisode 4, en fait tourné en premier), on voit la princesse Leia passer dans un couloir et cacher les plans de l'Étoile noire, repaire de l'Empire. On ne savait pas comment ces plans avaient été récupérés. Avec Rogue One, Disney répond à ce mystère puisque le nouveau film explique comment une équipe rebelle a réussi à s'approprier ces plans."

>> L'avis de Stéphanie Belpeche : "J'ai aimé au point de réévaluer (à la baisse) l'épisode 7 de J.J Abrams de l'année dernière. Là, la mise en scène de Gareth Edwards, qui s'était fait un nom dans le monde de la science-fiction avec Monsters et Godzilla, a complètement accaparé l'univers. Il y a à la fois du respect et en même temps il bouscule les codes. C'est hyper-réaliste. On a vraiment l'impression de suivre un reporter de guerre. C'est haletant. Il y a une dimension supplémentaire par rapport à la figure du rebelle - les gentils de l'histoire - qui sont montrés comme des terroristes puisque le pouvoir en place est l'Empire."

>> L'avis de Mathieu Charrier : "C'est une histoire beaucoup plus humaine que les autres Star Wars. Il y a beaucoup moins de Force, de côté obscur. Et même en ayant vu aucun des autres Star Wars, on peut comprendre."

>> L'avis de Baptiste Liger : "Le côté humain est vraiment développé. C'est à mon avis l'épisode le mieux mis en scène de toute la saga. Ce qui est très réussi dans Rogue One, c'est que c'est un épisode de Star Wars avec ses codes graphiques respectés, ses rebondissements et en même temps, c'est un film à part puisqu'il joue avec les codes du film de guerre. Il y a une 3D assez remarquable parce qu'elle n'en fait pas trop."

VERDICT : immanquable.

  • Personal shopper d'Olivier Assayas, en salles depuis le 14 décembre

Le pitch : "C'est l'histoire de Maureen, jouée par Kristen Stewart, qui est personal shoppeuse, c'est-à-dire qu’elle s'occupe de choisir les vêtements des stars. Elle fait ça non pas par amour de la mode mais pour continuer à vivre à Paris où elle attend que l'esprit de son frère disparu réapparaisse."

>> L'avis de Mathieu Charrier : "Il y a beaucoup de choses dans ce film un peu 'fouilli'. Kristen Stewart est magnifiée à l'écran. Le réalisateur nous la montre comme jamais."

>> L'avis de Baptiste Liger : "Le film n'a pas été très bien accueilli à Cannes malgré un prix de la mise en scène partagé avec Baccalauréat. Il y a des choses un peu lourdes, le film est un peu répétitif. Il y a aussi ce côté film bobo qui peut énerver. Néanmoins, Kristen Stewart mène le film de bout en bout. Il y a des enjeux sur la virtualité des relations entre les individus, et c'est plutôt bien fait. Le film joue aussi avec les enjeux du film de fantômes de manière assez originale. Il faut voir le film comme une curiosité.

>> L'avis de Stéphanie Belpeche : "La dimension film d'horreur japonais est présente, à la manière de Kiyoshi Kurosawa qui fait dialoguer vivants et morts de manière naturelle. Cela permet aux vivants d'exorcer un traumatisme et d'accepter leur propre mortalité. C'est une histoire de hantise à l'ancienne assez prégnante, sensible, qui colle à la peau."

>> L'avis de Bruno Cras : "Olivier Assayas est branché mais c'est un film raté. C'est disparate. Vous jouez aux intellos mais personne ne doit payer 12 euros pour aller voir ce film !"

VERDICT : mitigé.

  • Manchester by the sea de Kenneth Lonergan, en salles depuis le 14 décembre

Le pitch : "C'est l'histoire de Lee (Casey Affleck, petit frère de Ben), un homme étrange qui fait des petits boulots à droite à gauche. D'un côté, il casse la gueule à deux types, de l'autre, il s'occupe très bien du fils de son frère qui vient de mourir. On ne comprend pas très bien son attitude et on va découvrir que quelque chose lui est arrivé…"

>> L'avis de Bruno Cras : "C'est un film magnifique, mélodrame assumé autour du deuil, de la culpabilité, de la famille, de la responsabilité. C'est aussi l'histoire d'une reconstruction, de plusieurs personnages d'ailleurs. Les paysages aussi sont splendides, ça se passe au bord de l'eau en Nouvelle-Angleterre. Sublime. Un bijou, qui se classe dans dix films les plus beaux de l'année. je vais aller le revoir."

>> L'avis de Stéphanie Belpeche : "Il va directement dans le Top 10, je suis d'accord. C'est un mélodrame déchirant qui avance masqué, avec une construction maîtrisée et subtile qui alterne flash-back dans un passé traumatique et le présent mélancolique. On a indice après indice des éléments pour comprendre quel a été le parcours de cet homme brisé. Le montage et l'écriture sont virtuoses. En sortant, je me suis dit que Casey Affleck allait recevoir l'Oscar du meilleur acteur."

>> L'avis de Mathieu Charrier : "On a envie de l'aider. On a l'impression qu'il est tellement enfermé dans son corps et dans sa détresse."

>> L'avis de Baptiste Liger : "C'est même l'un des deux ou trois plus grands films de l'année. C'est une réussite absolue aux niveaux de la mise en scène, du scénario. Quelle leçon de construction. Quelle manière de prendre les codes du mélodrame sans chercher l'émotion facile. C'est en profondeur et il y a des moments d'émotion qui arrivent comme dans un combat de boxe, d'un seul coup. Cela fait des années que je n'ai pas vu un film à ce point émouvant. Il y a aussi des moments de cinéma incroyables. Il utilise l'adagio d'Albinoni qui est une des musiques les plus mélo qui existent et ce n'est pas lourdingue, il en fait quelque chose. En plus de cela, c'est un film très grand public."

VERDICT : Chef-d’œuvre.