Caroline Fourest a publié "Génération offensée", son dernier livre. 7:00
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Jonathan Grelier , modifié à
Le réalisateur Ladj Ly a vu son film remporter le César du meilleur film lors de la cérémonie qui s'est déroulée dans la nuit de vendredi à samedi. "On ne se pose pas la question de la célébration perpétuelle de films entièrement masculins comme le César du meilleur film de cette année" a réagi samedi sur Europe 1 la journaliste et cinéaste Caroline Fourest.
INTERVIEW

Les Misérables a été récompensé dans la nuit de vendredi à samedi par le César du meilleur film. "Lorsqu'on essaie de faire prendre conscience du poids du regard masculin dans le cinéma français, et il est lourd, on ne se pose pas la question de la célébration perpétuelle de films entièrement masculins et célébrant l'ultra-masculinité comme le César du meilleur film de cette année" a déclaré samedi sur Europe 1 la journaliste, essayiste et cinéaste Caroline Fourest en allusion à la production du réalisateur français Ladj Ly. "Je suis aussi un peu gênée pour le dire, parce que ça, personne n'ose le dire", a-t-elle affirmé.

"Je pense qu'on peut comprendre la réaction d'Adèle Haenel"

"Si des féministes ont décidé d'avoir un débat pour savoir si on devait dissocier l’homme de l'oeuvre, je suis étonnée qu'ils ne le fassent pas dans le cas de Polanski et qu'ils le fassent dans le cas de Ladj Ly", a-t-elle poursuivi, tout en instant sur le fait que la condamnation passée de ce dernier ne devait pas le "pénaliser". En 2011, le réalisateur avait en effet été condamné à une peine d'emprisonnement pour enlèvement et séquestration.

L'auteure de Génération offensée est par ailleurs revenue sur la remise du César du meilleur réalisateur à Roman Polanski, absent lors de la cérémonie. "C'est vraiment au moment de la célébration et de la récompense de l'homme réalisateur qu'il y a eu ce malaise. Et honnêtement, s'il y a une offense légitime... Je pense qu'on peut comprendre la réaction d'Adèle Haenel. C'est une gifle pour le discours qu'elle a tenu, même si je pense qu'elle a raison de dire que c'est une gifle pour les victimes de viol", a estimé Caroline Fourest en référence au départ de l'actrice de la salle au moment de la remise du prix à Roman Polanski. "La honte", s'est-elle écriée à propos du choix du réalisateur accusé notamment de viol.

"Il y avait l'idée qu'on devait juger le cinéma avant tout"

"Ça ne veut pas dire que les membres de l'Académie des votants ont voulu lui donner cette gifle. Je pense sincèrement que dans une grande partie du vote de ces membres de l’Académie, il y avait l'idée qu'on devait juger le cinéma avant tout, l'art avant tout, sans se transformer en tribunal", a considéré Caroline Fourest. Pour elle, le fait que la justice ne se soient pas prononcés sur certains faits allégués, qui sont parfois prescrits ou n'ont pas donné lieu à un dépôt de plainte, explique que "la société se sent investie d'un surcroît de responsabilité."