Les confidences de Viggo Mortensen : "J'ai vécu le processus de la démence de très près"

  • Copié
Séverine Mermilliod , modifié à
Le film Falling, qui aurait dû être à Cannes l'an dernier, sortira la semaine prochaine, à l’occasion de la réouverture des cinémas. Viggo Mortensen, acteur principal et réalisateur du film, a confié à Europe 1 sa frustration de ne pas avoir pu le sortir plus tôt en France. Il est surtout revenu sur ce qui lui a inspiré le scénario, ayant lui-même été confronté à la démence de certains proches.
INTERVIEW

L'acteur et réalisateur Viggo Mortensen, célèbre pour son rôle d'Aragorn dans le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson ou pour le film oscarisé Green Book, de Peter Farrelly, est venu présenter mercredi sur Europe 1 son premier film, Falling, qui doit sortir en salles mercredi prochain à l'occasion de la réouverture des cinémas en France. Ces derniers sont en effet fermés depuis plusieurs fin octobre en raison de l'épidémie de Covid-19. "Ca a été frustrant pour moi. C'était difficile", a-t-il assuré, alors que son film devait sortir le 4 novembre en France. Il a aussi confié avoir été lui-même confronté à la démence de certains proches, expérience qui lui a inspiré le scénario du film.

La sortie du film coupée dans son élan 

"Quand j'ai eu fini avec le montage, j'étais très content. On a été invités à Sundance, à Cannes, j'ai pensé que ça allait être merveilleux de présenter Lance Henriksen sur le tapis rouge. Mais on n'a pas pu y aller et on a dû attendre pendant l'été...", raconte le réalisateur. "Puis on est allés au festival San Sebastien, Toronto, et on était juste sur le point de lancer le film en France et on n'a pas pu ! C'était frustrant."

Son film, qui raconte l'histoire d'un homme homosexuel qui doit se rapprocher de son père qui souffre de démence le temps de lui trouver une maison de retraite, a toutefois conservé le label Cannes et avait pu être présenté in extremis en avant-première lors du festival Lumière à Lyon en octobre 2020. Avoir ce label, note Viggo Mortensen, "c'est incroyable", "un grand bonheur". Surtout pour un premier film. 

Un scénario inspiré de sa propre expérience

Non content d'être déjà le réalisateur et l'acteur principal de son film, Viggo Mortensen en est aussi le scénariste, un rêve de longue date pour celui qui avait déjà "essayé pour la première fois il y a 25 ans, avec un autre scénario". Finalement c'est en 2015 qu'il commence à écrire celui de Falling.

"Après la mort de ma mère, qui était l'inspiration pour le film telle que je me souviens d'elle, j'ai pensé que ça pouvait être un bon film", confie-t-il. "J'ai vécu le processus de la démence de très près avec mes parents, mon beau-père, mes grands-parents et d'autres membres de notre famille. Cela m'a aidé à créer le personnage de Willis (le père, joué par Lance Henriksen Ndlr)".

Parler d'Alzheimer différemment

"Je voulais parler de la communication, de l'empathie, des liens brisés dans une famille", a poursuivi Viggo Mortensen. "Plusieurs films ont parlé de la démence, mais il me manquait toujours quelque chose. On montre toujours dans ces films un personnage dans la confusion permanente. Et ce n'est pas le cas, à mon avis. Ceux qui vivent dans la confusion, ce sont les observateurs, ceux qui soignent des gens qui ont cette maladie." Selon lui  quand on est confronté à cette situation, il est important de "rester flexible, de s'adapter à eux. On veut avoir la personne qu'on avait avant, alors que ce n'est pas possible. On doit écouter, pas corriger". 

Son idée était donc plutôt d "explorer un peu la mémoire des souvenirs", à travers notamment des allers-retours dans le film entre l'époque de l'enfance du personnage et l'époque actuelle.

Le parcours a toutefois été semé d'embûches pour Falling puisque "cela a pris 4 ans pour trouver l'argent pour réaliser le film. Ça a été difficile ! Mais c'est toujours comme ça avec le cinéma indépendant", a philosophé le réalisateur. Repoussée à cause du Covid, la sortie du film va maintenant enfin pouvoir se faire en France, le 19 mai.