Philippe Geluck a inauguré 20 statues du Chat sur les Champs-Elysées.
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Guilhem Dedoyard, avec AFP
Philippe Geluck expose depuis mercredi 20 sculptures monumentales du Chat, son personnage emblématique, sur les Champs-Élysées. Le début d'une itinérance pour ces œuvres humoristiques qui, espère l'artiste, vont pouvoir apporter de la joie aux visiteurs dans cette période morne.
INTERVIEW

Un "vaccin contre la morosité". Le Chat de Philippe Geluck s'expose en tutu, en golfeur, en fakir ou encore en haltérophile sur l'avenue des Champs-Élysées. L'artiste belge propose en plein Paris une exposition de 20 statues monumentales de deux mètres de haut, en bronze et pesant deux tonnes et demie chacune. "Le Chat déambule" reste à Paris jusqu'au 9 juin avant de parcourir plusieurs villes en France et à l'étranger. Le dessinateur a raconté sur Europe 1 comment il avait modélisé ses œuvres mais aussi comment il espère apporter de la joie dans une période compliquée grâce à celles-ci.

"Apporter de la joie"

Parmi les 20 statues présentes sur les Champs-Élysées, certaines parodient des œuvres et personnages célèbres comme la danseuse de Botero, Atlas ou Saint-Sébastien. Dans le premier cas, le Chat, en tutu, doit compter sur l'aide d'une souris et d'un cric pour réussir à soulever sa jambe. "J'aime l'absurde, le surréalisme. J'aime parfois la crétinerie aussi", explique ainsi Philippe Geluck. Plusieurs d'entre elles ont toutefois un "désir de dire quelque chose sur l'actualité". Sa version du Saint-Sébastien est ainsi transpercée de crayons en hommage aux artistes "martyrisés par des régimes totalitaires", tandis qu'Atlas porte sur les épaules une sphère bourrée de bouteilles en plastique compressées.

Malgré ces messages, l'essentiel demeure néanmoins pour lui que son exposition "apporte de la joie. On a en tellement besoin." Philippe Geluck a été à la manœuvre pour la création de ses œuvres dont il a travaillé chaque modèle original. "D'abord en petit fils de fer que je tords dans tous les sens pour créer une maquette à très petit format. Ensuite, je fais faire un squelette d'acier. Là-dessus, je pose ma terre glaise et je modèle." Une étape qu'il estime "très sensuelle, très jouissive, bien plus que le dessin". C'est ensuite "son frère en sculpture", François Deboucq, qui réalise le modèle final. Au total, 65 personnes ont travaillé sur le projet jusqu'à son installation, raconte l'auteur. 

Accessible à tous

"Je voulais que le projet soit entièrement offert, accessible à tous, gratuit. En extérieur, c'est l'idéal", estime l'artiste belge. L'exposition, initialement prévue en avril 2020, avait été décalée à cause du confinement. Cette fois-ci, sourit l'artiste, l'évènement est conforme aux "recommandations du Premier ministre Castex, qui demande aux gens de sortir". Selon lui, "l'exposition a déjà attiré plusieurs dizaines de milliers de visiteurs, ce qui en fait le plus gros succès du moment. Mais c'est facile, puisqu'il n'y a aucune exposition ouverte nulle part."

Philippe Geluck avait un temps envisagé Versailles pour montrer son travail mais "il m'a été répondu que l'on ne voyait pas dans mon travail de rapport avec le Roi Soleil", explique-t-il. Il estime toutefois "que la plus belle avenue du monde a plus de gueule encore", d'autant plus que "le château de Versailles est fermé pour l'instant. Les lapins et les tulipes sont les seuls visiteurs admis."

Une fin de tournée à Bruxelles

Après Paris, l'exposition s'installera à Bordeaux, puis Caen. Les villes de Milan, Genève et Luxembourg accueilleront elles aussi les sculptures et peut-être même New York. Une chose est sûre, "la tournée va durer quelques années et va s'achever à Bruxelles au moment de l'inauguration du Musée du Chat et du dessin d'humour dans le Parc royal". 

Une fois cette tournée terminée, les statues "vont se retrouver dans des jardins de collectionneurs, d'amateurs d'art fortunés qui en ont fait l'acquisition. Déjà 16 sur 20 sont vendues", au prix de 300.000 euros pièce, précise Philippe Geluck. L'entièreté du bénéfice récolté ira au projet culturel : la tournée mais aussi une cagnotte pour le Musée du Chat. "L'exposition n'a pas coûté un centime à la Ville de Paris ni au contribuable", rappelle-t-il.