"Il était beau, il était drôle, il était libre et courageux." Nicolas Bedos a annoncé la mort de son père sur les réseaux sociaux ce jeudi soir. Décédé à l'âge de 85 ans, Guy Bedos était un comique-citoyen engagé à gauche, un antiraciste obsessionnel, pas toujours charitable avec sa famille de pensée, qui s'était aussi illustré au cinéma et au théâtre. De son engagement politique à son humour pour dédramatiser la mort en passant par sa relation avec son public, Guy Bedos s'était confié le 18 décembre 2004 au micro Europe 1 d'Isabelle Morizet.
Les origines de son engagement
C'est parce qu'il a eu "la chance d'avoir une enfance malheureuse" que Guy Bedos était un homme aussi engagé. Né le 15 juin 1934 à Alger, il "supporte mal le racisme" des colons, dont celui de ses parents, contre les autochtones. Et le "premier gouvernement" auquel il résiste est celui de sa mère et de son beau-père, un homme "carrément fascisant" qui battait cette dernière. C'est grâce à une "institutrice" qu'il apprend les droits de l'Homme à l'âge de "7 ans", un moment fondateur dans la vie de l'artiste puisque même s'il avait "un peu plus de vocabulaire" en étant adulte, il ne faisait que "répéter ce qu'[il] avait déjà ressenti très jeune". Il déclarera même avoir passé sa vie à expier les fautes du colonialisme.
Sa relation avec la mort
Grand angoissé de nature, Guy Bedos passait pourtant son "temps à mourir sur scène", une "façon d'exorciser" la mort. S'il affirmait ne pas "en avoir peur", il lui opposait surtout son humour. "Je me suis suis retrouvé une fois sur un brancard dans l'hôpital où sont nés mes derniers enfants, Nicolas et Victoria, et où sont morts deux de mes amis : Pierre Desproges et Michel Drach. Et je leur ai dit [aux soignants, ndlr], 'pour le moment vous avez la moyenne, faites pas les cons !'" racontait-t-il au micro d'Europe 1. C'est en se faisant "anesthésier" avant son opération que Guy Bedos expliquait avoir compris que "la mort est une abstraction".
Son rapport avec le public
Artiste adulé, Guy Bedos considérait son public comme "sans doute le meilleur" et il y était "très attaché". "Je l'aime bien et j'ai de la chance parce que même le temps passant, il reste très large. Je vois toujours des petites bouilles de très jeunes gens qui s'éclatent pendant mes spectacle, c'est très gai." Un amour réciproque qui va s'étaler sur plus de cinquante ans de rire, de théâtre ou de cinéma.
Son amitié avec Jean-Loup Dabadie
C'était l'ami d'une vie qui lui a écrit plus de 200 sketches. Pourtant, Jean-Loup Dabadie aurait pu terriblement en vouloir à Guy Bedos, puisqu'il a pris sa place d'auteur dans l'émission Les raisins verts. Parti faire la guerre d'Algérie, c'est donc "à la télé du foyer du soldat" qu'il a découvert Guy Bedos. Et "au lieu de m'en vouloir, il m'a écrit Bonne fête Paulette", confiait l'humoriste sur Europe 1. Le début d'une amitié qui ne prendra fin que le 24 mai dernier, lors de la disparition de Jean-Loup Dabadie, quatre jours avant celle de Guy Bedos.
Sa relation avec les femmes
Marié trois fois, Guy Bedos aimait les femmes... et leur humour. "Curieusement, beaucoup de femmes me font rire", expliquait-il. "L'humour féminin est exactement celui que j'aime parce qu'il n'est pas sec, il vient du plus profond du cœur et parfois du corps. Il y a de l'émotion dans ce rire-là, et c'est ça qui me touche." Une relation particulière avec le sexe opposée qu'il devait à "des chromosomes féminins très développés" : "Il y a des femmes qui oublient que je suis un homme et qui me parlent comme à une vielle copine ! Elles disent du mal des hommes devant moi et j'en rajoute un peu, j'adore tabasser des hommes avec des femmes."