"Une démarche odieuse et détestable"

Le dernier livre d'Alexandre Jardin ne plaît pas du tout à sa famille.
Le dernier livre d'Alexandre Jardin ne plaît pas du tout à sa famille. © MAXPPP
  • Copié
, modifié à
Gabriel et Stéphane Jardin fustigent leur neveu et cousin Alexandre, auteur de Des gens très bien.

Depuis le Roman des Jardin, publié en 2005, les relations d’Alexandre Jardin avec sa famille sont des plus tendues. Avec Des gens très bien, l’écrivain et cinéaste enfonce le clou. Il accuse en effet son grand-père Jean Jardin, directeur de cabinet de Pierre Laval du printemps 1942 à octobre 1943, de collaboration, et d’avoir une responsabilité dans la rafle du Vel d’Hiv. Des accusations insupportables pour Gabriel et Stéphane Jardin, respectivement oncle et cousin de l’auteur.

Ecoutez Gabriel et Stéphane Jardin :

"Alexandre aime qu’on parle de lui"

"Ce livre est totalement inadmissible dans la mesure où il part d’un postulat que je n’admets, pas, qui est un postulat de culpabilité a priori", peste sur Europe 1 Gabriel Jardin, fil de Jean, décédé en 1976. " C’est un délire complet où il oublie ce qu’est la notion de présomption d’innocence, où il fait intervenir des personnages de fiction comme Zac, à qui il n’a pas peur de faire dire des choses comme : ‘Hitler, sur bien des points, se comportait comme les Jardin’. Des phrases-choc qui ne veulent rien dire et qui sont graves. Très graves", renchérit Stéphane.

Alexandre Jardin explique sa démarche par une volonté de "purger son ADN". "Je ne crois pas à cette notion de démarche personnelle", répond d’emblée Gabriel Jardin. "Je crois que c’est malheureusement avant tout du commerce. Désolé d’avoir une opinion aussi tranchée et aussi dure. Mais je crois que c’est avant tout, et avec beaucoup de cynisme, du commerce, avec l’idée de faire parler de soi. Alexandre aime qu’on parle de lui, et peut-être qu’il digère mal le fait d’avoir été célèbre avec facilité et de ne plus forcément l’être sur la durée."

"Je le plains amèrement"

Sur le fond de l’ouvrage, les deux membres de la famille Jardin réfute les affirmations de leur neveu et cousin. "On a été informés depuis l’enfance que Grand-père a été directeur de cabinet de Pierre Laval. Il s’en est expliqué auprès de qui a souhaité avoir des explications", assure ainsi Stéphane. "Alexandre avait 11 ans quand Jean Jardin est mort et vous pensez bien que ce n’était pas au cœur de ses préoccupations à cet âge-là. Il n’a jamais pu en parler avec lui, il l’a vu quatre ou cinq fois dans sa vie. Il se trompe même quand il parle des cigarettes qu’il fumait, du tableau qu’il y avait dans le salon ou l’endroit où se trouvait son bureau. C’est à tous les points de vue faux historiquement."

Enfin, s’ils ne voient plus Alexandre depuis plusieurs années, Gabriel et Stéphane s’inquiètent tout de même pour lui. "Je n’ai pas de compassion pour sa démarche, que je trouve, odieuse, puérile et détestable. Mais j’ai une compassion pour lui, que je plains amèrement. Il va porter quelque chose de très lourd jusqu’à sa mort", estime son oncle. "On ne se parle plus du tout depuis le Roman des Jardin. Mais je l’ai vu l’autre jour à la télévision, et il me semble qu’Alexandre est réellement en souffrance. Il m’inquiète un peu, en fait", conclut Stéphane.