Scarlett Johansson en caméra cachée dans Under the skin

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CINE – Pour réaliser son troisième long métrage, Jonathan Glazer a combiné des scènes inventées avec des scènes réelles, imprévisibles. 

Une vamp surgie d'une autre dimension. Dans Under the skin, sur les écrans mercredi, Scarlett Johansson, perruque brune vissée sur la tête, utilise son légendaire sex appeal pour attirer des hommes à elle. Incarnant une extra-terrestre aux appétits mystérieux, elle accoste des inconnus au volant d'un van, sur les routes d'Ecosse. Le réalisateur, Jonathan Glazer, s'est laissé guider par son imagination, mais aussi par la réaction des quidams, confrontés sans le savoir, et sans jamais la reconnaître, à la star hollywoodienne.

Under the skin

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Des scènes filmées en caméra cachée. "A mon sens, Under the skin est un film témoin", explique le réalisateur de Sexy Beast. "C'est notamment pour ça que nous avons filmé bon nombre de plans en caméra cachée. Par exemple, lorsque Scarlett s'arrête pour demander son chemin à des inconnus ou lorsqu'elle s'effondre en pleine rue." Ainsi, les hommes que l'actrice, effectivement moins reconnaissable en brune, attire dans le film ne sont pas des acteurs mais bien des passants qui ne l'ont pas reconnue. Le réalisateur avait installé des caméras à l'intérieur du véhicule. Ce n'est qu'après avoir obtenu les plans voulus qu'il les informait de la duperie. Même chose pour la scène où l'actrice s'effondre en pleine rue. L'équipe attendait une demi-heure que les badauds se dispersent pour refaire une prise, afin que personne ne soupçonne qu'un film était en train de se faire. "Ce que nous avons alors capté a servi le propos, car le rôle du "prédateur" est d'abord d'observer", explique Jonathan Glazer.

"Rien n'était prémédité". Le réalisateur et l'héroïne du film l'ont évoqué à plusieurs reprises : Under the skin s'est construit au fil du tournage, comme un puzzle. Jonathan Glazer a pris le réel imprévisible comme point de départ : "Nous avons compris qu'il fallait débuter par les scènes où l'on voit comment les humains réagissent en rencontrant Scarlett".

L'actrice avec l'équipe du film pendant le tournage : 

Under the skin

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L'une des scènes se déroule dans une boîte de nuit. Là encore, l'équipe a tourné dans un vrai club et Scarlett Johansson se tenait au milieu d'une foule qui ne se savait pas filmée.  L'actrice a évoqué cette démarche expérimentale "Dans ce genre de situation, il peut se passer n’importe quoi ! Pourtant, à chaque fois, on arrivait à s’en sortir, chaque prise était intéressante et différente de la précédente", raconte-t-elle au magazine Première. Le visuel s'impose donc sans préméditation, a précisé Jonathan Glazer, qui "ne s'est interdit aucune piste."

Under the skin

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"Ce rêve étrange et pénétrant…" "Combiner le "réel" à la construction cinématographique était le plus grand défi à relever", confie le réalisateur. Jonathan Glazer a cherché à voir notre monde par les yeux d'une extraterrestre. "A l'écran, ce qui est étranger, extra terrestre, c'est notre monde!" raconte-t-il. Plus que l'histoire, finalement assez simple, il a donc travaillé l'ambiance. Les routes d'Ecosse, le peu de dialogues ou encore la musique dissonante offrent aux sens du spectateur un monde complètement hypnotique. Le film explore des sensations. Il est "comme un corps autonome avec des yeux et des oreilles surdéveloppées", résume Jonathan Glazer. On reconnaît au passage le talent du réalisateur de clips. Jonathan Glazer est l'auteur des vidéos de Karma Police de Radiohead, de Virtual Insanity de Jamiroquai, etc.