EU : un film d’horreur anti-avortement

The Life Zone a été réalisé avec un budget de 1 million de dollars
The Life Zone a été réalisé avec un budget de 1 million de dollars © Capture d'écran Youtube
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Diffusé en avant-première outre-Atlantique le 4 juin dernier, le film suscite la controverse.

"L’avortement est le diable"

Le producteur et scénariste du film, Kenneth Del Vecchio, n’est pas n’importe qui. Connu depuis longtemps pour ses prises de position "pro-life", cet ancien juge et candidat républicain au poste de sénateur du New Jersey s’est lancé dans la production de films il y a une dizaine d’années, et ne cache pas ses convictions. "Le message clair que je fais passer en tant que producteur, est que l’avortement est le diable", a-t-il confié au Los Angeles Times.

Réalisé par Rod Weber, The Life Zone déchaîne déjà les passions au pays de l’oncle Sam, avant même d’être sorti sur grand écran. Le scénario est, il est vrai, quelque peu différent de ce que nous a offert le genre ces dernières années. Sur le point d’avorter, trois jeunes femmes enceintes sont enlevées et séquestrées par des médecins et obligées de mener leur grossesse à terme.

S’il a fait sensation lors de sa projection le 4 juin dernier, le film doté d’un budget modeste (1,5 million de dollars), cherche encore un distributeur. Un parcours du combattant si l’on en croit Kenneth Del Vecchio. "Généralement, producteurs, dirigeants, et acteurs ont des convictions très libérales, et en cela, le sujet du film ne les intéresse pas. Mais je me fiche de ce qu’Hollywood pense", a expliqué le producteur. Car s’il n’est pas le premier à aborder l’avortement, The Life Zone innove en ce en ce qu’il offre un message politique bien assumé.

Les "pro-life" sur tous les fronts

En effet, si ces dernières années, des films comme En cloque, mode d’emploi ou Juno, dans lesquels les personnages renoncent finalement à avorter, ont abordé l’IVG, c’était davantage pour servir l’intrigue que pour faire passer un message politique, analyse le Los Angeles Times.

Ellen Page, qui tient le rôle titre dans Juno a elle-même exclu toute connotation politique dans le film. "Ce qui me frustre le plus, c’est quand les gens disent que le film est pro-life, ce qui est complètement absurde. La chose la plus importante est qu’on a le choix, et le film montre cette idée", a-t-elle déclaré lors de la sortie du film en 2008. Reste que dans un pays où la question reste sensible, les anti-IVG multiplient depuis plusieurs années les occasions de prêcher la bonne parole.

En février 2010, à l’occasion de la finale du Super-Bowl- évènement télévisuel de l’année le plus suivi outre-Atlantique - l’opinion publique découvre avec stupeur une publicité anti-avortement. Le spot émane d’une association ultra-conservatrice, "Focus on the Family", qui débourse 2,8 millions de dollars pour 30 secondes de diffusion. L’initiative provoque alors l’indignation des mouvements féministes, d’autant plus que la publicité met en scène la mère de Tim Tebow, vedette du football universitaire.

Côté littérature, les "pro-life" frappent fort également. Angel in the Waters (Ange dans les eaux) publié en 2004, s’adresse directement aux enfants, pour les convaincre dès le plus jeune âge de l’importance de la vie. Le livre de Régina Doman s’est vendu à plus de 100.000 exemplaires.

Un contexte particulier

Le mouvement pro-life semble plus mobilisé que jamais depuis le succès des républicains aux élections de mi-mandat à l’automne 2010. Une avalanche de mesures anti-avortement ont été prises au niveau des Etats et au niveau fédéral. Depuis mai dernier, l’Etat du Kansas fait notamment interdiction aux compagnies d’assurance de proposer des contrats généralistes couvrant les frais des IVG.

Deux mois plus tôt, à Chicago, une campagne anti-avortement faisait polémique en utilisant l’image du président Barack Obama pour vendre son message. "À toutes les 21 minutes, on avorte notre prochain leader potentiel", pouvait-on lire sur un panneau publicitaire où apparaissait le visage de Barack Obama. Cette campagne, baptisée "Life Always", avait été lancée par un pasteur texan pour "pousser les gens à réfléchir" sur le taux très élevé d'avortements dans la communauté noire.