Prison ferme requise contre des dirigeants d'un groupe français accusé de corruption en Afrique

Gaël Bodénès
Des peines de prison ferme ont été requises mardi contre de hauts dirigeants du groupe français Bourbon. © Boris HORVAT / AFP
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avec AFP // Crédits photo : Boris HORVAT / AFP
Le procureur a requis deux ans de prison dont un an avec sursis et une amende de 100.000 euros contre Gaël Bodénès, 56 ans, aujourd'hui numéro 1de  Bourbon, spécialiste de l'assistance maritime au secteur pétrolier, ainsi que contre Laurent Renard, 70 ans, ancien directeur général adjoint chargé des finances.

Des peines de prison ferme ont été requises mardi contre de hauts dirigeants du groupe français Bourbon, spécialiste de l'assistance maritime au secteur pétrolier, jugés par le tribunal correctionnel de Marseille pour corruption d’agents publics étrangers dans trois pays africains. Le procureur a requis deux ans de prison dont un an avec sursis et une amende de 100.000 euros contre Gaël Bodénès, 56 ans, aujourd'hui numéro 1 du groupe français, ainsi que contre Laurent Renard, 70 ans, ancien directeur général adjoint chargé des finances. La peine la plus lourde, trois ans de prison dont dix-huit mois avec sursis et une amende de 150.000 euros, a été réclamée contre Christian Lefèvre, 66 ans, ex-directeur général du groupe parapétrolier. Tous les trois - contre lesquels l’accusation a aussi requis une interdiction d’exercice professionnel pendant cinq ans - formaient à l’époque des faits le comité exécutif (Comex) de Bourbon.

 

"Il s’agit d’une stratégie réfléchie"

"La décision d’une démarche de corruption relève du Comex", selon le procureur Jean-Yves Lourgouilloux pour qui "il s’agit d’une stratégie réfléchie et assumée afin de s’implanter ou se maintenir dans certains pays". Ces opérations de corruption auraient été menées dans trois pays africains. Ce fut d’abord en Guinée Equatoriale, en février 2011, où, selon le parquet, une somme de 400.000 euros a été versée à un intermédiaire en vue de faire passer un redressement fiscal initial de huit millions d’euros à 44.849 euros.  Puis au Cameroun, en novembre 2011, où des inspecteurs fiscaux locaux se sont vus remettre 150.000 euros pour épargner à Bourbon Offshore Surf le paiement d’une ardoise fiscale de 11 millions d’euros. 

Au Nigeria, en octobre 2012, le versement de 700.000 dollars à deux contrôleurs puis de deux millions de dollars au responsable du Criminal Investigation Department (Département d'investigation criminelle) auraient permis de ramener à 4,1 millions de dollars (US) un redressement fiscal annoncé mi-2012 à hauteur de 227 millions de dollars. Le procureur a par ailleurs requis une peine de dix-huit mois de prison dont un an avec sursis et une amende 70.000 euros contre Rodolphe Bouchet, actuel directeur de Bourbon Marine et Logistics qui aurait joué un rôle d’"interface" et un an de prison avec sursis avec une amende de 30.000 euros contre deux autres dirigeants de Bourbon. La défense des huit prévenus s’exprimera mercredi et jeudi.