50 ans du GIGN : prises d'otage, actions à l'étranger... Quels sont les domaines de compétence de l'unité d'élite ?

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Romain Rouillard / Crédit photo : LUDOVIC MARIN / POOL / AFP , modifié à
En ce vendredi 1er mars, le GIGN fête ses 50 ans. Spécialisée dans les opérations à risque, l'unité d'élite de la gendarmerie nationale a construit sa renommée autour d'interventions spectaculaires souvent liées à des prises d'otage, parfois de nature terroriste. Mais le GIGN dispose de prérogatives bien plus larges. 

Le GIGN entre dans sa cinquième décennie. Cette unité d'élite de la gendarmerie nationale, spécialisée dans les missions périlleuses et les gestions de crise, a vu le jour le 1er mars 1974 et a mené plusieurs interventions marquantes, de Loyada, en 1976, à Ouvéa en 1988, en passant par l'aéroport de Marignane en 1994. Plus récemment, le GIGN a notamment prêté main forte au RAID, lors de l'assaut de Dammartin-en-Goële en 2015, destiné à neutraliser les frères Kouachi, coupables de l'attentat contre Charlie Hebdo le 9 janvier de cette année. C'est également le GIGN qui fut aux manettes lors des négociations avec Radouane Lakdim, le meurtrier d'Arnaud Beltrame à Trèbes en 2018, finalement abattu. Un attentat pour lequel sept accusés ont été condamnés à des peines allant jusqu'à quatre ans de prison ferme

Les attaques terroristes font justement partie de ces situations particulièrement critiques dans lesquelles l'intervention du GIGN est souvent indispensable. "Ce sont des missions dans lesquelles nous sommes la dernière chance", résume Bernard Thellier, ancien négociateur au sein de l'unité d'élite. Des attentats qui peuvent également se muer en prises d'otage, autre spécialité du GIGN, qui ne rime pas toujours avec usage d'arme à feu. "90% de nos missions sont résolues grâce à la négociation", assure Bernard Thellier. 

Compétent en cas d'enlèvement

Avant d'intervenir, le GIGN doit d'abord être alerté par ce que l'on appelle un "primo-intervenant". "C'est le policier ou le gendarme qui constate quelque-chose. Ce sont d'ailleurs eux qui prennent le plus de risques, parce qu'ils ne sont pas protégés et ils ne sont pas entraînés comme nous. Et ils ne savent pas toujours que c'est dangereux", pointe l'ancien négociateur. 

Une fois sur place, le GIGN mise sur son expérience forgée au gré des entraînements. "On a une sorte de catalogue, à l'entraînement, qui est énorme. Et lorsque l'on arrive en mission, il y a tout de suite quelque chose qui nous rappelle l'entraînement qu'on a fait auparavant. Et du coup, la machine se met en place rapidement", indique Bernard Thellier. 

Le GIGN peut aussi intervenir en cas d'enlèvements. "On peut venir prêter main forte à la gendarmerie. On a des techniques qui permettent de retrouver des gens plus rapidement", indique Bernard Thellier. Mais également pour intercepter un prisonnier qui aurait réussi à s'évader. "Une fois que les gendarmes l'ont localisé, ils nous appellent et nous disent 'cet individu a tué X personnes, il a été condamné à perpétuité, on l'a localisé, vous pouvez aller le chercher'. Et donc là, à 6h du matin, on casse la porte et on va le chercher". 

Protection du président de la République

De même, lorsqu'un individu, retranché à son domicile, fait courir un risque pour la sécurité d'autrui, le GIGN peut être déployé. "En 2004, un militaire était retranché avec 64 tonnes d'explosifs. Il n'y avait pas d'otages directs, mais 64 tonnes, c'est mortel dans un rayon de 5km. Donc, nous avions évacué tous les civils autour et trois jours de négociation ont permis de ramener cette personne à la raison", se souvient Bernard Thellier. 

Les services du groupe d'intervention de la gendarmerie nationale peuvent s'avérer précieux afin de localiser un tueur en série, par exemple, qui sévirait sur un périmètre délimité, tout en réussissant à échapper aux forces de police. "Si on a localisé quelqu'un dans un endroit, que ce soit dans une zone boisée ou dans une ville, le GIGN, qui travaille en civil, est déployé dans cette ville et peut rester quelques jours, faire des reconnaissances, des recherches etc. On a des moyens spéciaux, des caméras, des micros et des véhicules qui permettent d'observer sans être vus", détaille Bernard Thellier. 

L'unité est également impliquée dans la protection du président de la République à travers le GSPR (Groupe de sécurité de la présidence de la République). "Le GIGN a formé, encadré le GSPR qui est ensuite devenu une entité différente", précise Christian Prouteau, fondateur du premier commandement du GIGN. Mis de côté par Nicolas Sarkozy et sa brigade personnelle, le GSPR est redevenu, sous François Hollande, une unité de protection du président, aux côtés de la police nationale. 

 

Renseignement et actions à l'étranger

De façon plus discrète, le GIGN dispose d'une partie renseignement et dispose de moyens spécifiques pour mener à bien ces missions. "Lorsqu'on a le sentiment que certains groupuscules essaient de préparer des actions, le GIGN se voit confier des missions d'observation avec des moyens que n'ont pas toutes les unités de terrain", indique Christian Prouteau. 

Enfin, l'action du GIGN s'étend à l'étranger où il participe à des formations et partage l'expertise de la gendarmerie nationale sur des terrains de guerre. "On peut faire ce qu'on appelle des concours techniques, c'est-à-dire amener des moyens que d'autres pays n'ont pas, à leur demande", explique Christian Prouteau. Le GIGN assure, par ailleurs, la sécurité de l'ensemble des ambassades de France à travers le monde. Les militaires disposent même d'une capacité d'intervention dans le cas où il s'y passerait quelque chose. Une prérogative rendue possible par l'extraterritorialité de ces ambassades, considérées comme un morceau du territoire français, à l'étranger.