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Dimitri Vernet et Jean-Baptiste Marty / Crédit photo : HANDOUT / INTERPOL / AFP , modifié à
Près de dix jours après l'attaque d'un fourgon pénitentiaire par un commando lourdement armé, qui a permis l'évasion de Mohamed Amra, le détenu et ses complices sont toujours recherchés. Des écoutes enregistrées dans sa cellule révèlent la personnalité hautement dangereuse de l'homme.

350 enquêteurs traquent toujours l'ennemi public numéro un en France, Mohamed Amra. Le 14 mai dernier, il s'est évadé avec l'aide d'un commando armé jusqu'aux dents, qui a tué deux agents pénitentiaires au péage d'Incarville dans l'Eure. La sonorisation de la cellule de Mohamed Amra, surnommé "La Mouche", révèle ce jeudi matin un homme extrêmement dangereux.

Un détenu qui dirigeait toutes les opérations de son gang à distance

"Sur le Coran de La Mecque, wallah, vous allez me respecter. Vous êtes des fous, mais je vais vous montrer que je suis plus fou que vous !" Voici le genre de propos que les enquêteurs ont pu entendre dans cette cellule de la prison de la Santé. La cellule de Mohamed Amra était un véritable chef d'orchestre : téléphone dernier cri à l'oreille et narguilé en bouche fournis par ses sbires. "La Mouche" dirige tout, contrôle toutes les opérations de son gang depuis sa prison. "Allô ? Frérot, je vais te guider parce qu'il y a un barrage là. Il y a les gendarmes au rond-point !" Des opérations qu'il dirige parfois avec violence : "Pour faire Tourville-Elbeuf, trois stations-service en une heure, je vais te n*quer ta m**e", ont pu entendre les enquêteurs.

Un détenu au sentiment d’impunité, multipliant les activités criminelles

Ces écoutes permettent aux enquêteurs de se faire une idée de qui est vraiment Mohamed Amra. Un homme au sentiment d'impunité, multipliant les activités criminelles, trafic de cannabis, héroïne, cocaïne, extorsion, séquestration avec demande de rançon... Un véritable caïd à la tête d'un immense réseau allant de la Normandie à Marseille. On apprend également que le détenu a cherché à se procurer des armes de guerre, des fusils mitrailleurs, c'est-à-dire des armes semblables à celles utilisées pour tuer les deux agents pénitentiaires il y a neuf jours.

Des écoutes qui soulèvent plusieurs questions : comment a-t-il pu continuer à gérer ces réseaux depuis sa prison, même avec des brouilleurs. Comment n'a-t-il pas été repéré par la justice ? Pourquoi son niveau de dangerosité n'a pas été réhaussé ? Autant d'interrogations qui restent sans réponse et interrogent sur l'efficacité du système carcéral.