INFO EUROPE 1 - Arras : le cabinet de Manuel Valls avait annulé la rétention de la famille de l'assaillant en 2014
Selon un document du ministère de l'Intérieur, qu'Europe 1 a pu se procurer, le cabinet de Manuel Valls, alors locataire de la Place Beauvau, avait décidé d'annuler la rétention de la famille de l'assaillant en 2014. Alors qu'une procédure d'expulsion avait été lancée, celle-ci a également été annihilée.
Fiché S, âgé de 20 ans, d'origine tchétchène et arrivé en France en 2008... Plusieurs heures après l'attaque au couteau dans un lycée d'Arras , qui a tué un professeur et blessé trois autres personnes, le profil de l'assaillant et de son entourage se dessine. Et alors que son frère avait été interpellé à l'été 2019 dans le cadre d'un projet d'attentat déjoué, sa famille, alors assignée à résidence, aurait même pu être expulsée en 2014.
Selon un document qu'Europe 1 s'est procuré, le cabinet de Manuel Valls , alors ministre de l'Intérieur, avait décidé d'annuler la rétention de la famille Mogouchkov. Cette dernière, composée d'un couple et de cinq enfants, était assignée à résidence dans un foyer de La Guerche-de-Bretagne, au sud de Rennes. La police aux frontières s'y était rendue le 18 février 2014 à 6h du matin pour les conduire à l'aéroport de Saint-Jacques-de-la-Lande, près de Rennes, où un avion spécialement affrété attendait la famille, direction la Tchétchénie .
Un communiqué du PCF
Mais la procédure avait suscité un tollé dans les rangs de plusieurs associations rennaises d'extrême gauche comme la Cimade, Réseau éducation sans frontières, le MRAP ou le PCF. Le parti communiste français (PCF) s'était également fendu d'un communiqué de soutien à la famille Mogouchkov. "Que de moyens gaspillés pour saboter la vie d'une famille ! (...) Comment ne pas exprimer la plus profonde réserve quant à une politique qui renvoie une famille entière vers des Républiques de Tchétchénie et d'Ingouchie où les violences perdurent et le respect des droits de l'homme n'est pas, loin de là, la préoccupation première du président Poutine", peut-on y lire.
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Devant l'ampleur de la mobilisation, le cabinet de Manuel Valls a donc pris la décision d'annuler cette rétention. L'expulsion de la famille vers la Tchétchénie a donc, elle aussi, été abandonnée. Contactés par Europe 1, RESF, l’ancienne présidente du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (MRAP) d’Ille-et-Vilaine et l’ancien secrétaire de la section PCF de Rennes Métropole qui s’étaient érigés contre l'expulsion dans la famille, n’ont pas souhaité réagir à l’attaque au couteau perpétrée par Mohammed Mogouchkov.
Huit ans plus tard, en mars 2021, Mohammed Mogouchkov présente une demande de réexamen de sa demande d'asile. Une demande jugée irrecevable, tout comme son recours devant la Cour nationale du droit d'asile. Malgré ces deux décisions, l'assaillant ne pouvait être renvoyé puisque la loi actuelle ne permet pas d'expulser tout débouté du droit d'asile arrivé en France avant l'âge de 13 ans.