Guadeloupe : un cinquième homicide en huit jours après la mort d'un adolescent de 13 ans tué par balle
Mercredi soir, à Lamentin, en Guadeloupe, un adolescent de 13 ans a été tué par balle. Il s'agit du cinquième meurtre en huit jours dans l'archipel des Antilles, qui possède le deuxième taux d'homicides de France. Selon le décompte des autorités, ce meurtre est le 27e depuis le début de l'année pour la Guadeloupe et les îles du Nord.
Un adolescent de 13 ans a été tué par balle mercredi soir à Lamentin, en Guadeloupe, a annoncé jeudi le parquet de Pointe-à-Pitre, le cinquième meurtre en huit jours dans l'archipel des Antilles, qui possède le deuxième taux d'homicides de France.
Selon un communiqué de la procureure de la République Caroline Calbo, les faits ont eu lieu à 22H15 (04H15 à Paris) à proximité d'une salle des fêtes, en plein centre-ville.
27e meurtre depuis le début de l'année
Une dizaine de coups de feu ont été entendus, tuant l'adolescent et blessant un jeune homme de 27 ans dont le pronostic vital n'est pas engagé. L'adolescent est décédé sur place malgré l'arrivée rapide des secours et de la gendarmerie nationale, a précisé la procureure, ajoutant qu'une enquête avait été confiée à la Section de recherches de la gendarmerie.
Selon le décompte des autorités, ce meurtre est le 27e depuis le début de l'année pour la Guadeloupe et les îles du Nord (Saint-Martin et Saint-Barthélémy) et le 16e par arme à feu, alors que ces territoires ne comptent que 410.000 habitants au total.
Les autorités s'alarment de longue date de la circulation des armes à feu dans les Antilles françaises et en Guyane, sur fond d'explosion du narcotrafic, ces territoires devenant une porte de sortie de la drogue vers l'Hexagone.
"Utilisation très décomplexée des armes à feu"
Mardi, Caroline Calbo a encore alerté sur une "utilisation très décomplexée des armes à feu" dans l'archipel guadeloupéen, appelant "les familles, les mères, les pères, à être vigilants sur les armes que pourraient détenir leurs enfants et à les apporter aux services de police et gendarmerie, pour (...) éviter cette escalade de la violence".
Lundi, un adolescent a été tué à la veille de son 17e anniversaire aux Abymes. Dans la nuit de dimanche à lundi, un jeune homme d'une vingtaine d'années avait déjà été tué dans la même ville et samedi, c'est un homme de 45 ans qui était décédé peu après avoir été découvert dans sa voiture touché par "plusieurs impacts de balle".
Enfin, un autre homme de 45 ans a été tué à coup de masse la semaine dernière et son beau-père interpellé. "La priorité une, c'est d'éviter un phénomène d'amplification [des violences] par de la vengeance", a indiqué le préfet de Guadeloupe, Xavier Lefort, dans une interview conjointe à l'AFP et Ouest-France.
"Centaine de gendarmes supplémentaires"
Le préfet annonce le déploiement d'une "centaine de gendarmes supplémentaires" sur les sites réputés difficiles du territoire, en mobilisant la réserve ainsi qu'un "peloton de la garde républicaine actuellement sur place", avec le concours des "polices municipales".
"L'objectif c'est que la population se sente en sécurité et de dissuader les vengeances", a encore précisé le préfet. Les autorités misent aussi sur des opérations de sensibilisations, qui existent dans l'archipel, en milieu scolaire où "les gendarmes interviennent depuis le CE2", selon le préfet.
"Le soutien des familles est primordial"
Ces dernières semaines, les autorités ont aussi multiplié leur présence aux abords des établissements scolaires, "pour des fouilles de sacs à l'entrée", après plusieurs affaires de violences à l'arme blanche dans l'académie.
"A un certain niveau de délinquance, l'arsenal qu'on déploie au niveau municipal demeure totalement impuissant", a déclaré à l'AFP Jocelyn Sapotille, président de l'association des maires et édile de la commune du drame, où le Conseil local de sécurité et prévention de la délinquance a déjà été mis en place tout comme des "Points justice" pour faciliter la médiation entre certaines familles en difficultés et les autorités.
"Le soutien des familles est primordial", a-t-il également estimé, déplorant, à l'instar du préfet Xavier Lefort "un problème de parentalité et d'éducation des enfants". La jeune victime de 13 ans, déscolarisée, était, elle aussi, connue des autorités judiciaires et des autorités locales, un phénomène puissant dans l'archipel où près de 1.700 jeunes sont qualifiés de "décrocheurs".