Coupe du monde : l'arbitrage vidéo réduit-il vraiment les injustices ?

Lors du match Espagne-Maroc, lundi, l'utilisation de la VAR a validé le but pour l'Espagne.
Lors du match Espagne-Maroc, lundi, l'utilisation de la VAR a validé le but pour l'Espagne. © OZAN KOSE / AFP
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Thibaud Le Meneec , modifié à
Après dix jours dans ce Mondial russe, l'arbitrage assisté par la vidéo est l'un des sujets les plus discutés. Partisans et opposants continuent de s'écharper sur son utilité pour éviter les erreurs.

Fin de match entre l'Iran et le Portugal, lundi soir. La Seleçao mène 1 but à 0. Alors qu'il veut disputer le ballon au gardien iranien, qui s'apprête à dégager, Cristiano Ronaldo donne un violent coup de coude dans le visage du défenseur Morteza Pouraliganji. L'arbitre décide de faire appel à la vidéo pour trancher : après visionnage des images, l'homme en noir inflige au quintuple Ballon d'or un simple carton jaune. 

Plus d'enjeux, plus de polémiques autour de la VAR ? "Il y a un coup de coude. Un coup de coude, c'est carton rouge", s'est plaint après le match le sélectionneur de l'Iran, Carlos Queiroz. "Ce n'est pas contre l'arbitre. C'est une question d'attitude, de courage et de caractère. Les décisions doivent être claires pour tout le monde. Donc selon moi, Gianni Infantino et la Fifa, tout le monde est d'accord sur le fait que la VAR (arbitrage assisté par la vidéo, en anglais, ndlr) ne va pas bien. C'est la réalité. Il y a eu beaucoup de plaintes."

Entendu sur europe1 :
Les polémiques deviennent plus vives car on ne comprend pas pourquoi l'arbitre peut se tromper avec les images

"Plus on avance dans la compétition, plus il y a d'enjeux, et plus les problèmes susceptibles d'être posés par la VAR se concrétisent", confirme Jérôme Latta, rédacteur en chef des Cahiers du football et farouche opposant de l'arbitrage vidéo. Pour lui, "les polémiques deviennent plus vives car on ne comprend pas pourquoi l'arbitre peut se tromper avec les images".

"Rhétorique réactionnaire". "Une rhétorique réactionnaire", selon Simon Ruben, chef du service des sports d'Europe 1 : "La vidéo nous empêche d'être aveugles, on ne peut plus ne plus voir une faute." Sauf que la VAR est parfois utilisée dans des cas ambigus. "C'est le cas du penalty d'Antoine Griezmann face à l'Australie, qui n'avait rien d'évident", rappelle Jérôme Latta. D'après lui, le risque d'un cercle vicieux est réel : "Là où les polémiques ont été les plus vives, c'est là où il n'y a pas eu intervention de la vidéo. On comprend encore moins que la VAR n'intervient pas sur toutes les situations."

Pour rappel, il y a quatre cas pour lesquels la VAR peut être utilisée dans ce Mondial :

  • La validation ou non d’un but
  • L’attribution d’un carton rouge direct à un joueur (le cas de Ronaldo, lundi soir)
  • Une action pouvant donner lieu à un penalty
  • La correction d’une erreur dans l’identification d’un joueur pénalisé par l’arbitre

Et le suspense dans tout ça ? "On a un 'cliffhanger' en plein match, de nouvelles poches d'émotion !", se réjouit Simon Ruben. "Oui, mais ce n'est plus du football, c'est un sous-produit télévisuel", répond Jérôme Latta : "La joie du but sans restriction est beaucoup plus belle que l'attente nerveuse." Le chef du service des sports d'Europe 1 reste optimiste : "Les temps morts vont se réduire, la manière de jouer va changer. La vidéo ne va pas révolutionner le foot, mais elle est là pour réduire les injustices."