Les dessous de l'Internet gratuit de Facebook

© AFP / Karen Bleier
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La société de Mark Zuckerberg veut faire bénéficier les pays en développement d'une connexion Internet gratuite. Mais son projet est critiqué de toutes parts.

L'ambition de Mark Zuckerberg d'offrir un accès gratuit à Internet au plus grand nombre ne fait pas que des heureux. Le fondateur de Facebook a lancé le programme internet.org, une application pour smartphone qui permet aux populations des pays pauvres et en développement d'accéder gratuitement au célèbre réseau social et à une sélection de sites. Mais le projet, louable sur le papier, se heurte à de violentes critiques, notamment en Inde.

Le principe : une connexion gratuite limitée à quelques sites. Internet.org, annoncé en grandes pompes en 2013, a l'ambition d'offrir une connexion Internet gratuite au plus grand nombre. Cette application pour smartphone, lancée par Facebook, est avant tout destinée aux régions dépourvues de réseau. Sont donc visés les pays en développement et les populations les plus pauvres de la planète. Mais internet.org ne compte pas offrir une connexion illimitée à ses utilisateurs. En effet, le programme permet uniquement d'avoir à une sélection de sites partenaires de l'application et sélectionnée par Facebook lui-même. En Inde, par exemple, les utilisateurs peuvent uniquement surfer sur une quarantaine de sites, allant de Wikipédia à un traducteur en passant par plusieurs sites d'information. Et, bien évidemment, à Facebook.

La neutralité du net en question. Ce web limité à quelques adresses a été violemment critiqué ces derniers jours. Une partie de la population indienne s'est particulièrement mobilisée contre internet.org. "Cher Mark Zuckerberg, Facebook n'est pas et ne devrait pas être Internet", a ainsi titré l'influent quotidien local Hindustantime le 17 avril dernier, cité par France 24. Le collectif savetheinternet.in a également recueilli 750.000 signatures pour protester contre l'application. Leurs griefs : avec internet.org, Facebook nuirait à la neutralité du Net en choisissant lui-même sur quels sites les utilisateurs pourraient se connecter. Et, en outre, il créerait un web à deux vitesses, entre des riches capables d'accéder à tout le réseau, et des pauvres qui se contenteraient uniquement de quelques services.   

Des entreprises indiennes quittent le navire. Face à ce tollé, plusieurs entreprises indiennes partenaires d'internet.org ont annoncé leur retrait du programme. Le géant des médias Times Group et le portail de voyages Cleartrip.com ont ainsi pris leurs distances avec l'application de Facebook. "Nous soutenons la neutralité du Net parce qu'il crée un terrain équitable pour toutes les entreprises, petites ou grandes, pour produire les meilleurs services et les offrir à tous les utilisateurs", s'est justifié Times Group par la voix d'un porte-parole, cité par la BBC. Le géant des médias a par ailleurs appelé les autres éditeurs de presse à faire de même. La BBC, justement, qui est partenaire d'internet.org, ne s'est pas encore positionnée sur un éventuel retrait.

Zuckerberg monte au créneau. Sous le feu des critiques, Mark Zuckerberg a répliqué dès le 17 avril via sa page Facebook pour défendre son bébé. "Je crois que n'importe qui dans le monde mérite d'accéder" à Internet, écrit le fondateur du réseau social. "Nous soutenons totalement la neutralité du net. (…) Mais la neutralité du net n'entre pas en conflit avec notre travail pour connecter le plus de personnes possible. Ces deux principes, une connexion universelle et la neutralité du net, peuvent et doivent coexister", a poursuivi Mark Zuckerberg. Pas certain, toutefois, que ses détracteurs aient été convaincus.

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