Armstrong : le cyclisme ouvre les yeux

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DOPAGE - Dans son ensemble, le monde cycliste condamne le système mis en place par le Texan.

1999. Lance Armstrong remporte le premier de ses sept Tours de France. Cette année-là, un jeune coureur français âgé de 25 ans abandonne l'épreuve, sous la pression. Son nom : Christophe Bassons. Ses prises de position contre le dopage dans le cyclisme agace le nouveau boss. Aujourd'hui, l'ancien coureur de la Française des Jeux se souvient de la morgue d'Armstrong à son encontre. "A l'époque, je dénonçais la présence du dopage et il ne m'a surtout pas dit que ce que je disais était faux", se souvient-il au micro d'Europe 1. "Il a simplement dit que je n'étais pas fait pour ce milieu, qu'il fallait que je le quitte, que je m'en aille, que je quitte le Tour en terminant avec un joli "Fuck You" comme il savait le faire, toujours avec ce regard un peu arrogant en se plaçant au-dessus de vous. Ça, c'est le système Armstrong."

"On voyait bien qu'Armstrong était devenu surhumain"

Armstrong avec Ullrich en 2001 (930x620)

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Ce système Armstrong a fonctionné à plein régime pendant sept années consécutives. Jan Ullrich, trois fois deuxième sous le règne du Texan (2000, 2001 et 2003) mais aussi suspendu deux ans pour dopage à la suite de l'affaire Puerto, en a été la principale "victime". "On voyait bien que rien n'était vrai chez eux (les US Postal)", peste dans les colonnes du quotidien L'Equipe l'ancien directeur sportif de l'Allemand, Rudy Pevenage. "On voyait bien qu'Armstrong était devenu surhumain. Que pouvait-on faire, le laisser s'amuser tout seul alors qu'aucun contrôle ne l'attrapait ? Je me souviens du Tour de France 2001 (photo), Jan était vraiment en très grande forme (...) et à l'eau claire. Mais il n'y avait rien à faire. Armstrong jouait avec lui, c'était devenu indécent." En 2001, Armstrong remporta son troisième Tour de rang avec 6'44" d'avance sur Ullrich.

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Armstrong avec Wiggins en 2010 (930x620)

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Du côté de l'équipe Sky, régulièrement comparée cet été avec l'US Postal de la grande époque après ses succès sur le Tour de France (avec tous les sous-entendus qui vont avec), la condamnation a été unanime. "Il a peut-être été un des premiers cyclistes à transcender le sport et devenir un héros au-delà du cyclisme. C'était incroyable et les gens y ont cru. Donc découvrir ce qu'il y avait derrière est évidemment décevant", a regretté le patron de l'équipe, Dave Brailsford. Le leader du Team Sky, Bradley Wiggins, vainqueur du dernier Tour, s'est lui aussi dit "choqué par l'ampleur des preuves" mais "pas surpris". "Pour moi, il s'agit d'avancer et de ne plus se retourner vers ce qui s'est passé il y a dix ou quinze ans. Nous sommes l'un des sports qui parvient le mieux à attraper (les tricheurs). Ce que nous faisons, c'est donner l'exemple", a estimé le champion olympique du contre-la-montre, depuis longtemps défenseur de la lutte antidopage.

Andy Schleck sur Bruyneel : "c'est son affaire"

Son compatriote, le pistard Chris Hoy, a également souligné la dimension de ce que L'Equipe a appelé à sa Une un "système mafieux". "C'est l'ampleur de tout cela qui choque les gens ainsi que l'identité de la personne que cela concerne. Par le nombre de personnes impliquées, c'est énorme", a-t-il déclaré. Parmi ces "personnes concernées", il y a notamment Johan Bruyneel, ancien directeur sportif d'Armstrong et toujours à la tête de l'équipe Radioshack, pour lesquels courent notamment les frères Schleck. "J'ai encore deux ans (de contrat) avec Radioshack et ce qui se passe avec Johan, c'est son affaire", a considéré Andy dans des propos repris dans L'Equipe. "Ça s'est passé avant qu'il rejoigne notre équipe." Dans le peloton, il y a donc les coureurs qui regrettent, ceux qui préfèrent ne pas en parler et enfin celui qui défend Armstrong. Son nom : Riccardo Ricco. En avril dernier, le "Cobra" a été condamné à douze ans de suspension pour dopage.