L'AS Monaco a-t-elle manqué de respect à la Coupe de France ?

Défenseurs de Monaco face au PSG (1280x640) Franck FIFE/AFP
La défense de Monaco crie au hors jeu sur le cinquième but du PSG, mercredi soir. © Franck FIFE/AFP
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L'AS Monaco a fait jouer ses jeunes face au PSG, mercredi soir, en demi-finales de la Coupe de France. Résultat : 0-5.

Leonardo Jardim ne s'en était pas caché, lundi, en conférence de presse. L'entraîneur de l'AS Monaco allait envoyer les joueurs du CFA (Championnat de France amateur) pour disputer la demi-finale de la Coupe de France face au PSG, mercredi soir. Il ne s'agissait pas ici de protester contre un quota de places allouées aux supporters (ceux de l'ASM étaient bien là, mercredi soir, les courageux…), comme l'avait fait l'OM en mars 2006 face à ce même PSG (0-0), mais de reposer les joueurs cadres en vue des échéances à venir : la réception de Toulouse en Ligue 1 et celle de la Juventus Turin, mercredi prochain, en demi-finales aller de la Ligue des champions. 

"Pas très respectueux". Même si le technicien portugais avait annoncé son choix, voir une demi-finale de Coupe de France aussi escamotée, ça choque. De fait, mis à part Andrea Raggi et Valère Germain, sortis peu avant l'heure de jeu, et le gardien Morgan de Sanctis, tous les joueurs de l'ASM, titulaires comme remplaçants entrés en jeu, étaient des habitués du bout du banc et plus encore aux matches de CFA, l'équivalent de la 4ème division. En face, le PSG alignait son équipe type. Le résultat final est on ne peut plus logique : 5-0.

Draxler marque le premier but d'une longue série... :

Le milieu de terrain du PSG Marco Verratti a trouvé que Monaco n'avait pas été "très respectueux" vis-à-vis de la Coupe de France. Difficile de lui donner tort, alors qu'il s'agit cette année de la 100ème édition de la doyenne des compétitions de clubs en France et que l'ASM était de fait à deux matches d'un titre, ce qu'il n'a jamais encore connu depuis l'arrivée aux commandes en 2011 du milliardaire russe Dmitri Rybolovlev.

"On assume". Pourtant, le président du club, Vadim Vasilyev,  a totalement assumé le choix effectué mercredi soir. "Bien évidemment, il y a toujours une chance (de gagner), mais c'était mission impossible ce soir", a-t-il reconnu en zone mixte. "Le résultat est logique. je souhaite retentir la meilleur de ce match, à savoir que c'était une bonne expérience pour les jeunes. On ne pouvait pas faire autrement. On assume, c'était un choix fait avec le coach, la direction sportive et le département médical. C'est malheureux mais on ne pouvait pas jouer la Coupe de France. Nous l'avons joué jusqu'au moment où il était possible de le faire. C'était inespéré pour nous en début de saison d'être en demi-finales de Ligue des champions et leader de Ligue 1 (avec le même nombre de points que le PSG, mais avec un match en moins à disputer contre Saint-Étienne, ndlr). Nous sommes l'équipe qui a joué le plus de matches cette saison en Europe. J'assume le choix."

"On ne pouvait pas faire d'autre choix". Il n'y avait pas de regret non plus dans les paroles de Leonardo Jardim. "Les personnes qui comprennent le foot, qui savent ce qu'il se passe à ce niveau, savent bien qu'actuellement, Monaco a cinq ou six joueurs qui ont de petits ou grands soucis (physiques)", a-t-il reconnu en conférence de presse. "Si nous jouons avec les mêmes douze ou treize joueurs, si nous n'avions pas fait ce choix ce soir (mercredi soir), peut-être que nous ne serions pas arrivés à la fin de saison avec onze joueurs. Nous avons joué contre une équipe qui a 25 joueurs de top niveau, qui peut jouer toutes les compétitions. Nous avons un groupe de quinze joueurs, on ne pouvait pas faire d'autre choix." Monaco avait joué à Lyon dimanche (victoire 2-1) et rejouera dès samedi contre Toulouse, lors de la 35ème journée de Ligue 1.

Sacrifier une compétition pour augmenter ses chances d'en gagner une ou deux autres : voilà le raisonnement qu'ont eu les dirigeants monégasques. On ne peut pas non plus totalement écarter l'idée qu'ils aient voulu protéger leurs joueurs majeurs d'une nouvelle déconvenue face au PSG, trois semaines et demie après la correction subie en finale de la Coupe de la Ligue (4-1), avec l'équipe type cette fois (moins Falcao et Fabinho), même si ce revers n'avait pas altéré le rendement de l'équipe, que ce soit en Ligue 1 ou en Ligue des champions.

Capitaine, Valère Germain n'a pas surnagé dans la galère. "C'est frustrant parce qu'en plus, c'est quand même une demi-finale de Coupe de France", a-t-il reconnu dans des propos repris par L'Équipe.fr. "Après, il y a eu tellement de matches depuis le début de la saison, il y en a encore beaucoup qui arrivent, on est en course pour remporter le titre de champion de France, on est en demi-finales de la Ligue des champions...  À un moment, il a fallu faire un choix. Malheureusement, ça a été sur ce match de Coupe de France."

"En Ligue des champions". Et qu'en pensent les supporters de Monaco, frustrés de titre  majeur depuis 2003 ? Dans le stade, les quelque 400 supporters de l'ASM n'ont pas paru troublé outre-mesure par cette lourde défaite. Et se sont même amusés visiblement des chants entonnés depuis la tribune Boulogne du Parc des Princes : aux "Et ils sont où les Monégasques ?", ils ont répondu "En Ligue des champions"…

La plupart comprennent le choix de leur club et regrettent surtout le manque d'agressivité de leurs jeunes, dont ils détaillent les performances sur les forums de supporters. Même si l'un d'entre eux résume : "En espérant que ce temps de repos nous apporte un titre en fin d'année sinon nous passerons pour des c… : Jardim en tête d'affiche." C'est effectivement la fin de saison qui dira si le choix effectué par l'ASM mercredi soir était bon. Ou...