"J'en ai assez que les supporters soient traités comme des citoyens de seconde zone"

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Virginie Phulpin , modifié à
Alors que la tension monte entre les ultras et la Ligue de football, Virginie Phulpin, notre éditorialiste sport, prend la défense des supporters ce lundi 26 âout. 

La tension monte entre les ultras et la Ligue alors que la question de l'homophobie des chants s'est invitée en la Ligue 1 ce week-end avec, pour la première fois, deux brèves interruptions de matchs à Monaco et à Brest. Interdictions de déplacements, huis-clos, vente d'alcool… Le monde des supporters fait actuellement débat alors que la saison de Ligue 1 a repris depuis trois semaines. Virginie Phulpin, notre éditorialiste sport, prend la défense des supporters ce lundi 26 âout. 

"J’en ai assez que les supporters soient traités comme des citoyens de seconde zone. Depuis le début de la saison, on a joué 27 matches de Ligue 1. Et il y a eu 11 arrêtés préfectoraux pour interdire ou limiter drastiquement les déplacements de supporters ! Ça fait un gros ratio. Depuis 8 ans, les préfets ont ce pouvoir de limiter les déplacements des fans de foot. Au départ, ça concernait quelques matches seulement, les matches à hauts risques. Très bien, ça semble normal. Mais comment en est-on arrivé à cette inflation galopante ? Est-ce que les violences autour des matches de foot ont explosé ? Non. Ça ressemble davantage à de la facilité. Les préfets interdisent les déplacements, comme ça ils sont sûrs de ne pas avoir de problèmes. Mais quand on voit le degré d’agacement provoqué, j’ai peur que ça conduise au contraire à une recrudescence de violences.

Les associations de supporters alertent et demandent le dialogue avec les autorités. Même Noël Le Graët, le président de la fédération française de football, a dit, sur Europe 1, que ça ne pouvait plus durer et qu’il voulait être entendu. Ça n’est pas exactement un punk, Noël Le Graët ! Alors allons-y, dialoguons, il en ressortira forcément quelque chose de meilleur que de la répression à tout va."

Et puis l’affaire de l’alcool dans les stades a aussi cristallisé pas mal de rancœurs

"Ça aussi ça retombe directement sur les supporters alors qu’ils n’ont rien demandé. Elargir la vente de boissons alcoolisées dans les stades, c’est dans une proposition de loi de députés de la majorité. Ça n’est pas une revendication des fans de foot. La banderole déployée par les supporters de St Etienne la semaine dernière en dit long. « La bière on s’en fout, on a surtout soif de plus de liberté ». Evidemment, je ne vais pas vous dire que les Ultras sont tous de gentils agneaux, mais ce ne sont pas non plus tous des délinquants potentiels. Avec le dialogue, on devrait réussir à séparer le bon grain de l’ivraie sans punir tout le monde. Le but de la plupart des fans n’est pas de se battre et d’ingurgiter des litres d’alcool, dépassons un peu les clichés. Alors oui, il faut dialoguer pour que les supporters retrouvent leur liberté de déplacement, pour qu’on les traite à égalité avec les autres citoyens, et pour retrouver de la fraternité dans les stades. Liberté, égalité, fraternité, ça concerne aussi les supporters."