Football : Neymar relaxé par la justice espagnole dans le procès sur son transfert au Barça

Le procès de Neymar avait été intenté, en 2015, par la société d'investissement brésilienne DIS
Le procès de Neymar avait été intenté, en 2015, par la société d'investissement brésilienne DIS © AFP
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avec AFP
Poursuivi pour des irrégularités présumées lors de son transfert au FC Barcelone en 2013, Neymar, la star brésilienne du foot, a été relaxé mardi en Espagne à l'issue d'un procès marqué par le retrait surprise des accusations du parquet.

Les juges de l'audience provinciale de Barcelone ont décidé la "relaxe de Neymar" et des huit autres prévenus, estimant ne pas avoir constaté de délit et donc de "préjudices pour les plaignants", a indiqué dans un communiqué ce tribunal.

Outre Neymar et ses parents, deux ex-présidents du Barça (Sandro Rosell et Josep María Bartomeu) ainsi qu'un ex-dirigeant du club brésilien de Santos, où le joueur évoluait auparavant, étaient poursuivis dans cette affaire, aux côtés du Barça, de Santos et de l'entreprise fondée par les parents de Neymar pour gérer sa carrière. Ce procès, portant sur des faits présumés de corruption et de fraude, s'était tenu en octobre, à un mois seulement du coup d'envoi du Mondial au Qatar, où "Ney" et la Seleçao ont été éliminés en quart de finale par la Croatie.

Contrat d'exclusivité

C'est la société brésilienne DIS, détentrice de 40% des droits de Neymar lorsqu'il évoluait à Santos, qui avait porté l'affaire en justice en 2015, affirmant que le Barça, Neymar, sa famille puis Santos s'étaient alliés pour dissimuler le montant réel du transfert au Barça et ainsi "l'escroquer".

La société brésilienne reprochait aussi au joueur et à son entourage de ne pas l'avoir informée de l'existence d'un contrat d'exclusivité signé en 2011 entre la star brésilienne et le Barça, qui a faussé, selon elle, le mercato. Le parquet, qui avait fait siennes les accusations de DIS durant l'instruction, a finalement estimé qu'elles "n'étaient pas construites sur des preuves" mais "sur des présomptions" et que le dossier relevait de la justice civile et non pénale.

Ce revirement avait mis en lumière de profondes divergences au sein du ministère public espagnol concernant ce dossier complexe, instruit à l'origine par des procureurs madrilènes avant que leurs collègues de Barcelone ne récupèrent l'affaire. À la suite de la volte-face du parquet, l'accusation ne reposait plus que sur DIS, qui représentait dans ce procès l'"accusation particulière" - un statut juridique permettant à la victime présumée du délit de requérir des peines.

 

"Simples soupçons"

Or, les arguments de l'entreprise brésilienne ont été jugés insuffisants par la justice. L'existence d'un "contrat fictif ou la volonté de nuire à DIS n'ont pas pu être prouvées", a ainsi estimé le tribunal dans son jugement.

"L'accusation a fait des déductions qui ne vont pas au-delà de simples soupçons. Ce ne sont pas des signes de délit", insistent les juges dans ce document, disant ne pas avoir d'éléments sur un quelconque "pot-de-vin proposé au joueur" lors de son transfert.

Le Barça avait initialement chiffré le coût de ce transfert à 57,1 millions d'euros (40 millions pour Neymar et sa famille et 17,1 pour le club de Santos) mais la justice espagnole a estimé qu'il avait en réalité coûté au moins 83 millions. DIS, qui a touché 6,8 millions d'euros sur les 17,1 officiellement versés au club brésilien, réclamait 35 millions d'euros de dédommagement.

 

Appel du jugement

La société brésilienne a annoncé mardi qu'elle ferait appel du jugement et a indiqué "regretter qu'une occasion ait été perdue de fixer des limites à certaines pratiques de corruption dans le monde du football". Lors du procès, Neymar avait affirmé ne pas "se souvenir" d'avoir participé aux négociations de l'accord d'exclusivité de 2011, assurant s'en être remis aux choix de son père et avoir signé ce que ce dernier lui disait de signer.

Le père de Neymar avait soutenu de son côté que ce n'était pas à lui mais à Santos d'informer DIS de l'existence de négociations, autorisées selon lui par le club brésilien dans une lettre. Ce procès a été surnommé "Neymar 2", "Neymar 1" désignant l'affaire de fraude fiscale dérivant de ce même transfert, qui s'est conclue en 2016 par un accord entre le parquet et le Barça, qui a accepté de payer une amende de 5,5 millions.