Euro : fallait-il maintenir Pavard sur le terrain lors du match contre l’Allemagne ?

Benjamin Pavard après avoir été percuté par l'Allemand Robin Gosens en plein visage mardi.
Benjamin Pavard après avoir été percuté par l'Allemand Robin Gosens en plein visage mardi. © ALEXANDER HASSENSTEIN / POOL / AFP
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avec AFP
Le choc subi par Benjamin Pavard lors du match France-Allemagne de l'Euro a soulevé beaucoup d'interrogations. Mis KO, le Bleu n'a pourtant pas été remplacé, ce qu'a déploré mercredi le syndicat mondial des joueurs (Fifpro). Mais la décision de sortir ou non un joueur touché à la tête appartient à chaque équipe.

Ravivant le débat sur la prise en charge des commotions dans le football, le syndicat mondial des joueurs (Fifpro) a déploré mercredi que le Français Benjamin Pavard n'ait pas été remplacé après avoir été percuté par l'Allemand Robin Gosens en plein visage mardi à l'Euro. "La Fifpro est en contact avec l'UEFA pour savoir pourquoi la Charte des commotions cérébrales n'a pas été appliquée, et donc Benjamin Pavard sorti du terrain", indique l'organisation mercredi sur Twitter. A l'heure de jeu, alors que l'Allemagne était menée 1-0 et poussait pour égaliser, Gosens était arrivé lancé dans la surface française et sa cuisse avait percuté le visage du latéral des Bleus.

"J'ai pris un sacré choc"

Pavard s'était effondré sous la violence du choc, sa tête subissant un deuxième impact en heurtant le sol. Il avait néanmoins pu se relever et, après une évaluation de quelques minutes, avait repris la partie. Le défenseur de Séville Jules Koundé était parti s'échauffer, alors que le sélectionneur des Bleus disposait encore de cinq remplacements, mais Benjamin Pavard avait finalement terminé la rencontre. "J'ai pris un sacré choc. J'étais un peu KO pendant 10 à 15 secondes. Après, ça allait mieux", a expliqué le défenseur du Bayern sur BeIn Sport après la rencontre.

"Pavard était apte"

Interrogé mercredi, son coéquipier Raphaël Varane a expliqué qu'il avait fallu "quelques instants" à Pavard "pour être totalement bien", mais qu'ensuite "il était en condition pour jouer". "Les médecins sont arrivés et ils ont vu qu'il était parfaitement conscient de la situation et qu'il était apte", a raconté le défenseur des Bleus, lui aussi "vigilant". L'UEFA comme la Fédération française de football indiquent de leur côté "être en contact" au sujet de Benjamin Pavard, qui a participé normalement mercredi au décrassage des Bleus à Munich.

 

La décision de sortir ou non un joueur touché à la tête appartient à chaque équipe, l'instance ne prévoyant ni évaluation médicale indépendante, ni conduite systématique à tenir en cas de choc à la tête. Ferraillant sur ce sujet depuis des années, la Fifpro avait salué une série de recommandations sur le traitement des commotions annoncées samedi par l'UEFA, après des échanges en ligne avec les médecins des 24 équipes engagées dans le tournoi. "Nous confirmons que si un joueur de notre équipe est soupçonné d'avoir subi une commotion cérébrale, il sera immédiatement sorti du terrain, que ce soit à l'entraînement ou en match", prévoit cette nouvelle charte.

La difficulté d'évaluer des "soupçons" de commotion

Mais toute la difficulté réside dans l'évaluation du "soupçon" de commotion, réalisée sur le terrain immédiatement après l'incident, alors que les symptômes d'un choc au cerveau peuvent apparaître avec retard. Familier à nombre de sports sujets aux impacts et aux chutes, du rugby à la boxe en passant par le cyclisme, ce problème a donné lieu à des recommandations internationales d'experts citées par la FIFA. Selon ces conseils génériques, "l'examen initial" du joueur n'est qu'une première étape, et ce diagnostic "doit être confirmé dans les 24 à 72 heures suivant l'incident, dans un cadre clinique et par un spécialiste des commotions cérébrales".

L'évaluation rapide sur le terrain sert à détecter les signaux inquiétants d'emblée, tels les maux de tête, vomissements, convulsions ou confusion mentale : pour cela, le médecin observe le joueur, lui pose des questions-type et teste ses gestes.
Mais l'un des risques relevés par les spécialistes est celui d'un "hématome sous-dural", où le sang vient progressivement comprimer le cerveau, rendant l'athlète très vulnérable à un deuxième impact alors qu'il semblait avoir bien récupéré.
Ce danger a été particulièrement pris en compte dans le rugby, qui a durci ses protocoles de reprise et même modifié ses règles de plaquage après le décès de plusieurs joueurs.