L'unité de la Belgique dure 90 minutes

Les supporters de la Belgique.
Les supporters de la Belgique. © REUTERS
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ROUGE DE PLAISIR – Dans un pays déchiré entre ses communautés francophones et flamands, les Diables Rouges déchaînent les passions. Mais cette unité nationale ne dure que le temps d'un match.

Le paradis des Diables. Des maillots rouges, des drapeaux tricolores et une foule en liesse dans toute la Belgique. Chez nos voisins, la sélection nationale a déclenché un engouement et une ferveur incroyables après sa qualification pour la Coupe du monde au Brésil, en octobre dernier. A quelques jours du début du Mondial, le soufflet est loin d'être retombé. "Il y a une soif de suivre l'équipe au Mondial. Il faut dire que la Belgique n'était plus qualifiée pour une Coupe du monde depuis 2002.", constate Olivier Le Bussy, journaliste au quotidien francophone La libre Belgique. Même son de cloche chez les voisins flamands. Rob Heirbaut, journaliste à la VRT, la télévision publique belge flamande, témoigne : "Les gens accrochent des drapeaux à leur voiture, les bars sont peints aux couleurs de la Belgique." Dernière preuve en date de cette adhésion, 720 000 Belges ont suivi le dernier match entre les Diables Rouges et la Tunisie, remporté 1-0. Soit une part de marché de 54,4%, un record d'audience pour une rencontre amicale depuis 1997. 

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Le souvenir de 1986. Il faut dire que les résultats récents de la Belgique sont excellents. Les Diables Rouges ont terminé premiers de leur groupe de qualification, devant la Croatie, et son actuellement 11e au classement FIFA, devant les prestigieux voisins néerlandais (15e) et français (17e). De quoi faire espérer à Rob Heirbaut de revivre les grandes heures de la sélection : "En 1986, quand nous sommes arrivés en demi-finale du Mondial (défaite face à l'Argentine), il y a eu une énorme fête dans tout le pays au retour des joueurs". Pourtant la sélection a connu un long trou noir entre 2002 et 2012. Durant cette période, les Diables Rouges ne se sont qualifiés pour aucune compétition internationale. Mais aujourd'hui, les Diables Rouges sont revenus de l'enfer grâce à une génération exceptionnelle.

Collectif métissé. Entre Eden Hazard, la star de Chelsea, ou le capitaine de la sélection et défenseur de Manchester City, Vincent Kompany, la plupart des joueurs évoluent dans des grands clubs européens. Et les Belges se reconnaissent dans leur sélection : "Cette équipe est un mélange de wallons, de flamands, des joueurs d'origine arabe aussi, à l'image de Marouane Fellaini. En plus, beaucoup d'entre eux sont bilingues, comme le capitaine Vincent Kompany. Et l'entraîneur, Marc Willmotts, maîtrise aussi parfaitement les deux langues. C'est très important pour que tout le monde adhère aux Diables Rouges", observe Olivier Le Bussy. Et Rob Heirbaut ajoute, avec un sourire non dissimulé : "En plus, la plupart des joueurs francophones font un effort pour parler en néerlandais. Ils le parlent même mieux que notre premier ministre, Elio Di  Rupo."

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Diable rouge avant tout. Car la Belgique est toujours déchirée entre Flamands et francophones. Lors des élections législatives du 25 mai, les nationalistes flamands du NVA sont arrivés en tête avec près d'un tiers des voix côté néerlandophone. Le leader de la formation politique, Bart de Wever, est désormais chargé de former un gouvernement. "Mais, comme les sondages le montrent, la plupart des Flamands ne sont pas pour la partition du Royaume en deux ou trois entités. Les gens votent pour eux pour changer la manière de diriger le pays et donner plus de pouvoir aux Régions. Il n'y a pas de problème pour se mettre en noir, jaune et rouge puis voter ensuite pour le NVA. Mais c'est sûr que quand on connaît la situation du pays, c'est surprenant", explique Rob Heirbaut.

Le clip de Ta fête, de Stromae, l'hymne officiel de la Belgique :

Succès marketing.  Dans une Belgique où les communautés francophones et néerlandophones cohabitent tant bien que mal, la sélection est un symbole fort. "Dans un pays où le sentiment national n'est pas très développé, ce n'est pas anodin", constate Olivier Le Bussy. Mais le journaliste s'empresse d'ajouter : "Le danger serait de surinvestir la portée politique de leurs performances. Ils ne vont pas désamorcer la tendance de fond qu'on observe depuis des années. Il y a deux communautés qui ne se parlent pas, qui ne se connaissent pas et qui n'adulent pas les mêmes vedettes. Par exemple, Benoît Poelvorde est totalement inconnu pour les Flamands". Mais les footballeurs, eux, sont devenus des héros dans tout le pays. "C'est même devenu un produit marketing. On les voit partout, sur tous les murs, dans les publicités. Et avec Stromae, c'est un coup de maître", conclut Olivier Le Bussy. Car l'hymne officiel des Diables Rouges, c'est la chanson Ta fête, du célèbre chanteur belge Stromae. En cas de victoire mardi soir face à l'Algérie (18h), pour leur premier match du Mondial, les Belges sauront sur quoi danser.

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