Escalettes : "j'ai été impuissant"

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EQUIPE DE FRANCE - L'ex-président de la FFF reconnaît qu'il n'a rien pu faire en Afrique du Sud.

Absent des médias depuis son départ de la présidence de la fédération française de football en juillet dernier, Jean-Pierre Escalettes sort de son silence dans un entretien à paraître mardi dans le bi-hebdomadaire France Football. Vilipendé pour son management pré-Coupe du monde et son choix a priori de placer Laurent Blanc à la tête des Bleus, l'ancien homme fort de la 3F a également été critiqué pour sa gestion durant la Coupe du monde où il est apparu totalement dépassé par les événements. Cela transparaissait lors de la conférence de presse donnée aux côtés de Patrice Evra à la veille de la grève de l'entraînement. C'est confirmé aujourd'hui par ses propos.

"Domenech m'a déçu"

Escalettes revient notamment sur l'épisode du bus, dans lequel les joueurs de l'équipe de France s'étaient réfugiés après avoir sauté l'entraînement. "Dans ce fameux bus, le président de la FFF que j'étais s'est trouvé devant un mur et je n'ai pas su faire passer ce message simple : "Vous pouvez manifester une certaine grogne par solidarité pour un copain, mais faire grève devant toute la France, non !" À ce moment-là, j'ignorais que tout était diffusé en direct à la télévision."

En Afrique du Sud, Escalettes ignorait visiblement beaucoup de choses : les insultes de Nicolas Anelka, dont Raymond Domenech ne lui avait pas parlé - "Je ne comprends pas pourquoi il ne l'a pas fait. (...) Je ne veux pas faire le procès de Raymond Domenech, mais il m'a déçu" - ou le projet de grève fomenté par les Bleus - "Jamais Patrice Evra, le capitaine, dans les nombreuses discussions que nous avons eues les jours précédents, n'a fait la moindre allusion à une possibilité de grève".

"Je crois que les joueurs étaient ailleurs"

Ce même Evra qui l'a empêché de demander son avis à Thierry Henry dans le bus. "Oui, j'ai eu envie de m'adresser directement à Thierry Henry, qui ne disait rien, assis au fond du bus", explique Escalettes. "Mais je ne l'ai pas fait. Un capitaine avait été choisi, Patrice Evra. Il avait été de toutes les discussions et décisions précédentes, je m'appuyais sur lui. En m'adressant à Thierry, je l'aurais fait passer pour un con. Je n'ai pas été bon. J'ai été impuissant." De cet épisode du bus, Escalettes conserve finalement une drôle d'impression.

"Aucun joueur que j'avais face à moi n'a manifesté quelque chose", souligne-t-il. "Il n'y avait pas d'agressivité, mais pas de discussion possible. Ils me regardaient sans moufter, sans baisser les yeux non plus, comme s'ils avaient fait un serment sur la Bible ou le Coran. Jérémy Toulalan m'a simplement dit: "Vous ne nous avez pas soutenus, vous deviez porter plainte contre L'Equipe !". J'ai évoqué la liberté de la presse, mais je crois qu'ils étaient ailleurs."

Ailleurs mais pas n'importe où, c'est là où le président de la FFF décida de renvoyer Anelka. "Dans ma gentillesse habituelle, je lui ai indiqué qu'il rentrerait en Europe dans les meilleures conditions, en classe affaires, directement vers Londres, comme il le souhaitait." Le 13 décembre prochain, c'est Jean-Pierre Escalettes qui s'en ira, après 25 ans passés au conseil fédéral.