Si après deux finales de rang, les portes des phases finales du Top 14 resteront fermées à l'Usap, le club catalan peut encore sauver sa saison, et retrouver la Coupe d'Europe la saison prochaine, en remportant la première H Cup de son histoire. Un dessein qui passe par un exploit dimanche, sur le terrain des Saints de Northampton. Pour le dernier grand défi de Jacques Brunel à la tête des Sang et or. "Ces jours n'ont pas un parfum particulier. Nous avons un défi à relever et je pense qu'on a les moyens de le relever. Et je ne pense qu'à ça." A 57 ans, Jacques Brunel, cité par Le Midi Libre, n'est pas du genre à verser dans le sentimentalisme... Le manager général catalan, dont la nomination au poste de sélectionneur de l'Italie serait, dit-on, sur le point d'être officialisée dimanche soir par la Fédération transalpine (FIR), peut bien vivre ses dernières heures à la tête de l'effectif sang et or, le Gersois garde la moustache flegmatique du technicien madré que seul le terrain préoccupe. Pressé toute cette semaine de questions autour de son avenir, Brunel a soigneusement botté en touche devant chacun de ses interlocuteurs, bien trop occupé qu'il était à préparer le dernier rendez-vous de la saison de l'Usap. "On joue la saison sur ce match", convient. Le championnat passé par pertes et profits du côté de Toulon, où le sursis catalan a fini par sauter (43-12), son équipe conserve sa planche de salut. Celle qu'elle a su préserver tout au long de la saison quand le Top 14 se refusait, cette Coupe d'Europe que Nicolas Mas et ses coéquipiers ont su sublimer jusqu'en quarts de finale, au cours d'une journée inoubliable pour tout un peuple à Barcelone, pour parvenir à hisser le club dans le dernier carré de la H Cup pour la troisième fois de son histoire après 1999 et 2003. Ces Saints "défoncent tout" "C'est déjà un parcours rare, mais maintenant, le plus beau arrive, c'est le%ENCAART% titre", assène encore Brunel, qui ne cache forcément pas à ce stade de la compétition son "ambition d'aller au bout". "Et pour aller au bout, il nous faut faire un exploit puisque c'est bien d'un exploit dont il s'agit..." L'ancien adjoint de Bernard Laporte en équipe de France mesure le défi qui attend sa formation dimanche, du côté de Northampton, où l'attendent des Saints, qui n'en ont que le surnom. Car cette équipe anglaise, honnête quatrième de Premiership, fait bien plutôt figure d'épouvantail dans cette édition, elle qui peut se targuer d'avoir remporté sept victoires... en sept matches ! Et peut devenir la première formation tête de série n°1 à l'issue de la phase de poules à remporter le titre suprême ; une consécration déjà atteinte par l'équipe de Nord de Londres en 2000, dès sa première participation. Oui, l'Usap s'attaque ce dimanche à une sorte d'Everest, déjà éprouvé l'an dernier, lorsqu'en phase de poules Mas et sa bande avaient été balayés (34-0) chez les Saints, elle qui en onze déplacements outre-Manche ne s'est jamais imposé en Angleterre. Une incapacité face à l'Albion qu'elle partage avec son entraîneur, lui aussi marqué à jamais par ses échecs avec les Bleus en demi-finales de la Coupe du monde (2003, 2007). "Mais, notre match nul à Leicester (22-22, en poule le 18 décembre dernier) modifie la donne. On sait qu'on peut le faire," martèle Brunel, qui admet malgré tout au sujet de son adversaire, truffé d'internationaux anglais, du pack, dont Dylan Hartley, Courtney Lawes et Tom Wood sont parmi les fers de lance, aux lignes arrières, où brillent les deux bombes du Royaume, Ben Foden et Chris Ashton (voir par ailleurs): "On connaît son potentiel. On sait que depuis le retour du Tournoi, ils tournent plein pot." Mais l'entraîneur d'ajouter: "Comme Leicester est un peu au-dessus de Northampton, pourquoi pas ?" Une vérité dans le championnat anglais, où les joueurs de Jim Mallinder n'ont décroché leur ticket pour les phases finales que le week-end dernier, mais que bat en brèche le souffle sur le front de l'Europe de ces Saints, qui devront toutefois quitter pour l'occasion leur mythique "Franklin's Garden", jugé trop petit, pour le "Milton Keynes", à quinze kilomètres de Northampton... En expert, l'Anglais de l'Usap, Perry Freshwater, qui ne sera pas de trop pour rivaliser en première ligne au côté de la première ligne internationale, Schuster-Guirado-Mas, absente samedi dernier à Toulon, juge d'ailleurs: "Ils défoncent tout le monde en mêlée là-bas... Il y a de la classe partout." Qui n'autorisera pas cette fois l'Usap à connaître un faux départ, tel qu'elle avait su le surmonter à Montjuich face aux Toulonnais, ou une sortie de route, à l'image de celle qui lui fut fatale à Mayol. "Chaque match a son histoire. Plutôt que d'être mené à la mi-temps et réduits à quatorze, j'espère qu'on aura dix points d'avance et qu'eux seront à treize...", ose espérer Brunel dans un sourire. L'accès à la finale de Cardiff sera à ce prix. "C'est même un double défi commun pour l'Usap et pour moi, ajoute-t-il. Nous avons déjà tous les deux échoué en finale, mais pas ensemble". Perpignan n'a rien oublié de son échec de 2003 en finale face à Toulouse (17-22). Quand Brunel, lui, garde intacte le souvenir du revers, également en finale, face à l'Ulster (6-21) lorsqu'il co-entraînait Colomiers en 1999. En demi-finale, cette année-là, il avait écarté l'Usap, qui naissait à la Coupe d'Europe. Une manière de boucler la boucle...