"Une Ligue 1 à 18, je suis contre"

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FOOT - Alors que le passage à 18 clubs reste dans les cartons, Guy Roux avance un avis tranché.

Vieux serpent de mer de l'élite du football français, le passage à 18 clubs s'invite à la Une de L'Equipe, vendredi. Le quotidien détaille les contours du projet Delta, vaste ensemble de mesures auquel réfléchirait la Ligue de football professionnel (LFP). Son président, Frédéric Thiriez, en avait déjà livré les principales clés dans un entretien au Monde : réduction du nombre de descentes et de montées, valorisation des clubs engagés en Coupe d'Europe et donc, resserrement de l'élite avec un retour à 18 clubs au lieu de 20 actuellement. La première division a déjà compté 18 clubs, entre 1997 et 2002. A l'époque, Guy Roux, consultant Europe 1, était vice-président de la LFP et donc membre de son conseil d'administration. Il avait pris partie pour une L1 à 20 clubs. Plus d'une décennie plus tard, il n'a pas changé d'avis.

Matuidi face à Valenciennes (930x620)

"Le président de la LFP semble soutenir l'idée d'un retour à une élite à 18 clubs. Quel est votre sentiment ?
Je vais commencer par un petit calcul mathématique. Aujourd'hui, il y a 38 journées de 10 matches, ce qui fait 380 matches par saison. On nous propose 34 journées de 9 matches, ce qui ferait 306 matches. On aboutit à 74 matches en moins. Admettons qu'il y ait 20.000 spectateurs de moyenne pour ces matches. Cela fait donc 1.480.000 spectateurs de moins. A 30 euros la place en moyenne, cela fait une somme de 44,4 millions d'euros. Vous connaissez une entreprise dans le monde qui se priverait par un vote d'un chiffre d'affaires de 44,4 millions d'euros ?

L'argument avancé est celui du resserrement, et donc du renforcement, de l'élite...
La France est grande, elle a deux millions de footballeurs, elle peut bien être représentée par vingt clubs. En passant à 18, vous courez le risque de perdre deux places fortes du football français. Pourquoi veut-on passer à 18 clubs ? Parce que le partage sera en 18 plutôt qu'en 20 ? En réalité, ça signifierait enlever les deux plus petites parts du gâteau. Est-ce que ça suffira pour contrecarrer les finances des clubs anglais ? Est-ce que ça sera comparable avec ce qu'amènent les gens du Golfe ou de l'Est ? Evidemment non. Financièrement, cette mesure ne modifiera en aucun cas l'équilibre des forces à l'échelle européenne.

"Il y a une mentalité Coupe d'Europe qui a disparu en France"

Gomis face à Ajaccio (930x620)

Cela permettrait au moins d'alléger le calendrier des clubs...
Ecoutez, quand j'étais entraîneur, la compétitivité des clubs français en Europe était bonne car on avait d'abord la volonté de la jouer. On ne mettait pas des joueurs importants en CFA sous prétexte qu'on veut les vendre. On les faisait jouer et on se qualifiait. Suivez mon regard... (Guy Roux fait référence à l'affaire Gomis, ndlr) Il y a une mentalité Coupe d'Europe qui a disparu en France. Les clubs mettent leurs joueurs au repos en Ligue Europa pour être meilleurs en championnat... pour pouvoir se qualifier en Coupe d'Europe. Et puis, je le dis sur le ton de la blague, mais c'est une réalité : pour éviter la fatigue engendrée par les quatre matches de plus au calendrier, on pourrait interdire aux joueurs quatre nuits de discothèque, ça reviendrait au même. Et je ne parle pas des fautes de logistique lors des déplacements, qui sont pensés en fonction de l'intérêt des dirigeants et non de celui des joueurs. On ne joue pas plus aujourd'hui qu'avant. Alors oui, il y a une inflation des dates internationales. Mais, dans ce cas-là, ce sont les fédérations qui prennent le pas sur les clubs, et donc sur les entreprises qui les paient... Le problème est vaste et ne se limite pas à ces quatre matches que l'on pourrait éviter en repassant à 18 clubs."