Un banc de brouillard

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Thomas PISSELET , modifié à
Si le cinq majeur de l'équipe de France a été à la hauteur contre Israël (85-68), jeudi à Siauliai, les joueurs du banc ont été en retrait, n'arrivant pas à conserver l'écart creusé par Tony Parker, Nicolas Batum, Mickaël Gelabale, Boris Diaw et Joakim Noah, notamment dans le deuxième quart-temps. Contre l'Allemagne, prochain adversaire des Bleus dans le groupe B de l'Euro 2011, une telle inconstance pourrait coûter cher.

Si le cinq majeur de l'équipe de France a été à la hauteur contre Israël (85-68), jeudi à Siauliai, les joueurs du banc ont été en retrait, n'arrivant pas à conserver l'écart creusé par Tony Parker, Nicolas Batum, Mickaël Gelabale, Boris Diaw et Joakim Noah, notamment dans le deuxième quart-temps. Contre l'Allemagne, prochain adversaire des Bleus dans le groupe B de l'Euro 2011, une telle inconstance pourrait coûter cher. Rarement un cinq majeur n'aura aussi bien porté son nom. Face à Israël, l'équipe de France a eu deux visages jeudi soir à Siauliai. L'un séduisant, affiché par Tony Parker, Nicolas Batum, Mickaël Gelabale, Boris Diaw et Joakim Noah. L'autre inquiétant, arboré par la quasi-totalité des remplaçants. Sans grande conséquence puisque les Bleus l'ont emporté haut la main (85-68). Mais tout de même. Dès que les leaders tricolores ont laissé la place à leurs doublures, le niveau d'intensité défensive a baissé, la concentration offensive aussi. Et l'équipe israélienne en a profité pour recoller au score dans le deuxième quart-temps (32-32, 18e), alors que les Bleus semblaient s'être mis à l'abri quelques minutes plus tôt (28-14, 12e). "Le deuxième cinq n'a pas été performant", ne cache d'ailleurs pas Ali Traoré. Auteur de 8 points et 1 rebond avant de sortir pour cinq fautes, le pivot est celui qui s'en est le mieux sorti en attaque, son homologue Kevin Séraphin s'illustrant lui plutôt sous le cercle (5 points, 8 rebonds). Mais d'autres joueurs comme Nando De Colo, attendu dans un rôle de shooteur, Andrew Albicy ou encore Florent Pietrus, l'un des plus expérimentés du groupe, sont complètement passés à travers. "Parfois, le deuxième cinq peut faire de bonnes choses et nous l'inverse. Il y a des matches comme ça, minimise Nicolas Batum. Là, c'est vrai qu'ils ont fait quelques erreurs mais il est possible que vendredi, il nous fasse gagner le match. De toute façon, on en a parlé dans le vestiaire. J'ai confiance en eux et dans toute cette équipe-là." Traoré: "On s'est raté dans les grandes largeurs" N'empêche, l'écart d'apport entre les deux cinq est tel qu'on n'ose à peine imaginer l'étendue des dégâts si jamais l'un des joueurs majeurs est dans un jour sans. "Il faut qu'on arrive à avoir plus de stabilité, estime ainsi Vincent Collet. Le deuxième cinq doit au moins être capable de tenir le score. Je ne leur demande pas de l'aggraver, mais de le consolider. On va essayer de les recadrer." A la mi-temps du match, ça a déjà été un peu le cas, le sélectionneur ayant fait remarquer aux intéressés leurs lacunes. "Mais il n'avait même pas besoin de nous dire quoi que ce soit, ajoute Ali Traoré. On se l'ait dit nous-mêmes parce que si on s'amusait à paumer ce match, ça allait sérieusement compliquer notre Euro. On avait intérêt à se remettre dans le jeu dès la reprise." Si le constat a été moins flagrant après la pause, c'est aussi parce que Vincent Collet a toujours essayé de laisser un ou deux cadres sur le terrain, pour épauler les autres. Par prudence. "On s'est raté dans les grandes largeurs, sans doute à cause d'un petit manque de concentration, reprend Ali Traoré. Il ne faut pas qu'on se repose trop sur les starters parce qu'à un moment, ils vont être fatigués." Surtout vu les adversaires qui attendent les Bleus, avec l'Allemagne, l'Italie puis la Serbie. Comment éviter de tels extrêmes, qui risquent de porter préjudice à l'ensemble contre des nations plus fortes ? En reprenant quelques principes de base, selon Vincent Collet, qui en a rappelé quelques-uns à l'issue de la rencontre. Histoire que le message passe bien. "Je pense que, parfois, ils (les remplaçants) sont un peu trop gourmands, juge-t-il. Il faut vraiment faire preuve d'humilité et être très rigoureux pour avoir des bons tirs à chaque fois sans se sentir obligé de scorer. Ça nous permettrait de pouvoir défendre sur possession adverse alors que là, on prend des risques et on fait des erreurs qui nous empêchent de défendre. Ça fait double effet. Il faut que les joueurs qui viennent (du banc) comprennent qu'avant de montrer des choses, il faut déjà ne pas faire de bêtises." C'était peut-être tellement une évidence pour certains qu'il fallait le redire. La hiérarchie dans cette équipe de France est telle qu'elle est, clairement établie. Nettement plus que l'an dernier, au Mondial. Il suffit juste, désormais, que ceux du deuxième rang se mettent au diapason des meilleurs pour éviter ce genre de fausses notes.