Tout seuls les Blacks !

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S.L. , modifié à
A quelques heures d'ouvrir la Coupe du monde face aux Tonga devant leur public, les All Blacks mesurent plus que jamais l'incroyable pression suscitée par l'évènement. Annoncée depuis des mois, l'attente qui pèse sur McCaw et ses coéquipiers s'est teintée de défiance à l'égard de Graham Henry, sélectionneur soumis à une campagne de presse d'une rare violence. L'union sacrée attendue semble bien peu évidente...

A quelques heures d'ouvrir la Coupe du monde face aux Tonga devant leur public, les All Blacks mesurent plus que jamais l'incroyable pression suscitée par l'évènement. Annoncée depuis des mois, l'attente qui pèse sur McCaw et ses coéquipiers s'est teintée de défiance à l'égard de Graham Henry, sélectionneur soumis à une campagne de presse d'une rare violence. L'union sacrée attendue semble bien peu évidente... Lundi dernier. A quatre jours du match d'ouverture de la Coupe du monde face aux Tonga, le visage de Graham Henry apparaît dans le New Zealand Herald, le quotidien néo-zélandais de référence, sur un photo-montage, qui figure un baromètre dédié à la pertinence des choix du sélectionneur des All Blacks, ponctué d'un noeud coulant de pendu, lequel ne laisse guère de doutes sur le sort du technicien en cas de nouvel échec à l'occasion de la Coupe du monde, qui s'ouvre ce vendredi, à Auckland. Car Henry doit faire face à une campagne de presse plus que mordante à l'approche de l'évènement. Ainsi, sous la plume acérée de Chris Rattue, on peut lire: "Il y a davantage de trous dans l'effectif all black que dans un morceau de gruyère." Et d'énumérer ainsi: "Un vieil arrière statique (Muliaina), pas d'ailiers de talent, un deuxième ligne qui n'a pas faim de combat (A. Williams), des piliers (Afoa, B. Franks, Woodcock), qui ont tendance à s'écrouler quand Owen Francks ne joue pas, peu de combinaisons de jeu et deux défaites successives avant le début de la compétition (Afrique du sud, 18-5, et Australie, 20-25). On est loin de la machine de guerre qu'on nous promettait." Ambiance ! Henry et Jacquet, même combat ! "Un stade de quatre millions de supporters." Le slogan de cette septième Coupe du monde au pays du rugby appelait de manière implicite à l'union sacrée de tous les Néo-Zélandais derrière leur sélection nationale. Au lieu de quoi, ces derniers jours précédant l'entrée dans la compétition de Richie McCaw et ses coéquipiers face aux très rugueux joueurs du Tonga ont vu fleurir sur les libres antennes, dans les journaux, les critiques en tout genre, les débats enflammés et parfois violents, voire même jusqu'à la défiance à l'égard du mythe all black au moment même, où celui-ci a rendez-vous avec l'histoire en tant que pays hôte de la compétition. Graham Henry a beau posséder à la tête des Néo-Zélandais le plus incroyable bilan de l'histoire du rugby international (voir par ailleurs), ses détracteurs ressortent du bois pour mieux lui rappeler qu'il n'aurait jamais dû être reconduit dans ses fonctions suite à l'échec du Mondial 2007 en France. Il y a justement du Jacquet de 1998 chez le vénérable sélectionneur kiwi voué aux gémonies et dont la mise au pilori a connu son apogée mercredi avec l'annonce d'un premier quinze de départ il est vrai détonnant. Pas moins de neuf changements opérés à la formation qui s'est inclinée le mois dernier à Brisbane, face au rival australien, dans la finale du Tri Nations. Et quels changements ! Henry, soumis à cette incroyable pression, autant médiatique que populaire, a pris ses responsabilités. Et fait le choix de relever le défi physique annoncé par les joueurs du Pacifique avec une ligne de trois-quarts totalement expérimentale, d'une densité physique énorme, où l'arrière Mils Muliaina (31 ans, 98 sélections) n'a plus sa place, ni d'ailleurs même sur le banc, à l'instar également d'un Conrad Smith auquel est préféré Sonny Bill Williams. Pour permettre la titularisation de celui censé être le facteur X de cette Coupe du monde pour les All Blacks, Henry n'a pas hésité à déplacer Ma'a Nonu au poste de second centre, tout en titularisant aux ailes Toeava et Kahui, deux centres de formation. "Ce que nous essayons de faire c'est de dégager un noyau dur de joueurs en les faisant jouer assez souvent", s'est justifié Henry. Ce que la presse, à l'affût, a interprété comme tel : "Après une décennie à la tête des All Blacks, je n'ai toujours aucune idée de mon équipe type." McCaw: "Aucune influence sur le résultat final" Autant dire que c'est plus que jamais repliés dans leur bulle, même s'ils déchaînent toujours la passion du grand public, que McCaw et ses partenaires vont entrer dans ce Mondial. Même si les tauliers de ce quinze le plus vieux jamais aligné par les All Blacks durant un match de Coupe du Monde, avec une moyenne de 28 ans et 189 jours, se sont employés à faire retomber la pression ambiante, à l'image du vétéran Brad Thorn (36 ans), déjà titulaire avec le même Ali Williams, en 2003 déjà face aux Tonga, conseillant ses jeunes coéquipiers: "La première chose que je leur ai dit, c'est de ne pas lire les journaux. C'est un tournoi tellement particulier. Nous ne pouvons pas aborder cette compétition en considérant cette attente comme un fardeau, mais plutôt en nous disant: 'Wouah, quelle super opportunité !'" Cap'tain McCaw, lui, tient sans doute la seule vérité qui compte vraiment: "L'histoire a montré que ce qui se passe avant le coup d'envoi d'une Coupe du Monde, aussi bien en positif qu'en négatif, n'avait aucune influence sur le résultat final de la compétition." Les All Blacks sont bien seuls.