Ribéry, la télé et le foot

© Capture d'écran TF1
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EQUIPE DE FRANCE - Ribéry et les médias, une longue histoire qui s'est enrichie dimanche.

Neuf mois après le "Téléfoot" de Knysna, Franck Ribéry a fait dimanche son retour devant les caméras du rendez-vous dominical de TF1. Cette fois, le joueur du Bayern était invité et n'a pas fini au bord des larmes. Au contraire, deux jours après le succès au Luxembourg (2-0), son discours a fait la part belle au bonheur de retrouver les Bleus.

"J'ai été très bien accueilli", a-t-il dit en préambule d'un entretien venu clore une semaine de tentative de réhabilitation médiatique savamment préparée. "L'accueil s'est super bien passé. Tout le monde m'a mis à l'aise (...) Dans cette équipe, il y a beaucoup de jeunes joueurs, qui rigolent beaucoup, qui prennent beaucoup de plaisir." Et à la question de savoir si l'ambiance est bonne au sein des Bleus, le Munichois révèle sans ambages : "oui, beaucoup meilleure".

De la fraîcheur à la bêtise

Ah, les fautes de français... "Francky" en fait depuis son explosion médiatique, de Metz à Marseille, en passant par l'équipe de France. Mais ce qui passait pour de la fraîcheur est désormais perçu et rendu comme de la bêtise. Car cela fait longtemps que la lune de miel entre Ribéry et les médias, née en 2006, est terminée. "Ribéry, un vent de folie", "Génération Ribéry", "Au pays de P'tit Franck",... A l'époque de la Coupe du monde en Allemagne, où le joueur de l'OM se révèle au grand public, les papiers louant son talent se multiplient. Pour le grand public, Ribéry est encore ce p'tit gars venu du Nord qui fait des farces à ses coéquipiers et force l'admiration de tous. Mais pour la presse spécialisée, l'image du "gentil Ribéry" s'est déjà bien fissurée : transfert en cours de saison de Metz à Galatasaray, bras de fer engagé avec les dirigeants de l'OM pour rejoindre l'OL...

Mais c'est évidemment l'année 2010 qui change tout. Il y a d'abord l'affaire Zahia, source inépuisable de blagues de mauvais goûts. L'affaire Knysna ensuite, avec un leader supposé qui vient annoncer sur un plateau de télévision l'"envie de tout donner" et qui, quelques heures plus tard, fait la grève de l'entraînement. Ribéry prend cher : les tromperies, le physique, les contre-performances sur le terrain. De toutes ces attaques, relayées ou non par les médias, le joueur du Bayern a gardé un puissant ressentiment. Sa réponse : le mutisme. Et l'absence de journalistes français aux conférences de presse du Bayern. Mais, jusqu'à lundi, personne n'avait idée de l'intensité de sa rancoeur, qui a explosé dès ses premiers mots en conférence de presse.

Une rancune tenace

"Je ne vais pas vous cacher qu'il y a des choses qui ont été dites de votre part qui m'ont beaucoup choqué. J'ai senti de la méchanceté, de l'acharnement. Vous avez touché beaucoup de personnes autour de moi. Ma femme, mes proches", a-t-il souligné d'emblée, lundi. "Certains sont venus à Munich. Je restais des heures avec eux. Maintenant, je veux tourner la page." Et pour tourner la page, "Francky" le fantasque fait dans le classique. "C'était une grande fierté de retrouver vendredi l'équipe de France, ça n'a pas été un de mes meilleurs matches, mais l'essentiel, c'était de prendre les trois points", a-t-il déclaré dimanche. Humilité affichée, discours convenu, le nouveau Ribéry avance à pas feutrés dans sa nouvelle communication et ne prend plus de risque.

Interrogé sur la possibilité d'être sifflé, s'il joue, mardi, au Stade de France, face à la Croatie, il fait encore profil bas : "ça va être quelque chose de particulier. Il va y avoir 80.000 spectateurs, tous les Français (sic). Il y aura des sifflets, mais il faudra continuer à avancer." Son innocence définitivement perdue sur le plan médiatique, Ribéry espère maintenant convaincre par son jeu. Et il ne faut pas l'oublier, c'est le jeu qui a fait sa popularité autant que sa personnalité.