Paris peut prier

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SYLVAIN LABBE , modifié à
Après ses deux échecs en H Cup, le Stade Français a laissé s'échapper une 3e finale de Coupe d'Europe vendredi, à Cardiff, où les Harlequins, nouveaux recordmen des victoires en Challenge Européen (2001, 2004, 2011), sont parvenus à coiffer sur le fil les Parisiens (19-18). Les joueurs de Max Guazzini n'ont plus qu'à espérer le succès de Northampton samedi en H Cup pour croire en un éventuel repêchage dans cette compétition.

Après ses deux échecs en H Cup, le Stade Français a laissé s'échapper une 3e finale de Coupe d'Europe vendredi, à Cardiff, où les Harlequins, nouveaux recordmen des victoires en Challenge Européen (2001, 2004, 2011), sont parvenus à coiffer sur le fil les Parisiens (19-18). Les joueurs de Max Guazzini n'ont plus qu'à espérer le succès de Northampton samedi en H Cup pour croire en un éventuel repêchage dans cette compétition. La Coupe d'Europe reste toujours une énigme pour le Stade Français. Malheureux par deux fois en finales de H Cup (2001, 2005), même le Challenge Européen se refuse aux joueurs de Max Guazzini. Et comme face à Leicester, au Parc de Princes, et à Murrayfield, face aux Toulousains, c'est sur le fil que le club parisien a laissé s'envoler son premier trophée continental. Un capital de six points à sept minutes de la sirène (12-18), construit au prix d'une seconde période dominée sans partage, ou presque, mais sans toutefois parvenir à concrétiser, aura laissé entrevoir la victoire... Mais, à l'image de sa saison, Paris s'est échappé de son match. Une absence fatale, synonyme du seul et unique essai anglais délivré sur un rare éclair du demi de mêlée Danny Care pour son ailier Gonzalo Camacho (17-18, 77e). Les nerfs de Nick Evans ne trembleront pas sur la transformation. La dernière poussée parisienne en mêlée, que l'Irlandais M. Clancy refusera de récompenser (voir par ailleurs), n'y fera rien et ce sont les Londoniens qui entrent dans la (petite) histoire européenne avec ce troisième titre dans la compétition après les sacres de 2001 et 2004. Face à Narbonne et Clermont. Une bien triste tradition que le Stade Français a perpétué. Beauxis par la grande porte Entre le traditionnel habit d'arlequin bariolé et stylisé des Anglais et la tunique improbable du Stade Français (maillot foule), difficile de retrouver ses petits au coup d'envoi... L'appétit de jeu des Harlequins n'est pas une réputation usurpée, mais la bonne nouvelle de cette entame de match vient de la réplique apportée par les Parisiens qui, loin de se démonter, relève le défi. A l'image d'un Lionel Beauxis, que l'on devine tout de suite pour son dernier match très en jambes et judicieux dans l'alternance. Le futur Toulousain veut se faire regretter et tout y passe: de l'attaque de la ligne à un jeu au pied millimétré d'occupation, celui que son homologue, Nick Evans, le buteur des « Quins », a désigné avant la rencontre comme une machine à points, assume et fait aussi mouche des 50 mètres (13e). Tout irait pour le mieux pour le Stade si l'indiscipline ne s'en mêlait pas et permet à Evans, qui n'a rien à envier à « La Box », de porter son équipe en tête (6-3, 16e). Concernés, impliqués et solides en défense, Sergio et Parisse et ses coéquipiers sont éprouvés à l'approche de la demi-heure de jeu, mais ne cèdent pas sur le premier coup de force anglais. L'en-avant volontaire de Djibril Camara, qui vaut trois points de plus à Evans, est un moindre mal (9-3, 28e). Et Paris réagit sans attendre. Tandis que Julien Dupuy trouve des espaces et cherche à se hisser au niveau de son compère de la charnière, son capitaine, pêche par individualisme et oublie James Haskell pour un essai, qui chauffait. L'action est là aussi récompensée par la botte de Beauxis (9-6, 33e). Tout reste à faire la pause. Trois minutes fatales A la reprise, c'est une pénalité, pourtant en position favorable pour un Nick Evans à 100 % de réussite, mais jouée vite, trop vite par Danny Care qui à l'autre bout du terrain et au bout du contre français offre à Beauxis l'égalisation (9-9, 46e). Mieux, Paris met la main sur le ballon, s'installe dans les 22 mètres adverses et met en position Mathieu Bastareaud pour... l'improbable drop du pied gauche du trois-quart centre, qui pour la première fois voit le Stade passer en tête (9-12, 50e). Moins de réussite pour Beauxis dans la foulée (53e). Ses stratèges en première ligne, Paris compte aussi sur ses avants et toute la roublardise d'un Rodrigo Roncero pour mettre à la faute la mêlée anglaise sous ses poteaux et permettre à son buteur de creuser l'écart (9-15, 58e). Mais l'agressivité réclamée dans les rucks par Didier Faugeron à la mi-temps est outrepassée et Evans, à 40 mètres des poteaux... rate la cible pour la première fois (63e) ! On jurerait que cette finale est en train de choisir son vainqueur. Evans peut bien régler la mire (12-15, 67e), les Harlequins, bien moins propres dans leur rugby, n'y sont plus. Là où Paris se libère sur ce drop sublime de Martin Rodriguez Gurruchaga. A 40 mètres, excentré à gauche, l'Argentin ajuste et donne six points d'avance aux siens (12-18, 73e). Une avance qui aurait dû suffire. Le Stade, comme trop souvent cette saison, n'aura pas tenu la distance.