Mermoz: "Voir un marabout..."

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SYLVAIN LABBE, envoyé spécial , modifié à
De nouveau sur pied après avoir soigné une énième blessure, Maxime Mermoz, de retour en tant que titulaire au centre de l'attaque du XV de France pour affronter le Canada dimanche, à Napier, fait l'objet d'une attente incontestable chez les Bleus. A la hauteur sans doute de celle qui anime le Catalan pressé de lancer pour de bon sa Coupe du monde, et avec sa carrière internationale.

De nouveau sur pied après avoir soigné une énième blessure, Maxime Mermoz, de retour en tant que titulaire au centre de l'attaque du XV de France pour affronter le Canada dimanche, à Napier, fait l'objet d'une attente incontestable chez les Bleus. A la hauteur sans doute de celle qui anime le Catalan pressé de lancer pour de bon sa Coupe du monde, et avec sa carrière internationale. Prendre son mal en patience... Voilà deux ans que Maxime Mermoz a débuté sa carrière internationale lors de la tournée d'été des Bleus dans l'hémisphère sud et depuis le trois-quarts garde depuis un goût profondément amer en bouche : neuf malheureuses sélection honorées sont là pour rappeler que le champion du monde 2006 des moins de 20 ans attend toujours de convaincre sur la durée. La faute à cette avalanche de blessures à répétition, qui n'ont cessé d'enrayer sa trajectoire. Son bilan de santé est à faire peur, à l'origine de ses forfaits, comme autant de rendez-vous manqués avec les Bleus (tournées d'automne 2009 et 2010, Tournoi 2010 et 2011). C'est sans avoir joué depuis six mois en raison d'une subluxation de l'épaule gauche qu'il intégrera la liste des 30 pour la Coupe du monde, sur la seule foi d'un talent à démontrer. Jusqu'à cette dernière entorse du genou gauche en match de préparation face à l'Irlande, à Bordeaux (19-12), après seulement 26 minutes de jeu. "Le temps fut long à se retrouver ainsi en marge et à passer beaucoup de temps avec les kinés, tout en gardant toujours un oeil sur ce qui se passe sur le terrain. Suivre les matches depuis les tribunes, c'est frustrant, mais je m'étais fait à l'idée de rater ce premier match (face au Japon). Comme à chaque fois, en pareil cas, on a envie de vite revenir et d'être en forme." Jeudi dernier, Mermoz avait le feu vert pour son retour à l'entraînement. Vivre avec la blessure... Renvoyer sa réputation de joueur fragile à Maxime Mermoz n'offusque pas l'intéressé qui, lucide et conscient de sa situation, est le premier à en subir les conséquences. "Moi aussi, je suis déçu quand je me fais mal. Mais j'ai commencé le rugby, j'avais quatre ans et j'ai toujours eu des pépins tout le temps, une entorse par-ci, un coup par-là, c'est pour tout le monde pareil, sauf que tu les as plus ou moins fréquemment." Et le trois-quarts centre de l'Usap en la matière bat sans doute des records en tant que joueur au ratio temps passé sur le terrain/blessures... A nouveau sur le chemin de la reprise, il préfère manier l'humour en se projetant sur l'affrontement avec les bûcherons canadiens, qui n'ont pas la réputation de ménager leurs vis-à-vis: " Je pense qu'au bout de dix minutes, je serai à la rue et je demanderai à sortir (sourires), avance-t-il, pince-sans-rire, avant de reprendre, confiant: "J'ai de très bonnes sensations et on a eu une très bonne préparation physique. Je ne suis pas inquiet par rapport à ça." Simplement ajoute-t-il: "J'ai encore un peu d'appréhension et de frustration. Je pense juste à retrouver du timing et du liant pour prendre du plaisir sur le terrain." Puis, sur le ton de la boutade, il lâche: "Si tout le monde peut prier... ma famille, mes amis. Il faudrait peut-être que j'aille voir un marabout. Je ne sais pas..." Assumer la confiance... A l'heure où tous les débats autour de cette équipe de France sont centrés autour de la hiérarchie aux différents postes, le statut privilégié de Mermoz, sur lequel Marc Lièvremont a depuis l'annonce de sa liste des 30 investi un capital confiance jamais démenti depuis, a de quoi poser question. Le sélectionneur reconnaît au joueur des qualités de vitesse d'exécution, de passe et de course susceptibles d'en faire le "match player" attendu au sein de cette équipe de France. Pourtant, Mermoz ne l'appréhende pas ainsi: "Quand quelqu'un à confiance en vous, ça vous aide à avoir plus confiance en vous. C'est positif et négatif à la fois. D'un côté, on compte sur vous et d'un autre, on vous demande d'être irréprochable", explique-t-il. Si vous n'étiez pas là pour me le rappeler, je n'y penserais pas particulièrement. Quand on a eu une discussion une fois avec le coach, après c'est un état d'état d'esprit à avoir au quotidien que ce soit en club et en sélection. Si tu sais qu'on compte sur toi, c'est plus facile pour se lâcher." Il n'aspire à rien d'autre dimanche: "J'ai envie de jouer tous les matches à fond et d'enchaîner, enchaîner... J'attends beaucoup de moi. J'ai toujours envie d'être le numéro un, que ce soit en club ou en sélection. Mais avant tout, j'ai envie de jouer et qu'on gagne." Cela suffira d'abord à son bonheur. Pour le reste, "ce qu'il faut savoir, c'est que moi aussi j'aspire à cette continuité. Moi aussi, j'attends cette continuité. Je reste persuader que la roue va tourner." Toute l'équipe de France l'espère avec lui...