Le Débat: La loi du faux départ justifiée ?

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Europe1 Sport , modifié à
L'exclusion d'Usain Bolt dimanche en finale du 100m des Mondiaux, suite à un faux départ, a placé en première ligne la question de la viabilité de cette règle. Faut-il modifier le règlement pour éviter que de telles situations se reproduisent à l'avenir, ou cette loi en vigueur depuis plus d'un an est-elle positive pour l'athlétisme ? La rédaction lance le débat.

L'exclusion d'Usain Bolt dimanche en finale du 100m des Mondiaux, suite à un faux départ, a placé en première ligne la question de la viabilité de cette règle. Faut-il modifier le règlement pour éviter que de telles situations se reproduisent à l'avenir, ou cette loi en vigueur depuis plus d'un an est-elle positive pour l'athlétisme ? La rédaction lance le débat. OUI, Fabrice VOISIN, journaliste Sports.fr La disqualification d'Usain Bolt en finale du 100m pour faux départ en a chagriné plus d'un. Faut-il pour autant, sous le coup de l'émotion, revenir sur un règlement qui existe depuis dix-huit mois ? Début 2010, bien moins de voix s'étaient élevées pour critiquer la décision de l'IAAF d'éliminer les athlètes dès le premier faux départ. Aujourd'hui, l'instance internationale subit le feu des critiques. Pour le moment, elle tient bon. "Il est important de se rappeler que la crédibilité du sport dépend de ses règles, qui doivent être appliquées avec constance et équité pour tout le monde", a réagi la Fédération, fidèle à sa ligne de conduite. Dura Lex, sed lex, la loi est dure mais c'est la loi. Après tout, si la sanction est terrible pour Bolt, elle l'était tout autant pour Dwain Chambers, disqualifié en demi-finales pour avoir bougé dans les "starts" avant le coup de feu. Et clairement, le règlement actuel a le mérite d'être plus juste que le précédent, qui permettait au premier fautif de passer entre les gouttes, tout en ayant mis la pression sur ses adversaires. Quant au règlement le plus ancien, qui autorisait chaque athlète à faire un faux départ, il entraînait parfois des retards énormes, ce qui n'est bon ni pour les télévisions, ni pour les spectateurs et encore moins pour les athlètes, qui se retrouvent parfois décalés par rapport à leur échauffement. Souvenons-nous de Bolt et Lemaitre au meeting Areva, et de ce fichu problème de starter... NON, Thomas SINIECKI, journaliste Sports.fr C'est une telle injustice que même ceux qui en profitent sont contre. Après l'exclusion d'Usain Bolt de la finale du 100m des Mondiaux, Kim Collins, pourtant médaillé de bronze surprise, s'est ému de l'affront: "Il faut qu'ils donnent le bénéfice d'un faux départ à l'ensemble des participants. C'était la règle avant. Le premier faux départ sanctionnait tout le monde et l'auteur du second était disqualifié." Ce n'était pas plus compliqué que ça, et personne ne s'en portait plus mal. A Daegu, les exclusions de Christine Ohuruogu en séries du 400m, puis de Dwain Chambers en demies du 100m, laissaient déjà une impression malsaine. Mais en touchant au mythe Bolt, la goutte d'eau a fait déborder le vase... Le comportement insupportable des juges, sans cesse derrière le dos des athlètes qui viennent juste de voir leur rêve s'effondrer, ne fait qu'accentuer ce sentiment: non à l'exclusion automatique pour un faux départ, surtout quand on sait que cette règle sportive est dictée par les télévisions qui ne veulent pas perdre du temps sur leur programme... Et même en prenant cette thèse en considération, l'incohérence règne. Personne n'aurait mieux résumé la situation que Collins: "J'ai pensé qu'ils allaient dire qu'il y avait eu une erreur ou quelque chose de ce genre parce que, en toute honnêteté, Bolt est champion du monde, champion olympique et détenteur du record du monde, et le monde entier voulait le voir courir." Et quand les télés paient, c'est justement pour les téléspectateurs du monde entier.