Federer, la chute à plat dos

© REUTERS
  • Copié
avec Julien Froment , modifié à
STATS EXPRESS - Le Suisse a été éliminé d'entrée au tournoi de Gstaad, chez lui, en Suisse.

Non, ce n'est pas la note artistique ou technique de Roger Federer, jeudi, lors de son entrée en lice dans le tournoi de Gstaad, chez lui, en Suisse. Mais, en s'inclinant dès le premier tour face à l'Allemand Daniel Brands, en deux sets secs (6-3, 6-4), l'ancien n°1 mondial, de retour à Gstaad après neuf ans d'absence, a tout de même réalisé une performance rarissime. Ce n'est en effet que la deuxième fois en dix ans que le Suisse est éliminé d'un tournoi sans remporter le moindre set. La dernière fois, c'était au tournoi d'Indian Wells, en 2007, où il avait subi la loi de l'inénarrable argentin Guillermo Canas (7-5, 6-2).

C'est le classement à l'ATP du tombeur de Federer, l'Allemand Daniel Brands. C'est le troisième joueur situé en dehors du Top 50 à faire chuter le "Maître" lors de ses trois derniers tournois. A Wimbledon, le septuple vainqueur de l'épreuve s'était incliné à la surprise générale au 2e tour contre l'Ukrainien Sergiy Stakhovsky, 116e mondial. Censé relancer le Suisse, le tournoi de Hambourg l'avait plutôt plombé, avec une défaite inattendue en demi-finale contre l'Argentin Federico Delbonis, classé 114e. Une chose semble aujourd'hui acquise : l'homme aux 17 titres Majeurs n'effraie plus personne sur le circuit. "Dans ces cas-là, tout s'enchaîne, on perd, on commence à perdre confiance, le doute s'installe", souligne sur Europe 1 l'ancien DTN, Patrice Hagelauer. "Ça a un effet sur soi et sur les adversaires. Aujourd'hui, ils y croient. Ils se disent que c'est possible de battre Federer."

Depuis qu'il a accédé à la place de n°1 mondial, en février 2004, L'Equipe précise que ce n'est que la quatrième fois que Federer s'incline sur son sol en... 49 matches ! Sans manquer de respect à Brands, joueur dangereux qui avait pris le premier set à l'Espagnol Rafael Nadal lors du dernier Roland-Garros, les précédents bourreaux de Federer avaient un tout autre pedigree : le Serbe Novak Djokovic et l'Argentin Juan Martin Del Potro, qui l'avaient battu en finale à Bâle, respectivement en 2009 et 2012, et l'Américain John Isner, qui l'avait dominé au premier tour de la Coupe Davis, l'an dernier, à Fribourg.

Comme un mal récurrent : le dos. "J'ai des problèmes sérieux au dos, je devais prendre des anti-inflammatoires la semaine dernière à Hambourg à cause de la douleur", a expliqué Federer. "Je savais en abordant ce match que cela allait être difficile, j'ai décidé de jouer ce match juste avant le début de l'échauffement, cela se jouait vraiment à peu de choses pour que je déclare forfait." Visiblement, ses proches lui avaient conseillé de le faire. "Le dos, c'est affreux, parce que vous ne pouvez rien faire", note Patrice Hagelauer. "Ni musculation, ni fractionné, on est obligé d'attendre que ça passe. Il y a un énorme point d'interrogation : avoir mal au dos, c'est quoi exactement ? Il va devoir passer des examens pour déterminer les soins appropriés." Pour l'ancien coach de Yannick Noah, ce mal de dos est la raison principale de la mauvaise passe de Federer. "Quand on connaît l'importance du service aujourd'hui et notamment sur des surfaces particulières, sur herbe, ou à Gstaad, en altitude, ça peut expliquer ses déboires. Jeudi, il a perdu contre Brands, un gros serveur."

C'est, en pourcentage, l'agrandissement de la taille du tamis de la raquette utilisée par Federer à Hambourg puis à Gstaad. Cela devait lui servir de test avant le début de la tournée américaine, qui doit le mener jusqu'à l'US Open, qui débute le 26 août. Visiblement, c'est un échec. Mais, avant de savoir quelle raquette il va tenir de l'autre côté de l'Atlantique, encore faut-il savoir s'il va en tenir une. Avec ces problèmes de dos, rien n'est moins sûr. "C'était vraiment difficile de jouer et de bouger aujourd'hui. Je vais devoir me soigner et voir comment cela évolue", a confié "Fed", qui n'a inscrit qu'un seul trophée à son palmarès cette année, à Halle. Reverra-t-on bientôt Federer vainqueur d'un grand tournoi ? "Je suis inquiet pour lui, avec ses soucis", note Patrice Hagelauer. "Au moment où ça décline un peu, à 32 ans, c'est difficile de retrouver la forme. Et les joueurs comme Djokovic ou Murray lui sont passés devant. Il va avoir du mal à gagner un Masters 1000 et a fortiori un tournoi du Grand Chelem." Les fans de Federer aiment citer l'exemple de Pete Sampras qui, en 2002, avait remporté son dernier Majeur à l'US Open, alors qu'il ne pointait qu'à la 17e place mondiale. Federer étant 5e, tous les espoirs sont (encore) permis...