Federer dans l'ombre de Nadal

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François QUIVORON , modifié à
Tenant du titre, Roger Federer aborde l'Open d'Australie, premier tournoi majeur, plein de sérénité. Le Suisse, vainqueur du tournoi de Doha la semaine dernière, vit dans l'ombre de Rafael Nadal, pour qui la pression est énorme à l'heure de réaliser son Grand Chelem. Une nouveauté que le n°2 mondial apprécie sans doute après tant d'années en première ligne.

Tenant du titre, Roger Federer aborde l'Open d'Australie, premier tournoi majeur, plein de sérénité. Le Suisse, vainqueur du tournoi de Doha la semaine dernière, vit dans l'ombre de Rafael Nadal, pour qui la pression est énorme à l'heure de réaliser son Grand Chelem. Une nouveauté que le n°2 mondial apprécie sans doute après tant d'années en première ligne. Pendant près de cinq ans, Rafael Nadal a louvoyé dans l'ombre de Roger Federer. Si l'aura du Suisse reste intacte, les rôles se sont inversés. Et ce n'est peut-être pas une mauvaise nouvelle pour lui. Depuis sa victoire à l'US Open, tous les projecteurs sont braqués sur l'Espagnol à Melbourne où il peut réussir, à cheval sur deux saisons, le Grand Chelem, c'est-à-dire remporter les quatre tournois majeurs consécutivement sur trois surfaces différentes. Un exploit inédit dans l'histoire du tennis (*). Loin de cette agitation médiatique, Federer, tenant du titre à Melbourne, s'isole avec son clan pour peaufiner sa préparation, "sérieuse et appliquée" selon Paul Annacone, son coach depuis quelques mois sur le circuit. Son nouvel entraîneur n'a pas grand-chose à lui apprendre sur le plan technique. Seulement trouver les mots pour le mettre dans les meilleures conditions. "Il ne va pas tout à coup se retrouver avec un revers à deux mains. Tout le travail consiste à combiner la tête, le coeur et le talent du joueur, et de comprendre comment toutes ces composantes interagissent, explique Annacone, interrogé par le Daily Mail. C'est le meilleur moyen d'égaler ses adversaires, de continuer de s'amuser et c'est surtout la meilleure façon de progresser." C'est donc beaucoup plus détendu que Federer aborde les grands rendez-vous: "Je prends les défaites avec un peu plus de légèreté qu'à l'époque où j'essayais de percer. Même si je perds, personne ne pourra m'enlever mes victoires. A toujours vouloir être le meilleur, on vit sous la pression des médias. De soi-même aussi. C'étaient les moments les plus stressants de ma carrière. Maintenant, je peux jouer beaucoup plus relax." Annacone: "20 titres en Grand Chelem pour Roger, ça me semble réaliste" Nadal s'apprête justement à vivre sous la pression permanente. Lorsqu'il dominait outrageusement le circuit, Federer avait expliqué qu'il avait créé un monstre, un joueur pour qui la défaite est proscrite. Nadal en a créé un nouveau, d'un autre genre, qu'il lui faudra dompter. Le Suisse estime son rival capable d'y arriver, tout en guettant patiemment le moment propice pour lui subtiliser la première place mondiale. "Rafa a beaucoup de points à défendre, mais comme il est numéro un mondial, il est très sûr de sa force et de son tennis. Ce sera très difficile de le déloger mais si je parviens à conserver mon niveau actuel, j'aurai ma chance. Je me sens prêt en tout cas." Mais Federer est aussi convaincu qu'une victoire en Grand Chelem ne suffit plus. Qu'attendre une éventuelle défaillance du Majorquin serait presque rédhibitoire. "Nadal a confiance en lui et c'est lui le numéro un. Mais si je continue à jouer à ce niveau, et que j'arrive à atteindre les finales alors, c'est sûr qu'on a l'impression d'avoir une chance, estime le Bâlois, interrogé par TV8.ch. Mais pour décrocher la première place, il faut faire quelque chose de spécial. Ce n'est plus suffisant à présent de remporter un titre du Grand Chelem et le Masters. Il en faut encore plus." Plus, cela veut dire goûter à nouveau à la quasi invincibilité qu'il a connue il y a quelques années. Plus, cela veut surtout dire un travail acharné. Federer a justement embauché Paul Annacone pour ça. L'ancien entraîneur de Pete Sampras et Tim Henman s'étonne même de la volonté affichée par le Suisse lors des séances d'entraînement: "Quand on voit quelqu'un qui a gagné autant de matches que lui, c'est incroyable comme état d'esprit." Leur collaboration, entamée l'été dernier, a porté ses fruits avec une fin de saison 2010 riche de trois titres (Stockholm, Bâle et Masters). Et 2011 démarre sur des bases identiques avec une victoire à Doha. "Il peut remporter tous les tournois dans lesquels il est engagé. Cela n'arrivera sûrement pas, mais Roger peut gagner tous les matches qu'il joue et on ne peut pas dire ça de tout le monde, estime Annacone. S'il reste en bonne forme, heureux sur un terrain et avide de victoires je ne sais pas quel sera le nombre au final mais 20 titres en Grand Chelem pour Roger, ça me semble réaliste." Il faudra d'abord commencer par un 17e à Melbourne. (*) Rod Laver avait réussi le Grand Chelem en 1969, quand l'US Open et l'Open d'Australie se disputaient encore sur gazon.