Et si c'était Meynard...

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LAURENT DUYCK , modifié à
Il y aura bien deux Français en finale du 100 mètres nage libre des Mondiaux de Shanghai. Mais de Fabien Gilot et de William Meynard, c'est ce dernier qui a fait la plus forte impression mercredi en demi-finales en signant le troisième chrono, derrière James Magnussen et Nathan Adrian, quand son aîné a décroché le huitième et dernier billet. Et si Meynard était le mieux placé jeudi pour réussir un coup...

Il y aura bien deux Français en finale du 100 mètres nage libre des Mondiaux de Shanghai. Mais de Fabien Gilot et de William Meynard, c'est ce dernier qui a fait la plus forte impression mercredi en demi-finales en signant le troisième chrono, derrière James Magnussen et Nathan Adrian, quand son aîné a décroché le huitième et dernier billet. Et si Meynard était le mieux placé jeudi pour réussir un coup... Impressionné ? "Absolument pas. Ça me fait ni chaud ni froid. Ils sont là comme moi, pour nager. Je ne regarde pas les autres", disait-il à la veille des Mondiaux. "Je suis là pour être premier, je ne regarde pas les autres", répétait-il mercredi matin à l'issue des séries. "J'ai un peu regardé ce qui se passait à côté", finissait-il par avouer en fin de journée au terme des demi-finales. Tiens, le début d'une pointe de pression ? "J'ai vu que ça ne servait à rien de trop s'envoyer", précisait-il rapidement. William Meynard est un garçon qui ne doute pas. Et surtout pas de ses chances de réussir un gros coup jeudi, à Shanghai, sur 100 mètres nage libre, qu'importe si, comme Fabien Gilot, comme Nathan Adrian, comme James Magnussen, comme Luca Dotto, il s'apprête à disputer sa première finale individuelle sur la distance dans un championnat du monde. "C'est très clair, je vise un podium. Je ne suis pas là pour faire le plaisantin, l'outsider ou regarder les autres. Je suis devenu un homme. Je suis là pour un podium et même pour la plus haute marche. Je ne vais pas me cacher. Je le dis, je vais le faire." Un discours qui a tout de celui d'un rouleur de mécaniques, un gamin qui jouerait les durs pour ne pas afficher sa peur. C'est mal connaître ce Marseillais pur souche. Un jeune homme de 24 ans qui étonne par sa placidité face aux événements. Médaillé de bronze en 2010 à Budapest, l'élève de Romain Barnier semble planer (au propre comme au figuré) au-dessus de la pression comme il glisse dans l'eau. Sans paniquer. Jamais. Pas plus en séries qu'en demi-finales, où les places pour la finale valaient pourtant cher. "Je suis content. J'ai fait qu'il fallait faire. Je voulais nager à fond, mais ça ne servait à rien. Je savais qu'en faisant le même chrono que ce matin, ça suffirait. C'est fait, à quelques centièmes près", analysait-il froidement, sans forfanterie ni fausse-modestie, pas décontenancé par "l'intox" de son compatriote et coéquipier du Cercle des Nageurs de Marseille, Fabien Gilot, parti vite à ses côtés avant de craquer dans les derniers mètres. "Moi, j'ai fait l'inverse", note-t-il. Moins de 48 secondes pour l'éternité ? Ça donne le troisième temps des demies (48"25), derrière l'Australien James Magnussen (47"90), de nouveau sous les 48 secondes après sa démonstration de force au départ du relais 4x100 dimanche (47"49), et l'Américain Nathan Adrian (48"05). De quoi avoir le moyen de ses ambitions ? Consultant pour France Télévisions, Michel Rousseau, médaillé d'argent en 1973 à Belgrade à l'occasion de la première édition des Championnats du monde, est dubitatif. Mais ne s'interdit pas d'y croire. "Ce n'est pas impossible. Ce n'est pas mon favori même si ça me ferait plaisir", dit-il, bluffé par le Marseillais: "Il est capable de choses extraordinaires." Comme de faire un retour en 24"5, ce qui lui permet de rivaliser dans l'exercice avec Magnussen, libéré plutôt qu'inhibé par sa performance avec le relais australien. "J'avais un espoir, pour nos Français, que l'émotion le prenne pour cette finale, avoue Rousseau au sujet du nouveau phénomène. Mais j'ai comme l'impression que ce ne sera pas le cas et qu'il conservera pleinement son potentiel." "C'est un Australien. Ils ne doutent pas de grand-chose", précise le consultant télé. Une qualité partagée par les sprinteurs, que ce soit Cesar Cielo, qui défendra son titre malgré l'affaire de dopage qui l'a accompagné jusqu'à la veille des Mondiaux, ou Fabien Gilot, pourtant passé tout près de la correctionnelle en demi-finales. "Je me suis fait un peu peur, ça c'est sûr, mais l'essentiel est assuré, un couloir pour la finale", a réagi le Nordiste avant de se justifier: "On travaille quelque chose d'un peu fou. Je ne travaille pas pour faire deux ou trois, je travaille pour être premier." Lui aussi... "Avec nos deux Français, Magnussen, Cielo et Adrian, on a le cinq majeur, cadre Rousseau. Mais, comme sur le 400 pour Yannick Agnel, il n'y a pas grand-chose entre la première et la cinquième place, entre un haut de podium et le bord de la piscine. C'est très difficile à décrypter." Romain Barnier, étrangement absent mercredi soir pour commenter la performance de ses deux poulains, avait tenté d'anticiper dimanche soir à la sortie du relais 4x100: "A 47"20, on ne peut rien faire. A 47"50, ça paraît compliqué. A 47"80, sur ce que j'ai vu, on peut y croire." Faudra-t-il nager sous les 48 secondes pour être champion du monde ? "Il faudra nager 100 mètres", répond le Marseillais. Le bon sens selon Meynard. Place au bon 100 !