Dupraz: "Le potentiel, il y est"

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Propos recueillis par Thomas PISSELET , modifié à
Co-leader du championnat, le Paris-Levallois reçoit Le Mans vendredi soir, en ouverture de la 5e journée de Pro A. L'occasion pour les partenaires d'Andrew Albicy de confirmer leur bon début de saison. "On a vu qu'on était compétitif, apprécie l'entraîneur Jean-Marc Dupraz. Mais on n'a pas le droit de se relâcher, notre effectif ne le permet pas."

Co-leader du championnat, le Paris-Levallois reçoit Le Mans vendredi soir, en ouverture de la 5e journée de Pro A. L'occasion pour les partenaires d'Andrew Albicy de confirmer leur bon début de saison. "On a vu qu'on était compétitif, apprécie l'entraîneur Jean-Marc Dupraz. Mais on n'a pas le droit de se relâcher, notre effectif ne le permet pas." Jean-Marc, le PL est actuellement co-leader de Pro A. Vous attendiez-vous à ce début de saison ? Oui et non. Quand on a vu notre calendrier, on s'est dit que ça n'allait pas être évident mais, en général, on essaie toujours de positiver. On joue chaque match pour le gagner. Donc je ne vais pas vous dire que c'est une surprise pour nous. On n'est jamais satisfait à 100% mais oui, c'est plutôt positif. Après quatre journées, arrivez-vous à mieux situer le niveau de votre équipe par rapport à la concurrence ? Déjà, on a vu qu'on était compétitif, qu'on pouvait gagner des matches à domicile et à l'extérieur. Je crois cependant qu'on n'a pas beaucoup le droit de se relâcher, notre effectif ne nous le permet pas. C'est un peu tôt pour tirer des conclusions. Ça vaut pour nous et d'autres équipes, notamment Le Mans ou Orléans, qui devraient se retrouver en fin de saison en haut de tableau. On se cherche encore un peu, c'est le lot de toutes les équipes qui ont été remaniées. La saison dernière, on avait plus de certitudes parce qu'on avait gardé 70% de l'effectif. Là, c'est l'inverse: on a chamboulé 70% de l'effectif. Donc on attend encore de voir. Tous ces changements n'ont pas l'air de vous avoir perturbés sur le terrain. Comment l'expliquez-vous ? Peut-être que vu de l'extérieur, on n'a pas eu cette impression là. Moi, j'ai quand même senti la différence par rapport à l'an passé dans la mise en place du jeu. Ça a mis plus de temps. On est toujours à la recherche d'automatismes. Ça commence à venir, on a des joueurs d'expérience donc ça aide un peu. On va voir comment on va se comporter dans les semaines à venir, quand on va rajouter des choses. Pour l'instant en tout cas, ça se passe bien, la victoire à Roanne le week-end dernier en témoigne (80-75). Qu'est-ce qui vous a plu dans ce match ? L'équipe est restée solidaire pendant quarante minutes. On n'a jamais paniqué ni forcé les choses. On est resté dans le collectif et dans l'intensité même quand on a eu cinq ou six points de retard dans le dernier quart-temps. On a su rester tranquille. Et puis chaque joueur a apporté quelque chose, on a tenu une bonne partie du deuxième quart-temps avec le banc. Cet apport du banc, que l'on dit limité au PL, vous a-t-il surpris ? Je suis persuadé que les joueurs du banc peuvent nous apporter des solutions. Mais j'attends un peu plus de certains joueurs, et je leur ai dit. Lesquels ? Guillaume Yango peut, à mon sens, apporter plus au niveau du scoring. Il faut qu'il se mette dans l'idée de marquer des points, de prendre des rebonds. Nigel Wyatte, aussi, doit prendre confiance et conscience qu'on ne l'a pas repris par hasard ou par défaut. Il est capable de faire des choses, il faut qu'il se révèle à ce niveau-là. "Albicy, je ne cherche pas à le surprotéger" La réception du Mans, gros calibre du championnat, est-elle un test pour le Paris-Levallois ? On sait que le MSB est une équipe qui joue le titre, l'une des plus solides du championnat, avec des rotations à tous les postes et une raquette qui est peut-être la plus lourde de Pro A. Est-ce que ce sera un test ou pas ? Je ne me pose pas cette question. J'y vois juste un match à gagner. En sport, rien n'est acquis. Si après Roanne on bat le MSB, c'est bien. Mais si, derrière, on enchaîne des mauvais résultats... Cette année, le championnat est vraiment dense. Il y aura des surprises tous les week-ends. Le fait que Le Mans reste sur une défaite à Antarès contre Chalon (65-71) est-il une bonne chose pour vous ? Pas sûr. De toute façon, on doit affronter tout le monde. Qu'on joue le MSB vendredi ou dans quinze jours ne va pas changer grand-chose. Certes, il y a des dynamiques, des états de forme. Mais c'est notre prochain adversaire et voilà. On s'était posé la même question avec Villeurbanne. Est-ce que c'était bien de les jouer d'entrée ? Bon, c'est comme ça... En 2009-10, on a collé au PL l'étiquette d'un club qui n'arrive pas à gagner plus de deux matches de suite et, pour l'instant, ça se vérifie en ce début de saison. Comment l'expliquez-vous ? Je ne crois pas aux étiquettes. C'est un truc de journalistes, ça. C'est pour vendre du papier... Comparer cette saison avec la précédente ne tient pas la route. Un, on n'a pas la même équipe. Deux, les autres clubs non plus. Trois, on n'a pas le même calendrier. Si je me souviens bien, on avait gagné onze ou douze matches de suite en Pro B en 2008-09 et on ne nous avait pas collé d'étiquette. Celle que j'aurais plutôt collé au PL l'an dernier, c'est celle d'une équipe qui n'a pas perdu plus de deux fois de suite. Bien sûr qu'on espère faire des séries de victoires. Mais ce qui compte, c'est le résultat en fin de saison. Le seul couac en ce début de saison, c'est cette sévère défaite à Coubertin contre Le Havre (57-88), qui vous avait passablement énervé. C'est oublié ? Une défaite n'est jamais digérée parce qu'elle va compter jusqu'à la fin de saison. Mais depuis, on a eu une réaction correcte à Roanne. Ça fait partie du sport même s'il y a des manières de perdre... "Si on n'avait pas deux salles, on ne serait peut-être pas en Pro A" Andrew Albicy est en train de se révéler. Au-delà de ses stats en net progrès, en quoi vous donne-t-il l'impression d'avoir franchi un palier ? Son été lui a apporté confiance et maturité. Après, il ne sera performant que si l'équipe est performante. S'il flambe et que l'équipe n'y arrive pas, ça ne voudra pas dire grand-chose. Mais sur ces quatre premiers matches, ça coïncide... C'est vrai, mais il faut que ça dure. C'est pour ça que je ne sors pas un joueur du lot. Moi, je suis entraîneur de basket, c'est un sport collectif. Les journalistes essaient toujours de tirer une individualité. C'est bien qu'il y ait un ou deux joueurs en avant. C'est bien pour lui, c'est le jeu qu'il soit médiatisé. Mais il est encore jeune. Je ne cherche pas à le surprotéger mais mon devoir est de faire en sorte que toutes les sollicitations ne le fatiguent pas et ne le dispersent pas trop. Parce que mon rôle est de coacher une équipe, pas de coacher Andrew Albicy. Il a commencé les trois premiers matches sur le banc. Le fait qu'il ait été titulaire à Roanne est-il définitif ? Moi, je ne fais pas de différence entre le cinq majeur et le cinq "pas majeur". C'est comme ça pour beaucoup de coaches. Il n'y a rien de définitif. Ça dépend des matches, de l'adversaire, des situations, des états de forme. Des tas de choses que les gens ne peuvent pas connaître parce qu'ils ne les vivent pas en interne. Tant qu'il est performant, il restera sur le terrain. S'il n'est plus bon, il sortira. La double identité du club, que joue un match sur deux à Paris alors que les joueurs vivent et s'entraînent à Levallois, n'est-elle pas un handicap ? En termes de logistique, si. Mais les joueurs sont professionnels. Les paniers, même si les repèrent entrent en compte, sont à 3,05 mètres partout. Bon, il faut bien reconnaître que ce n'est pas facile à gérer. Si on veut que le basket en Ile-de-France évolue et tende vers le très haut niveau, il faudra avoir une vraie salle avec une grande capacité et dédiée au basket. Mais on ne peut pas retenir que le mauvais côté des choses. Les deux mairies de Paris et Levallois nous soutiennent de manière positive. Si on ne s'appelait pas Paris-Levallois et qu'on n'avait pas deux salles différentes, on ne serait peut-être pas en Pro A aujourd'hui. L'objectif, au moment de bâtir le PL, était de faire du club une place forte du championnat. Ce potentiel existe-t-il réellement ? Le potentiel, il y est forcément à Paris. Il y a un potentiel public, un potentiel financier intéressant qui n'est pour l'instant pas encore aussi développé qu'à Villeurbanne ou Orléans. Mais le club est tout neuf, il n'a que trois ans. Mis à part la descente en Pro B la première année, ce qu'on a fait jusque-là est plutôt pas mal. Il faut encore développer le budget et d'autres choses. Pensez-vous que le PL peut remplir ses objectifs, aller à la Semaine des As et en play-offs, avec le neuvième budget de Pro A et un effectif un peu juste ? Je l'espère. On fera tout pour.