Djokovic, héros national

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avec AFP , modifié à
TENNIS - Place de n°1 mondial, victoire à Wimbledon : la Serbie est en liesse.

Après avoir offert à la Serbie sa première victoire en Coupe Davis, face à la France, en décembre dernier, Novak Djokovic a fait coup double à Londres : la place de n°1 mondial (officielle depuis lundi) et le titre à Wimbledon, le premier de sa carrière. Dès la fin de la rencontre, des milliers de Belgradois sont descendus dans les rues pour fêter ce triomphe. Des scènes de liesse similaires ont eu lieu dans d’autres villes du pays, comme Novi Sad, Nis, Kragujevac et Kraljevo. Avec partout, le drapeau serbe en étendard.

Car Djokovic fait la fierté de tout un pays. "Novak est notre héros national ! (...). On se sent vraiment bien", a confié Jelena Milanovic, institutrice de 25 ans. "Nous sommes tellement fiers de lui. On le remercie car c'est magnifique d'être serbe aujourd'hui", a renchéri son ami. "Nous devrions élire Nole président", a même lancé une jeune fille en souriant. Ça tombe bien, l'actuel président serbe, Boris Tadic, semble être enclin à lui céder sa place. "Je confierais immédiatement mes fonctions à Novak!", a plaisanté le président serbe, présent dimanche dans les tribunes du Centre Court et cité par le quotidien Blic.

Le "Roi Djokovic"

On retrouve la métaphore politique dans l'ensemble des papiers de la presse serbe. "En remportant Wimbledon, Djokovic a confirmé sa couronne royale", souligne ainsi Blic en Une. "Saluons le roi et sa couronne", titre Vecernje novosti, pour qui Djokovic "met du baume sur toutes (nos) blessures". Ces mots donnent une idée de la fête qui devrait avoir lieu lundi soir dans les rues de Belgrade où le "Roi Djokovic" est attendu devant... le Parlement.

Drôle de collusion de l'histoire, Djokovic fait briller la Serbie alors que Ratko Mladic, l'ex-chef des Serbes de Bosnie, était entendu lundi par le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), à La Haye. Dans un pays qui a très mal vécu sa mise au ban de la communauté internationale sous la présidence de Slobodan Milosevic, le sport sert d'exutoire à un très fort sentiment national, qui peut parfois dégénérer, comme en octobre dernier, lors du match de foot Italie-Serbie où des hooligans avaient provoqué l’arrêt de la rencontre. Djokovic, avec son physique de gendre idéal et son sourire carnassier, offre aujourd’hui un nouveau visage au patriotisme serbe, aussi sympa que conquérant.