Clerc: "Ne pas se faire peur"

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Propos recueillis par SYLVAIN LABBE, envoyé spécial , modifié à
Au milieu de la plus que confuse entrée en matière en Coupe du monde de l'équipe de France face au Japon (47-21), Vincent Clerc a trouvé le moyen malgré tout d'inscrire son 26e essai personnel sous le maillot tricolore, le 4e lors de ses 5 derniers matches avec les Bleus. Un plaisir personnel gâché par la prestation d'ensemble, qui pousse l'ailier tricolore à appeler déjà à une réaction nécessaire face au Canada dimanche.

Au milieu de la plus que confuse entrée en matière en Coupe du monde de l'équipe de France face au Japon (47-21), Vincent Clerc a trouvé le moyen malgré tout d'inscrire son 26e essai personnel sous le maillot tricolore, le 4e lors de ses 5 derniers matches avec les Bleus. Un plaisir personnel gâché par la prestation d'ensemble, qui pousse l'ailier tricolore à appeler déjà à une réaction nécessaire face au Canada dimanche. Vincent, plusieurs d'entre vous ont répété que vous vous étiez mis le bazar tout seul dans ce premier match. Vous confirmez ? Tout seul, oui et non. Mais il est vrai qu'on a trois occasions franches en début de match qu'on ne met pas, une ou deux en début de seconde période qu'on ne concrétise pas, on a un ou deux ballons, où il n'y a pas de second rideau, on tape, on se fait contrer et on prend quatre-vingt mètres dans l'autre sens... Donc effectivement, on n'a pas assez maîtrisé notre match et on se doit d'enterrer les Japonais à 14-0 ou à 26-5, on doit tuer le match. Et on n'a pas su le faire parce qu'on a fait des mauvais choix et on n'a pas été assez bons dans la conservation, ça ne doit pas arriver, c'est ce qui est dommage. On a été beaucoup trop fébriles et quand on les a vus revenir, on s'est stressés, on a arrêté de jouer, on s'est fait des passes devant la défense, donc on a pris la pression des Japonais. Vous entendez le reproche de Marc (Lièvremont) qui juge que vous n'avez pas joué ensemble ? Oui, à un moment donné, quand on a commencé à être fébrile et à avoir des réactions un peu individuelles, et on est revenus dans du collectif dans les vingt dernières minutes. C'est pour ça que ça se passe mieux. Mais il a fallu se canaliser, se maîtriser, se dire qu'on était en train de faire n'importe quoi. Il fallait se calmer, remettre les choses à l'endroit, être plus agressif en défense parce qu'ils jouaient de partout. C'est là qu'on a remis la marche avant, qu'on les a contrés parce qu'on a été bien meilleurs en défense, bien meilleurs dans les rucks et bien meilleurs dans la conservation, mais on ne doit pas avoir ce passage à vide et ce moment de stress entre les deux. "Monter de deux ou trois crans face au Canada" N'est-ce pas surtout physiquement que vous parvenez à faire la différence en fin de match ? Oui, on est très bien physiquement, mais mentalement, on a eu une grosse période de fébrilité. Après, ce n'est jamais facile de rentrer dans une compétition, d'autant qu'on rentre très bien dans ce match. On rate trois occasions franches, donc on se dit peut-être inconsciemment qu'on est biens et qu'on tient ce match. Mais face à des Japonais qui jouent beaucoup et qui sont quand même assez efficaces dans la conservation du ballon, on a été beaucoup pénalisés, et c'est là aussi un point négatif. Vous restez sur quatre essais lors des cinq derniers matches en équipe de France... (sourires) Pourvu que ça dure. Je n'y ai pas prêté trop d'attention, mais c'est dommage de se faire c.... (sic) sur un match, alors qu'on est bien, on rentre bien dans la compétition, et finalement, on ne prend pas de plaisir sur ce match. C'est ce qui est dommage parce que lorsque tu sors de deux mois et demi de préparation, un seul match dans les jambes, on a envie de jouer, on a envie de se faire plaisir, on a envie de gagner évidemment, mais on aurait aimé prendre plus de plaisir, ça aurait été le cas si on avait mieux maîtrisé ce match et si on avait été plus efficaces. Avez-vous ressenti que le groupe était inhibé à l'approche de ce match ? Non, parce qu'on rentre bien dans le match, mais dès qu'on fait deux ou trois conneries, on s'est un peu désuni, et là, on a été un peu inhibés ; forcément, il y a du stress sur un premier match, ce n'est jamais évident, mais il faut qu'on maîtrise beaucoup plus nos émotions. Pourtant, vous donniez l'impression de pouvoir remporter ce match largement... C'est le cas à la sortie, mais ça doit être le cas bien plus tôt. On ne doit pas se faire peur. Après, il est gagné, on est enfin rentré dans la compétition, ce n'est que le deuxième match entre mois pour la plupart des mecs. Il est digéré, en revanche, il faut vraiment monter de deux ou trois crans face au Canada pour avoir un peu plus de sérénité. Il faut aussi en tirer du positif sur ce qui a été bien fait. Ce match est fait, il est passé, il est gagné, il est bonifié, il y a plein de choses négatives, mais on est lancé dans la compétition et il faut que ça monte en puissance.