Cammas: "Tout va bien"

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Propos recueillis par AXEL CAPRON , modifié à
C'est samedi que Groupama 4, le monocoque avec lequel Franck Cammas disputera la prochaine Volvo Ocean Race, est sorti du chantier Multiplast de Vannes pour être acheminé vers sa base de Lorient où il sera ensuite mis à l'eau la semaine du 10 mai. Franck Cammas, qui participera sur Groupama 70, devenu son bateau d'entraînement, au Tour de Belle-Ile le 7 mai, confie son impatience de naviguer sur son nouveau 70 pieds.

C'est samedi que Groupama 4, le monocoque avec lequel Franck Cammas disputera la prochaine Volvo Ocean Race, est sorti du chantier Multiplast de Vannes pour être acheminé vers sa base de Lorient où il sera ensuite mis à l'eau la semaine du 10 mai. Franck Cammas, qui participera sur Groupama 70, devenu son bateau d'entraînement, au Tour de Belle-Ile le 7 mai, confie son impatience de naviguer sur son nouveau 70 pieds. Franck, Groupama 4 sort de chantier ce samedi, êtes-vous dans le timing prévu ? On est dans le timing prévu depuis quelques mois, pas forcément celui du départ de la construction. Groupama 4 va être mis à l'eau et naviguera dans la première quinzaine de mai, ça nous donne du temps pour le mettre au point, sachant qu'on a aussi utilisé ces dernières semaines pour améliorer des détails, donc tout va bien. Ça veut dire quoi "améliorer des détails" ? On trouve des petits trucs, dans les réflexions, les observations du bateau, ce sont des détails, mais comme tout détail, ça peut être important dans la performance finale. Evidemment, je ne peux pas vous les dévoiler, mais on a encore décidé quelques améliorations récemment et on continuera à le faire après la mise à l'eau dans les secteurs autorisés. La jauge des Volvo 70 est-elle plus restrictive que celle des Imoca, par exemple ? Je ne connais pas profondément la jauge Imoca, mais oui, c'est beaucoup plus encadré, notamment sur le poids des structures, le poids du mât, qui sont limités vers le bas, c'est illégal de jouer sur la légèreté dans ces niveaux. Mais c'est déjà un soulagement au niveau de la fiabilité d'avoir des pièces comme ça assez renforcées. Ce sont des bateaux plus puissants que les Imoca, où on navigue en équipage, donc avec les aménagements faits pour ça, le plan de pont est aussi complètement différent car il reçoit beaucoup de matossage de voile sur le pont (transfert des voiles non-utilisées d'un côté à l'autre du bateau selon d'où vient le vent pour équilibrer le bateau, ndlr), ce qu'on ne peut pas faire sur les bateaux en équipage réduit comme les Imoca. Ce sont enfin des bateaux beaucoup plus lourds, quasiment deux fois plus que les 60 pieds, puisque le poids de la quille et du bulbe correspond au poids total d'un Imoca, donc les efforts sont bien plus importants sur un Volvo. Par rapport à la génération des bateaux qui ont participé à la dernière Volvo Ocean Race, la nouvelle, notamment Groupama 4, évolue dans quel domaine ? Plus de puissance ? Non, ce n'est pas forcément en gagnant de la puissance qu'on va plus vite, les recherches sur la puissance idéale ont été faites sur les précédentes évolutions. Là, la puissance sera assez proche entre les bateaux de l'avant-dernière génération et celle-ci, on essaie de gagner de l'efficacité, de réduire la traînée hydro et aérodynamique, d'augmenter l'efficacité sur le plan de voilure, d'améliorer l'équilibre des masses sur le bateau... Tout ça se joue sur des détails, des millimètres parfois, mais la somme de tout ça fait des améliorations importantes sur les calculs. Les évolutions concernent aussi les formes de coque qui évoluent en permanence, chaque génération a progressé sur le papier dans la forme de coque générale, on recherche une traînée minimale et un équilibre longitudinal difficile à trouver car c'est un peu ce qui nous limite au portant. Or, plus on est équilibré, plus on peut porter de la toile plus longtemps avec des vents plus forts. "Je suis évidemment ravi que Thomas Coville nous rejoigne" Vous avez choisi un architecte, Juan Kouyoumdjian, alors que vous étiez jusqu'ici fidèle à Vincent Lauriot-Prévost, que vous a apporté ce changement ? Avec Juan Kouyoumdjian, c'est une approche différente de ce qu'on a eue avec Vincent Lauriot-Prévost sur les multicoques. On a pris quelqu'un qui avait l'expérience et a prouvé qu'il pouvait gagner la Volvo Ocean Race, donc c'est un gage de sécurité pour nous, pour une première course, de partir avec quelqu'un comme ça parce qu'on avait plein de choses à découvrir. On avait une base de travail intéressante et des approches nouvelles, on a découvert beaucoup de choses, c'est très enrichissant de travailler avec Juan et on continuera jusqu'à la fin de la course. Il y avait deux choses nouvelles pour nous: l'architecte et le type de bateau, parce que c'est quand même le premier monocoque construit chez Groupama. Quel sera votre programme d'ici la Volvo ? Nous ne sommes pas du tout limités sur les jours de navigation. Dès que Groupama 4 est à l'eau, on va passer notre temps sur l'eau à fiabiliser le bateau, à le tester dans toutes les conditions et à essayer de l'améliorer. On fera le Fastnet cet été, ça sera la première et seule course qu'on va disputer avant le départ de la Volvo Ocean Race, on devrait avoir des concurrents avec des bateaux de dernière génération qui seront là, ça va être évidemment hyper intéressant. Savez-vous où en est la concurrence justement ? On a regardé sur Internet comme tout le monde, certains bateaux sont ou à l'eau, comme Camper (Emirates Team New Zealand, ndlr), ou en train d'être mis à l'eau comme Telefonica ou Puma, il ne restera plus qu'un bateau, Abu Dhabi, qui sera mis à l'eau fin juin. Donc on a de visu pu voir certaines évolutions, on constate des différences sur tous les bateaux, on va voir ce que ça va donner sur l'eau. Vous avez dévoilé la composition de l'équipage en vue de la Volvo début décembre, comment cela se passe-t-il depuis ? L'équipage est évidemment déjà performant, on peut toujours l'améliorer et on va le faire d'ici le départ et même pendant la course pour se connaître encore mieux. Mais il est maintenant bien établi, chacun a son rôle et ça se passe de mieux en mieux au sein de l'équipe, que ce soit sur l'eau, ce qui est plus simple, mais aussi avec le shore team (équipe technique) à terre qui est très nombreux. Toutes les relations avec le shore team sont prépondérantes sur ce type de projet. Vous avez intégré Thomas Coville à l'équipage, pour remplacer Sébastien Josse, parti en MOD70 chez Gitana ? Thomas Coville était envisagé depuis longtemps, il avait plutôt une position de remplaçant de dernière minute en cas de blessure. Au vu de son expérience, c'est quelqu'un qui peut prendre n'importe quel poste à bord. Pour ce qui est de son intégration complète, ça s'est fait après le départ de Sébastien Josse, mais ce n'était pas uniquement lié à ça. Il a maintenant sa place à part entière dans l'équipe, je suis évidemment ravi qu'il nous rejoigne et qu'il ait cet enthousiasme de participer avec nous à la Volvo Ocean Race. La semaine dernière, vous vous alignez sur le Spi Ouest-France en M34, le nouveau bateau du Tour de France à la voile, et vous gagnez, ça n'a pas énervé les spécialistes du Tour ? Ça a été une course serrée, on est très contents d'avoir terminé en tête, quand on part pour une régate, c'est aussi pour ça. Ils avaient moins l'avantage parce que c'est une nouvelle série, on a démarré ensemble. On avait bien travaillé les jours précédents le Spi avec Daniel Souben (skipper de Courrier-Dunkerque, ndlr), tout le monde est encore en train de découvrir ce type de bateau, les bons réglages et les vitesses cibles, on avait donc notre épingle du jeu à tirer, on l'a bien fait, on est évidemment contents. Il y avait quatre bateaux qui pouvaient gagner, il fallait être régulier, on a eu la chance de l'être. Dans la foulée, vous avez été nommé chevalier de la Légion d'honneur, comment accueillez-vous cette récompense ? C'est sûr que c'est une belle reconnaissance, c'est bien qu'un marin soit aussi reconnu pour ça, c'est bien pour le monde de la voile et de la course au large. Ça me fait évidemment plaisir et j'espère surtout le mériter longtemps. Avant de débuter sur Groupama 4, vous participez le 7 mai au Tour de Belle-Ile, pour gagner encore ? J'y vais sur Groupama 70, le bateau d'entraînement, mais aussi pour faire naviguer des enfants hospitalisés sur le bateau la veille et le matin de la course. On sera une moitié d'équipage de la Volvo, car on n'a pas le droit d'avoir l'équipage complet sur le bateau d'entraînement. Ce sera surtout une belle fête avec beaucoup de voiliers complètement différents les uns des autres sur la même ligne de départ (plus de 400, ndlr).