Suicide d’un prêtre à Rouen : "le père Sèbe m'a avoué une conduite inconvenante"

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avec Pierre Herbulot, à Rouen, et AFP , modifié à
Deux jours après le suicide d'un prêtre à Rouen, l'archevêque a raconté que celui-ci avait fait l'objet d'une dénonciation de la part d'une femme, l'accusant d'agression sexuelle sur sa fille majeure. 

Après le suicide d’un prêtre accusé d’agression sexuelle mardi à Rouen, les enquêteurs tentent de "reconstituer le puzzle", a fait savoir le parquet jeudi. Le Père Jean-Baptiste Sèbe s’est donné la mort, à l’âge de 38 ans, dans les combles de son église Saint-Jean XXIII, au lendemain d’une convocation par l’archevêque de Rouen.

Accusé d’agression sexuelle. Monseigneur Dominique Lebrun a remonté le fil des événements jeudi, au cours d’une conférence de presse qu'il voulait transparente. Le visage grave, il a raconté qu’une femme était venue se plaindre auprès de lui la semaine dernière de "comportements indécents" et d’"agression sexuelle" à l’encontre de sa fille, majeure au moment des faits, par le père Sèbe. Les faits supposés remonteraient à deux ou trois ans.

Il avoue avoir fauté. Suite à cette dénonciation, le prêtre a été convoqué lundi matin au diocèse. Et à l'évocation du nom de la victime présumée, "le père Jean-Baptiste Sèbe m'a avoué une conduite inconvenante à l'égard de (cette) jeune fille", a rapporté l’archevêque jeudi. Mais cette conduite relèverait plus d’une "imprudence" et d'une "faute morale en tant que prêtre" qui a fait vœu de célibat, que d’une faute pénalement responsable, a-t-il ajouté.

"Nous avons échangé et convenu ensemble qu'il s'agissait d'imprudence dans la relation avec cette femme, comme cela arrive à un certain nombre d'hommes ou de femmes" a-t-il poursuivi, indiquant "qu'il n'y avait pas eu, par la suite, d'autres rencontres avec cette fille". "Moi aussi il m'arrive de mentir, moi aussi, parfois je désire la femme d'autrui. Je suis archevêque de Rouen mais je ne suis qu'un homme", a ajouté l'archevêque. Mgr Dominique Lebrun n'a pas souhaité donner plus de précisions sur les faits incriminés, précisant vouloir rester "dans une réserve sur la description des gestes". Il a toutefois affirmé "que ça peut être une agression sexuelle".

Enquête préliminaire pour agression sexuelle. Interrogé pour savoir s'il avait saisi l'autorité judiciaire après avoir recueilli les aveux du prêtre, Mgr Lebrun a répondu que la victime présumée est "une majeure. Il n'y avait pas d'obligation de signalement". "Le vicaire général avait invité la plaignante à porter plainte si elle considérait que c'était une agression", a-t-il ajouté, ce qu'elle n'a pas fait. Jeudi, les enquêteurs sont parvenus à identifier la mère et sa fille. "Elles vont être auditionnées sous peu", a fait savoir Étienne Thieffry, procureur de la République adjoint à Rouen. Une enquête préliminaire du chef d'agression sexuelle a été ouverte.

Une deuxième enquête, pour recherche des causes de la mort du prêtre, a été ouverte, même si à ce stade, a indiqué Étienne Thieffry, "rien ne laisse à penser qu'il y a eu l'intervention d'un tiers dans la mort du prêtre".