Suicide du maire de Marvejols : "il a perdu la face"

La mairie de Marvejols.
La mairie de Marvejols. © Capture d'écran Google Maps
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Benjamin Peter avec CB , modifié à
Les habitants sont sous le choc après le suicide de Jean Roujon, l’ex-maire de cette commune de Lozère au bord du défaut de paiement.

Accusé d'avoir plongé sa commune dans le rouge, l'ancien maire de Marvejols, dans le Gévaudan, a mis fin à ses jours. Jean Roujon, depuis 19 ans à la tête de Marvejols, n’aurait pas supporté le poids du soupçon. La nouvelle équipe municipale a en effet révélé la semaine dernière à ses administrés la dette de 13 millions d'euros qui touche la deuxième ville de Lozère, où Europe 1 s’est rendu.

"On aurait pu éviter ça". Pour beaucoup, l’émotion est trop forte. "Monsieur le maire", comme certains l’appelaient encore, était l’héritier d’une dynastie qui a donné trois maires à la commune. Lui-même était en poste depuis 1995, avant de se retirer l’an dernier. Si bien que tout le monde le connaissait dans la commune. "C’est douloureux, c’est très triste", lâche une habitante. "C’est dommage d’en être arrivé là. Quelqu’un à bout, à ce point-là, on aurait pu éviter ça, il me semble", estime une autre habitante de cette commune de 5.000 âmes.

"Rongé par l’angoisse et la culpabilité". Des investissements hasardeux, des comptes maquillés, des emprunts contractés pour rembourser d’autres emprunts, semblent avoir abouti à ces 13 millions d’euros de dettes. Pour Martine, cette situation financière catastrophique était probablement devenue trop lourde à porter. "Il a été dans le déni pendant fort longtemps. Je pense qu’il était rongé par l’angoisse et la culpabilité. Il ne pouvait plus vivre, il avait perdu la face", analyse-t-elle.

"Facile de taper toujours sur le même". Mais ils sont aussi nombreux à dénoncer l’acharnement dont a été victime Jean Rougeon. Pour William, l’ancien maire est un bouc émissaire. "C’est un peu facile de taper toujours sur le même. Un conseil municipal est constitué de plusieurs éléments. Je ne pense pas qu’il a pris des décisions seul. Il a servi de fusible politiquement", réagit-il avec amertume.

Une enquête ouverte. Avant de se suicider, l’ancien maire a laissé deux lettres pour clamer qu’il n’y avait jamais eu d’enrichissement personnel. La chambre régionale des comptes a ouvert une enquête pour savoir comment cette commune a pu en arriver à une telle situation de dette, sans que personne ne donne l’alerte.