Service national universel : la Fage dénonce "un projet paternaliste"

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Romain David , modifié à
Pour Orlane François, porte-parole du premier syndicat étudiant, le service national universel, qui pourrait être testé dès le mois de juin, ne pourra pas s’attaquer efficacement aux problèmes de mixité sociale.
INTERVIEW

Les premières expérimentations devraient avoir lieu dès l'an prochain. "Mon objectif, c'est que les premiers jeunes fassent leur service national universel (SNU, ndlr) dès juin 2019", a déclaré Gabriel Attal, le secrétaire d'État auprès de Jean-Michel Blanquer, dans un entretien au Parisien publié lundi. Il s'agit de la mise en application d'une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, celle de rétablir "un service militaire obligatoire et universel d'un mois". Cette mesure, dont Europe 1 vous révélait les grandes lignes lundi, pourrait concerner chaque année 800.000 jeunes de 16 à 18 ans. Mais elle est loin d'obtenir l'assentiment de l'ensemble des organisations jeunesse. "Ce qui est proposé dans le SNU, c'est un projet paternaliste qui fait des jeunes les plus grands responsables des maux de la société", s'agace ainsi au micro de Matthieu Belliard, sur Europe 1, Orlane François, présidente de la Fage, le premier syndicat étudiant.

Une dépense "faramineuse". "On partage les objectifs qui disent qu'il faut recréer de la mixité sociale, qu'il faut sensibiliser les jeunes, parler de citoyenneté avec eux, mais pas comme ça, pas sur ce dispositif obligatoire d'un mois qui, pour nous, ne résoudra rien", détaille cette syndicaliste. "Les questions de citoyenneté et de mixité sont un projet de société et ça doit se faire tout au long d'un parcours de vie", estime-t-elle, tout en pointant le coût d'une telle mesure. Les premières estimations font en effet état de trois milliards d'euros sur la première année, puis d'un rythme de dépense d'environ 1,5 milliard d'euros par année. "C'est une somme faramineuse", alerte-t-elle.

 

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Recentrer les financements sur l'éducation. "Aujourd'hui, c'est un peu inquiétant quand on demande depuis des années un financement supplémentaire sur l'enseignement supérieur et les systèmes éducatifs, qui sont au cœur des questions de mixité et de sensibilisation à la citoyenneté", veut rappeler Orlane François. "On a des diminutions de postes, on sous-finance le monde associatif, qui est un lieu d'engagement pour les jeunes, on supprime les contrats-aidés qui étaient la ressource nécessaire pour faire fonctionner une association, on sous-finance le monde du sport", énumère-t-elle.

Deux semaines de vie collective. Le SNU pourrait être divisé en deux phases. La première, dite "de cohésion", obligatoire et d'une durée d'un mois maximum vers l'âge de 16 ans, comprendra notamment une "intégration" de 15 jours en hébergement collectif. La seconde phase, facultative, permettra au jeune de prolonger l'expérience pour une durée de trois à douze mois, avec un engagement dans un domaine tel que l'aide à la personne ou l'environnement. "Deux semaines ensemble ne résoudront rien rien. Deux semaines dans la vie d'un jeune, c'est quoi ?", interroge Orlane François. "Le problème de la mixité sociale doit se résoudre, mais autrement", concède-t-elle. Et d'ajouter : "Il n'y a pas que l'école qui doit prendre ça sur ses épaules."