Rapport sur l'islamisme : son auteur Hakim El Karoui dénonce "la coalition des immobilismes"

Hakim El Karoui défend ses propositions dans le "Journal du dimanche".
Hakim El Karoui défend ses propositions dans le "Journal du dimanche". © ERIC PIERMONT / AFP
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Dans le "Journal du dimanche", l'auteur du rapport "La Fabrique de l'islamisme" défend ses propositions, dont certaines ont fait polémique, notamment à droite. 

Salué par le gouvernement, son rapport dévoilé en exclusivité par Europe 1 a tout de même créé la polémique, notamment à droite et à l'extrême droite, mais également chez une partie des responsables du culte musulman. Auteur du rapport "La fabrique de l'islamisme", publié lundi par l'Institut Montaigne, Hakim El Karoui y ébauche plusieurs propositions chocs pour réformer la deuxième religion de France. Dans les colonnes du Journal du dimanche, l'essayiste défend les pistes évoquées par le rapport, et adresse un satisfecit à Emmanuel Macron, "qui sait parfaitement ce qu'il se passe" concernant "la montée de l'islamisme". 

Hakim El Karoui dénonce un système actuel "qui organise la mise sous tutelle des musulmans, avec trois États étrangers, la Turquie, le Maroc et l'Algérie, qui donnent de l'argent et importent leurs conflits bilatéraux". Et rappelle la nécessité de lutter contre l'islamisme "avec les musulmans, pas contre eux". 

"Il faut faire le ménage dans la circulation de l'argent". Revenant sur les nombreuses attaques dont son rapport a été l'objet, l'ancien conseiller de Jean-Pierre Raffarin à Matignon dénonce la "coalition des immobilismes". Sur sa proposition de "Tracfin islamique", sorte de tour de contrôle des dons et des flux financiers, en référence à la structure pilotée par Bercy pour lutter contre la fraude, le blanchiment d'argent, et le financement du terrorisme, Hakim El Karoui l'assure : "Nous n'avons jamais proposé de 'Tracfin islamique' géré par Bercy."

"Ce que je dis", ajoute-t-il, "c'est qu'il faut faire le ménage dans la circulation de l'argent. Qui doit le faire ? Les musulmans et la future Association musulmane pour l'islam de France (AMIF) qui fera des audits des associations qui gèrent des mosquées, des agences de voyage spécialisées dans les pèlerinages ou des distributeurs de nourriture halal". 

Sur l'arabe à l'école, "l'extrême droite et la droite jouent la peur identitaire". Alors que le rapport veut relancer l'apprentissage de l'arabe à l'école, cette dernière proposition a provoqué de nombreuses réactions indignées, notamment à droite et à l'extrême droite. Sur Europe 1, le philosophe et ancien ministre de l'Éducation nationale Luc Ferry a estimé mardi que c'était "une fausse bonne idée", et alerté sur un risque de "faire entrer l'islamisme dans l'Éducation nationale". 

"L'extrême droite et la droite qui jouent la peur identitaire sont les alliés objectifs de ceux qui veulent que rien ne change", répond Hakim El Karoui dans le JDD. Avant d'ajouter : "Aujourd'hui, 50.000 élèves apprennent l'arabe à l'école primaire, mais moins de 9.000 au collège et au lycée. Où poursuivent-ils leurs études d'arabe ? À la mosquée. Entre l'école et la mosquée, je préfère l'école, au contraire de Luc Ferry et de la droite identitaire. Jules Ferry doit se retourner dans sa tombe."

Rappelant avoir fait des propositions à deux présidents en exercice, François Hollande et Emmanuel Macron, Hakim El Karoui note une différence chez l'actuel chef de l'État. "François Hollande, c'était clair : ça ne l’intéressait pas. Parce qu'il déniait à toute religion un rôle dans la société", tacle-t-il. "Avec Emmanuel Macron, c'est différent. Il a compris que le sujet politique n'était pas la représentation, mais la montée de l'islamisme. Il sait parfaitement ce qu'il se passe. Il n'est pas naïf."