Procès Séréna : la mère de l'enfant "du coffre" condamnée à cinq ans de prison dont trois avec sursis

La mère de Séréna a caché et élevé sa fille pendant deux ans dans le coffre d'une voiture.
La mère de Séréna a caché et élevé sa fille pendant deux ans dans le coffre d'une voiture. © GEORGES GOBET / AFP
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avec AFP , modifié à
Rosa Maria Da Cruz, la mère de Séréna, qu'elle a élevée et cachée pendant deux ans dans un coffre de voiture, a été condamnée vendredi à deux ans de prison ferme. 

Une peine de cinq ans de prison, dont trois avec sursis, a été prononcée vendredi par la Cour d'assises de la Corrèze à l'encontre de la mère de Séréna, l'enfant dissimulée pendant deux ans, découverte en 2013 dans un coffre de voiture, et objet de privations ayant entraîné des handicaps irréversibles. Un mandat de dépôt a été prononcé contre Rosa Maria Da Cruz, 50 ans, qui comparaissait libre et a également été condamnée à un suivi socio-judiciaire de cinq ans, avec injonction de soins, a précisé son avocate Me Chrystèle Chassagne-Delpech.

Une possible libération conditionnelle. La quinquagénaire sera incarcérée vendredi soir à la maison d'arrêt de Limoges. Le président de la cour a indiqué que la peine était "aménageable" et qu'elle pourrait solliciter le juge d'application des peines en vue d'un aménagement de peine et, de ce fait, d'une éventuelle libération conditionnelle. La déchéance totale d'autorité parentale sur Séréna, requise par le parquet, a été confirmée lors de l'audience sur les intérêts civils, ce qui rend possible l'adoption de la fillette par sa famille d'accueil, si le père donne son accord. Rosa Maria Da Cruz a dix jours pour faire appel de sa condamnation. Une peine de huit ans de prison avait été requise contre cette mère de trois autres enfants. La défense avait plaidé l'acquittement.

"Ce procès n'est pas le procès du déni de grossesse".  Un peu plus tôt dans la journée, après la plaidoirie de la défense, Rosa Maria Da Cruz avait déclaré d'une voix faible et lasse : "Je voudrais demander pardon à Séréna pour tout le mal que je lui ai fait". "Je me rends compte que je lui en ai fait beaucoup, et que je ne reverrai plus jamais ma petite fille". "Ce procès n'est pas le procès du déni de grossesse", avait d'emblée affirmé l'avocat général Olivier Kern, à propos de la thèse plaidée par la défense et qui a dominé les cinq jours de procès. "Ce procès est celui de la dissimulation", une dissimulation "responsable de la privation de soins et d'aliments, et des violences engagées", a poursuivi Me Kern, en énumérant : isolement, privations sensorielles, de stimuli, absence de contact extérieur, confinement au silence... Le "manque de tout". 

"On ne saura jamais". Rosa Maria Da Cruz était passible d'un maximum de 20 ans de réclusion, dans une affaire jugée aux assises en raison du caractère "permanent" des séquelles de Séréna. Ce "déficit fonctionnel à 80%", un "syndrome autistique vraisemblablement irréversible", est lié "sans ambiguïté" aux conditions de ses 23 premiers mois de vie, selon les expertises. "On ne saura jamais pourquoi", ont dû convenir accusation et défense, tant les leviers profonds de l'accusée sont restés impénétrables tout au long du procès. Même si des pistes sont apparues du côté de traumatismes antérieurs, un premier accouchement très difficile, un deuxième inopiné en 2004 après un déni, déjà. L'avocat général a d'ailleurs demandé à la Cour de tenir compte du "déni de grossesse partiel" dans le cas Séréna, mais a rejeté le concept de "déni d'enfant" une fois Séréna née, une "dissociation psychique" invoquée par la défense.