Avez-vous été tenté de savoir ce que consomme votre enfant sur sa tablette ou son smartphone ? Alors que le temps d’écran des 7-17 ans a bondi de 53% ces deux dernières années selon une étude Ipsos, conséquence de la crise sanitaire, les parents ont aussi considérablement accru leur vigilance à l’aide de logiciels espions. En effet, l’étude constate aussi une progression de 70% de cette technique. 41% des parents ont même déjà eu recours à ce type de logiciel.
Une pratique que le psychiatre Serge Tisseron conseille d’éviter. Sur Europe 1, il explique : "Le problème c’est que les enfants finissent toujours par s’en douter. Ils font tout pour brouiller les pistes. Ils apprennent à devenir sournois, cachotiers. Ils peuvent utiliser le téléphone d’un copain par exemple." Selon lui, ces comportements sont très nuisibles au sein du foyer : "C’est la ruine de la confiance. Et si elle est altérée dans le domaine de la consommation des écrans, elle va l’être dans beaucoup d’autres domaines."
Un frein au dialogue entre les parents et les enfants
L’utilisation des logiciels espions est aussi un frein au dialogue. Pouvoir communiquer après avoir espionné est très délicat pour Serge Tisseron. "Il m’est arrivé une fois de recevoir des parents qui avaient trouvé que leur enfant fréquentait des sites homosexuels. Comment voulez-vous qu’ils puissent aborder le sujet avec lui ? Dire qu’ils l’avaient espionné, cela n’était pas possible. Mais vivre avec lui en sachant ce qu’ils avaient appris et sans pouvoir lui en parler, c’est tout aussi difficile", raconte-t-il.
"Dans le domaine de la relation aux écrans, l’enfant a besoin de pouvoir s’appuyer sur ses parents, de savoir qu’ils sont compétents et de bonne volonté", précise le psychiatre. "Cette confiance doit pouvoir tenir. Le logiciel espion est une tentation dont il faut se garder. Il crée beaucoup plus de problèmes qu’il n’en résout", conclut-il.