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Céline Géraud avec Gauthier Delomez , modifié à
Une étude Ipsos révèle que le temps passé sur les smartphones ou les tablettes a augmenté chez les plus jeunes depuis le début de la crise sanitaire. Un phénomène déjà existant qui s'est amplifié, et qui reste alarmant selon le psychiatre Serge Tisseron. Sur Europe 1, il formule ses préconisations pour limiter le temps numérique.

C'est l'une des conséquences marquantes de la crise sanitaire. Une étude Ipsos révèle que plus de la moitié des jeunes ont augmenté leur temps consacré aux écrans (tablettes, smartphones) depuis l'apparition du Covid-19. Un phénomène amplifié par la crise et qui reste "inquiétant" selon le psychiatre Serge Tisseron dans l'émission Europe Midi. "Le dessaisissement ou l'ignorance des parents" est dans le viseur du spécialiste des enjeux liés à l'image et aux nouvelles technologies. "Un premier appareil mobile en CM2, c'est beaucoup trop tôt", estime le psychiatre au micro d'Émilie Dez.

Pourquoi l'espionnage numérique est une fausse bonne idée

L'étude d'Ipsos, réalisée en 2021, indique qu'un enfant reçoit son premier appareil à 10 ans et demi, soit en CM2, et que 43% des 0-2 ans utilisent internet. Autre élément alarmant : la différence entre la perception du temps passé sur les écrans entre les parents et leurs progénitures. Par exemple, les 7-10 ans passent en moyenne 1h26 par jour à surfer sur les outils numériques. C'est trois fois plus que le temps estimé par les parents (37 minutes). "Cela montre que la surveillance parentale est peu efficace", affirme Serge Tisseron, qui se montre défavorable à l'utilisation de logiciels d'espionnage, comme le font 41% des parents : "C'est la pire des choses, ça casse la confiance."

Pour réguler ce temps d'écran, le psychiatre spécialiste des enjeux numériques prône qu'il faut "accompagner les enfants et alterner les activités. Tout cela nécessite d'avoir une atmosphère de confiance". Serge Tisseron explique également qu'il ne faut pas accuser les parents : "Les écrans sont faits pour qu'on y passe toujours plus de temps, qu'on y apporte toujours plus de données personnelles (...) et pour y acheter des choses. Ça ne relève pas de l'éducation des parents, mais plutôt des barrières que l'État et l'Europe doivent mettre contre ces machines."

Qu'est-ce que le "contrat familial", préconisé par Serge Tisseron ?

Face à ce phénomène, Serge Tisseron préconise le "contrat familial". "Il faut dire à l'enfant que lorsqu'il aura un smartphone, il fera comme ses parents, c'est-à-dire ne jamais l'utiliser pendant les repas ensemble, ne pas l'emmener dans sa chambre la nuit." Ce dernier exemple est parfois difficile à respecter du côté des parents, qui préfèrent se réveiller avec leur téléphone, et montrent du coup une mauvaise habitude à leurs enfants. C'est pourtant indispensable pour protéger le temps de sommeil des plus jeunes, et éviter qu'ils ne surfent sur leur smartphone toute la nuit.

Serge Tisseron propose également de poser son téléphone dans un coin du salon, ou établir un "couvre-feu numérique". "On apprend bien que par l'exemple, et si les parents veulent bien éduquer leurs enfants, cela passe par le bon usage des outils numériques", poursuit le psychiatre sur Europe 1. La surexposition aux écrans peut causer des maux de tête, des difficultés d'endormissement, des troubles de la sociabilisation ou la sédentarité. L'OMS plaide pour moins d'une heure de télévision par jour pour les moins de 5 ans.