Plan de "sécurité sexuelle" : "Il y a des angles morts incroyables" pour Caroline de Haas

Caroline de Haas 1280
© Europe 1
  • Copié
R.Da. , modifié à
La militante féministe Caroline de Haas, invitée vendredi d'Europe 1, s’est montrée peu satisfaite des mesures dévoilées par "L'Opinion" quant au plan de lutte du gouvernement contre le harcèlement et les violences sexuelles.
INTERVIEW

Emmanuel Macron présentera samedi, à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes, son grand plan de "sécurité sexuelle" contre le harcèlement et les violences sexuelles. Dès jeudi, L'Opinion a révélé les principales mesures de ce dispositif : outre le lancement d'une campagne de communication, le chef de l'Etat devrait se prononcer pour la généralisation de la pré-plainte en ligne, comme le défend aussi la ministre de la Justice. "Je ne peux pas croire un seul instant que ce qui a été dévoilé par L'Opinion soit le plan du président de la République, ou alors il n'a rien compris", a réagi au micro d'Europe 1 vendredi la militantes féministe Caroline de Haas. "Il y a des angles morts incroyables", déplore-t-elle. 

Le monde professionnel. "Le premier, c'est le travail. On ne parle pas du tout des violences faites aux femmes au travail. Il y a 20% des femmes qui ont subi du harcèlement sexuel sur leur lieu de travail. On a l'impression que ça n'existe pas dans l'univers d'Emmanuel Macron alors que les entreprises, le monde du travail, ça fait partie de son ADN politique", pointe-t-elle.

Une manipulation des chiffres ? Second "angle mort" pour la féministe : la formation des professionnels. "Tous les rapports, tous les chercheurs et les experts disent que le meilleur moyen d'en finir avec les violences c'est de former les professionnels : médecins, gendarmes, avocates, avocats, magistrats, magistrates, etc.", liste Caroline de Haas. Mais alors que la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof) assure avoir formé 400.000 professionnels sur ces questions en trois ans, la militante féministe dénonce une manipulation des chiffres. "On s'est renseigné. Ce chiffre de 400.000 correspond aux clics de téléchargement d'un kit de formation", relève-t-elle.

 

"C'est une blague, une vaste blague, on a besoin d'une formation réelle. Dans mon travail, je fais des formations de professionnels à la lutte contre les violences : c'est au moins quatre jours pour prendre conscience de ce que recoupent les violences et apprendre à réagir", explique celle qui est aussi la directrice associée du groupe Egalis, réunissant des entreprises dont l'activité se consacre à l'égalité homme-femme.

Une campagne de mobilisation. Par ailleurs, dès vendredi, une campagne d'interpellation sur le harcèlement et les violences est diffusée à partir de 6 heures sur les réseaux sociaux via le mot-dièse #SoyezAuRdv ("Soyez au rendez-vous"). À l'origine de cette initiative, cinq femmes, dont Caroline de Haas, qui ont récemment lancé plusieurs pétitions en ligne recueillant en cumulé près de 700.000 signatures. Pour appuyer leur démarche, des rassemblements sont prévus place de la République à Paris à 11 heures et 18h30.

"Il y aura des femmes et des hommes qui vont exprimer cette attente vis-à-vis du président de la République", détaille Caroline de Haas. Des rassemblements dont les participants s’allongeront par terre et, "toutes les 55 secondes, quelqu'un se lèvera et adressera au président de la République l'une de nos revendications, de nos demandes." Pourquoi toutes les 55 secondes ? "Parce que c'est le rythme des agressions sexuelles en France, en 2017. Toutes les 55 secondes, en France, une femme est victime d'une agression sexuelle", explique Caroline de Haas qui appelle Emmanuel Macron à "engager la France vers la sortie des violences".