Sexisme et violences : ce que contient le plan de "sécurité sexuelle" d'Emmanuel Macron

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© PHILIPPE WOJAZER / POOL / AFP
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Eve Roger, Théophile Cossa et Romain David
Le président de la République lancera samedi la grande cause de son quinquennat : la lutte pour l'égalité femme-homme. En écho à l’actualité, la question du harcèlement et des violences faites aux femmes devrait y occuper une place privilégiée.

Ils seront deux cents invités triés sur le volet à participer samedi, journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, au lancement de la grande cause officielle du quinquennat : l'égalité femme-homme. Le candidat Emmanuel Macron l'avait promis pendant sa campagne, dès la présentation de son programme : "Il y a une cause nationale que je porterai, qui est l'égalité entre les hommes et les femmes". Mais l'actualité des dernières semaines aura peut être poussé le président à revoir sa copie. Alors que l'affaire Weinstein a libéré la parole de nombreuses victimes de harcèlement et de violences sexuelles ces dernières semaines, y compris en France, l'intervention du chef de l'Etat samedi devrait se concentrer tout particulièrement sur ces deux sujets, à travers la présentation d'un grand plan "de sécurité sexuelle", comme le révèle L'Opinion dans son édition de jeudi.

L'objectif de l'exécutif est clair : ancrer dans les mentalités la dimension répréhensible de certains comportements. "Rouler trop vite ou harceler une femme dans la rue, c'est pareil", souffle un proche du chef de l'Etat, cité par le quotidien. L'Elysée promet ainsi "tout une batterie d'actions préventives et répressives".

Changer les mentalités. Concernant le volet préventif, le gouvernement entend notamment s'inspirer de ce qui a été fait en matière de sécurité routière depuis 2002, lorsque Jacques Chirac avait fait de cette problématique l'un des grands chantiers de son second mandat. L'Opinion évoque ainsi des spots télévisés sur les violences sexistes et sexuelles dans l'esprit des clips choc sur les dangers de la route. Une campagne de mobilisation dans les collèges autour de la pornographie et du cyber-harcèlement serait également à l'étude.

Muscler la réponse judiciaire. Sur un plan judiciaire, les mesures envisagées doivent faciliter la libération de la parole. "Sur le harcèlement, ce qui me frappe, ce qui ajoute de la blessure à la blessure, c'est le silence, le tabou", avait souligné Emmanuel Macron lors de son entretien télévisé du 15 octobre. Ainsi, il devrait se prononcer pour l'élargissement de la pré-plainte sur Internet aux cas d'agression, ce dispositif étant pour l'heure limité à l'atteinte aux biens (vols, dégradations, etc). Cette hypothèse avait déjà été évoquée par Nicole Belloubet, la garde des Sceaux, sur RTL : "La victime est chez elle, elle pourrait, sans avoir la nécessité de faire la démarche d'aller au commissariat, déposer une pré-plainte en ligne qui serait ensuite suivie."

Dans les tuyaux également, la création d'une contravention pour "outrage sexiste" à destination des hommes coupables de harcèlement de rue, l'allongement du délai de prescription pour les crimes sexuels sur mineurs et l'instauration d'un âge de présomption de non-consentement. Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les femmes et les hommes, avait évoqué un seuil entre "13 et 15" ans sur BFM TV.

Se donner les moyens d'agir. La secrétaire d'Etat aura aussi à charge de porter l'épineuse question de l'accompagnement des victimes. Les associations féministes, débordées par les appels, réclament davantage de fond. En juillet, Marlène Schiappa avait dû éteindre auprès de ces dernières la polémique sur une éventuelle coupe de 7,5 millions d'euros de l'enveloppe allouée aux droits des femmes.

"On attend avec impatience le détail des mesures et notamment le détail des moyens qui seront employés", relève jeudi auprès d'Europe 1 Raphaëlle Remy-Leleu, porte-parole d'Osez le féminisme. "Un plan pour lutter contre les violences masculines et les violences sexuelles commises contre les femmes, ça doit être accompagné de moyens. Il va falloir être à la hauteur. Ça fait beaucoup trop longtemps que l'on attend. S'il n'y a que l'aspect préventif et communication, il y aura un rendez-vous loupé, une responsabilité qui n'aura pas été prise", pointe-t-elle. "Il y a de vraies urgences dans la prise en charge, dans le soin. C'est en progressant sur cet aspect-là que la France sera à la hauteur de ses engagements sur l'égalité femme-homme", conclut-elle.